L\\\'Enfant qui venait du futur

Lisbeth. Mercredi 14/09/2011. Tout ça m’énerve…

 

 

 

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            Un message sur mon répondeur d’un certain Jacques Sanders, me dit avoir des nouvelles de Thomas et de Lister qui dirige la cellule de gestion de la Ville Bulle. C’est daté de 3012… Je pense que c’est une blague de Fred, ou d’un lecteur du Blog. Je ne cherche pas plus loin.

                       

Je ne sais pas pourquoi, depuis ce matin, je suis sur les nerfs…. De repenser à tout ce que j’ai vécu dans ce monde de retardataires cruels, violents et illogiques, ressassant toujours les mêmes rengaines, cela me met en rogne. J’ai envie d’engueuler tout le monde, de mettre le feu,    de chanter la carmagnole.

 

          Cette fois-ci, c’est Frank qui essaye de me calmer. Il me dit de remplacer « Révolution » par « Evolution ». Il n’a pas tord, quoique je n’aime pas parler de révolution. On dirait que renverser  le système suffirait à résoudre tous les problèmes. Or le mot n’est pas seulement démolir, c’est surtout éradiquer. Et pour cela être capable d’évoluer soi-même. Il faudrait un miracle.

                          

          Cela me fait penser à l’histoire de la Mère Casse Burnes. J’avais écrit l’année dernière un livre intitulé « les Contes de l’Impossible ». Dans la préface il était dit :

 

          Tous les jours, il nous arrive des aventures que nous ne voulons,  ou ne pouvons pas maîtriser. Serait-ce une raison pour les nier ?

 

          En partant du principe que :  « N’est pas vrai ce qui est vrai, est vrai ce que l’on croit », tant d’histoires impossibles ne peuvent-elles devenir réelles ?

 

          Ne jugeons pas. Un regard qui juge est un regard qui tue.

 

          Révoltons-nous contre cet apartheid de la pensée unique !

          Faisons exploser les frontières !

          Ouvrons la porte sur les garrigues infinies de la liberté

          Faisons sauter les barrières pour un jeu sans fin d’intenses rigolades !

 

          Ces nouvelles ici relatées, ne sont pas plus incroyables que l’annonce de la naissance d’un mouton à cinq pattes dans les Yvelines. Seul un enfant serait donc capable d’y croire?

 

          Moi qui n’ai jamais perdu l’innocence de mes trois ans....  Et la force immense de créativité qui alors m’enivrait…. Je te propose de venir me rejoindre dans la folie de la fantaisie…. de la poésie et de l’humour.

 

            Une fourmi de dix huit mètres, ça n’existe pas, ça n’existe pas. Et pourquoi pas ?

  OUI,   POURQUOI  PAS ? 

 

LA  MERE  CASSE – BURNES

                                                 

            Vers onze heures, la mère Casse-Burnes a commencé à préparer la panoplie du pique-nique du Dimanche : « Kils de rouge, gras double aux flageolets », plus les bretelles pour tenir le pantalon du père. Mais, brusquement, devant la musette et ses intérieurs, la congestion lui monte aux oreilles ! 

 

           --  Merde, les enculés nous ont refilé du pain rassis, qu’elle s’écrie… ça fait chier, putain  d’ boulanger bidasse. C’est quoi c’ bordel ? Faut lui dire une fois pour toutes, qu’y faut qu’ ça cesse, Bon Dieu ! !

 

          Eva la grande fille, belle qu’elle tient tout le  lit, renifle un bon coup d’appréciation, en essuyant le trop plein de la morve sur sa manchette, déjà assez maculée par la crème dessert surgelé de la veille et de Picard par surcroît.

 

           Mais la Mère Casse – Burnes elle se laisse pas abattre par l’ambiance délétère. Elle taloche un coup au passage, « ça fait du bien », le p’tit dernier couvert de boutons qui, ne sachant plus où donner de la tête, met un doigt dans son nez pour se calmer, essayant, en allant si loin dans sa recherche, de se décrotter le subconscient.

 

           --  Quoi ? Dans ton nez ? P’tit dégueulasse ! Encore  heureux que ce soit pas ailleurs, grommèle la mère surchargée, ployant sous la bourriche d’huîtres de la veille qui commence à tourner de l’œil. Pas la mère, ni la bourriche, mais les bestioles décidées à baver l’eau du bassin d’eau de mer, sur ses épaules.

 

         --  Ce salaud d’ boulange, ce bougnat fermé un jour sur deux… et sa femme toujours en vacances !! Et ça commence à bien faire avec ces étrangers du Massif Central. Nous, on sait pas   c’ que c’est qu’ les RTT. On a juste le dimanche pour le pic nic sur le bord de la rivière, entre la décharge et l’usine à gaz. C’est pas d’ reste. On s’ distrait comme on peut, non ?

 

          Là dessus, on entend un chant d’oiseaux. La journée s’annonce lumineuse, tout à fait presque ensoleillée. Mais faut pas trop s’y fier. Il ne faut se fier à rien en vrai. Si on devait se fier bêtement, au hasard, ce serait trop gravos.

 

           C’est lorsque le facteur a sonné que tout a explosé. Le facteur, c’est Marius Cadenègre. Mais là, y venait pas pour facter. Il était en tenue du Dimanche, avec le marcel, et le falzard mauve tâché, témoin de la débauche de la semaine dernière.

 

           Il venait pas en fonctionnaire, que non. Y venait en concurrent de pêche, et convive de la bouftance du midi dominical. Il apportait comme toujours, la caisse d’apéros et de pinards habituels. Plus son neveu Crotard, ainsi appelé, à cause qu’il le fond de culotte avec de la crotte   de boue, qu’on sait pas bien d’où qu’elle vient.

 

           Voilà-t-y pas que Bouzigue, le chien de Crotard, se prend les pattes dans celles du père,

et tout, mais alors « TOUT », se met à valdinguer tout à coup, comme si qui dirait que toute la baraque était prise de tremblements avant l’explosion nucléaire. Et voilà que la cloison du cagibi

se disloque, on sait pas pourquoi…. bien que ça faisait déjà plusieurs années qu’elle prévenait. Alors, « TOUTE » la collection de tableaux de la mère, faite de photos de vacances encadrées de nouilles gentiment entrelacées de lasagnes et spaghettis composés en classe sous la direction

de Mlle Julie, se répand dans la chambre… la collection, pas Mlle Julie qui, heureusement n’était pas de la partie fine, aujourd’hui.

                                                                                                                                                                       

          On était donc, à ce moment, à mille lieux de l’épisode du pain rassis, vu que ce dernier avait valsé avec les nouilles et les huîtres sur la partie chauve du crane du père effaré, et au bord de la congestion.

 

           --  Oh non ! Pas ça, crie la mère au géniteur de ses enfants. Mon pauvre petit bichon…

Tu es blessé ?

 

           Le mari de la Mère Casse Burnes, dit Jojo la feuille à cause des oreilles, gît en effet par terre, sous Cadenègre et son chien en tenue de dimanche. On parle du facteur, avec son marcel, et non du chien qui n’en a pas aujourd’hui… de marcel.

 

          Dans ce cas d’extrême difficulté, que croyez-vous qu’il va se passer ? Le toit de la cahute

va-t-il s’envoler ? Le neveu de Crottard reçoit-il le dentier de son oncle dans son œil droit ? Le chien s’émascule-t-il sur l’opinel ? Horreur ?!

 

           Et bien non ! Comme dans un ralenti de cinéma, les protagonistes de l’affaire, ceux qui sont les « toujours » vivants, plus les objets inanimés devenus animés, pour une minute, se laissèrent choir, avec élégance sur le tapis, ou ce qui ressemblait vaguement à un tapis qui aurait été tricoté par une handicapée du bulbe. Un silence effrayant se répand dans l’atmosphère. Jusqu’à ce que la Mère Casse Burnes, incrédule, murmure :

 

           --  Cacaboudin ! La caisse de boutanches est même pas cassée et la bourriche n’a pas une encornure ! C’est miracle !

 

           Alors, Eva sortit de la profondeur illimitée de son corsage à fleurs sales, sa médaille de la Vierge. La foule reste silencieuse et médusée, devant la petite lueur divine, sortie du reflet du collier du chien que le métal religieux renvoyait sur l’assistance.

 

            --  Ah ben, souffla la mère, en serrant sa grosse paluche sur les gros doigts de son chéri de Julot…  Il était temps que la fanfreluche de Lourdes rapporte quèque chose… au prix que ça nous a coûté dans le Presbytère ! Tiens, pour fêter ça, je rajoute sur la brouette, le litron de calva. Et on dira pas qu’on est pas croyants !!

 

             Enfin soulagé, le petit dernier, de son prénom Agatropoulo, en souvenir d’un arrière

grand-père venu de Grèce pour s’engager dans la Légion Etrangère, lâcha un pet monstrueux,

qui soulagea toute la compagnie, par personne interposée.

 

            Les rires bondissants de l’assistance en liesse, se firent entendre par dessus la décharge, jusqu’au bord de la rivière et les pêcheurs, heureux de savoir que le groupe de retardataires n’allait pas tarder à arriver, se remirent à compter les asticots.

 

           Une conclusion s’impose. Il ne faut jamais croire que tout est perdu lorsque le sort s’acharne sur nous. Un miracle, même si l’on n’y croit qu’à moitié, peut toujours arriver sans crier gare, alors qu’on ne s’y attend pas.

 

            Même la Mère Casse Burnes sait le reconnaître.

 

            Alors pourquoi pas moi, Lisbeth appelée Bess ou Bessie dans mon enfance ?

 



14/09/2011
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