L\\\'Enfant qui venait du futur

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Gérard Delpierre. Washington. Mercredi.2 septembre 2009 9 h. du matin.

Gérard Delpierre. Washington. Mercredi. 2 Septembre 2009 9 h. du matin.

 

Confortablement installé avec Maggy sur le divan, Gérard s’entretenait ce matin-là, avec Stéphane, son père. Le couple était arrivé lundi à Washington, tard dans la soirée,. Ils avaient été reçus par les gardiens Fantani. Rompus, harassés, leur nuit de sommeil avait été très courte. De bonne heure le mardi, Gérard avait appelé son père à l’ambassade de France, le priant de venir le voir dans la matinée du mercredi. Il lui promettait des révélations fracassantes.

Delpierre avait une confiance absolue en son ambassadeur de père. Bien que se voyant rarement, ils étaient très liés. Il lui fit un résumé très précis de leur aventure Africaine, lui racontant par le menu, leur démarche en Norvège, et la conversation interceptée de Lecce.

Passible, les yeux mi-clos, Stéphane les écouta sans les interrompre un seul instant. Il ne manifesta pas le moindre étonnement. Mais Gérard qui le connaissait parfaitement bien, savait pertinemment, que son père n’en perdait pas une miette.

Finalement celui-ci, posa délicatement sa tasse de café sur la table. Malgré de nombreuses années passées loin de la France, il avait gardé le souvenir du savoir vivre à la Française. Sa femme Margaret, Américaine pure souche, rencontré au Caire, était elle aussi folle dingue de la France et de tout ce qu’elle pouvait représenter. Cela expliquait leur façon de vivre frenchi et l’éducation donnée à leur fils.

-- Je crois avoir bien compris la situation. Suite à cette conversation surprise à Lecce et corroborée par votre découverte de Franceville, vous supposez qu’un groupe de pays, au nombre de neuf semble-t-il, se sont alliés afin de construire un centre de grande envergure. Le projet «OGM», porterait sur des plants de culture, et même sur des cellules embryonnaires ?

-- Mais vous n’êtes pas sans savoir que ce genre d’activité est légal?

Il existe en France plusieurs centres de l’INRA, à Tours et à Poitiers entre autres. Ils y conservent des cellules de moutons mérinos et de cochons. Il y a même eu, quelque part en France, un cas de cellule humaine congelée par cette technique. La donneuse de l’ovocyte se l’est fait réimplanter. Et elle a pu donner naissance à une fille. Bien sûr, aucun média n’en a parlé.

-- La plupart du temps, la confidentialité est de mise. Comme la situation critique de l’alimentation pose à l’heure actuelle un cruel dilemme qui ira en s’intensifiant dans les années à venir, cet excès de précaution laisse à penser que les déductions de votre interlocuteur d’Oslo ne sont pas dénuées de fondements.

-- Il se pourrait effectivement, que nous soyons en présence de cellules humaines stockées en vue de clonage ultérieur. Cette histoire, dans ce cas, pourrait tomber sous le coup de la loi bioéthique, si je ne m’abuse !

Si c’est le cas, vous avez très bien fait de vous exfiltrer en catastrophe.

Surtout si, comme vous le supposiez, votre couverture était évincée.

-- D’autre part, l’astuce d’écarter mon homologue lors de votre fuite, était indispensable. De deux choses l’une : Soit il est étranger à l’affaire, mais j’en doute, et il aurait peut-être alors prit la même décision que son secrétaire. Mais ce n’est pas sûr.

-- Soit il est dans cette histoire jusqu’au coup et il aurait pu contacter Paris avant toute initiative, retardant votre départ en attendant des ordres de plus haut. Effectivement, c’était un risque à ne pas courir.

-- Dans un premier temps, je vais tout de suite contacter l’Ambassadeur, diplomatie oblige. J’expliquerai votre départ en catastrophe du Gabon. D’autre part Maggy, je vous conseille de prévenir votre père de son soudain malaise cardiaque. Ce serait plus prudent, au cas très hypothétique, où une vérification serait réclamée en haut lieu, sur la raison de votre départ.

-- C’est déjà fait, Monsieur. Je l’ai avisé dès mon arrivée à Paris, lundi matin.

-- Finalement, il vaudrait peut-être même mieux que ce contrôle ait lieu. Car si votre analyse est correcte, je serai très certainement débriefé, de façon officielle ou non... Ce qui serait la preuve que vos inquiétudes étaient fondées. Que comptez-vous faire dans l’immédiat ?

Maggy reprit la parole.

-- Pour l’instant, je suis confinée au moins jusqu’à la fin de la semaine, dans mon rôle de fille inquiète et protectrice auprès de son père.

Cela permettra à la situation de se confirmer ou non. Ensuite, Gérard et moi prévoyions de nous rendre en Equateur pour une autre affaire.

-- En Equateur ! S’étonna le diplomate. Que se passe-t-il donc en Equateur, qui puisse aiguiser votre curiosité ? Maggy lui raconta par le détail, leurs investigations faites en parallèle aux Etats-Unis et leurs interrogations à ce sujet.

-- Je ne vous promets rien. Mais je vais tenter d’en savoir plus. Il se passe vraiment des choses surprenantes sur cette planète en ce moment. Je dois justement dîner avec un représentant du Congrès en fin de semaine.

C’est un vieil ami et nous ne nous cachons rien. Je vous tiendrai au courant.

Pourtant Maggy, pour plus de sécurité, demandez à votre père de vous procurer une protection discrète. Je suppose que vous restez ensemble Gérard et vous ? Mais on ne sait jamais ! Je préfère prendre les devants.

-- Bien, maintenant sauvez-vous et gardez notre entretien pour vous.

Quant à moi, je file à l’ambassade afin de ne pas attirer plus longtemps l’attention. Prenez soin de vous.

Il était sept heures du matin, à New York, lorsque Gérard reçut, le lendemain de leur rencontre, un appel de son père. Celui-ci lui disait qu’il avait contacté au Gabon, son homologue, pour lui présenter les fameuses excuses d’usage prévues. Ce dernier lui aurait répondu :

-- Je suis profondément désolé de l’incident survenu au père de l’épouse de votre fils, ce qui les a conduits à quitter précipitamment Franceville. J’aurais tant souhaité les réinviter avant leur départ !

Transmettez leurs toutes mes amitiés, ainsi qu’un prompt rétablissement au malade.

Cette fois-ci, Gérard en était sûr. L’ambassadeur était au courant de ce qui se tramait au Gabon. Comment aurait-il su qu’ils étaient à Franceville, alors qu’ils n’avaient pas informé le secrétaire du lieu de leur résidence ?

Serait-ce Guérin lui-même qui l’aurait prévenu ? Mais lors de leur courte conversation, le secrétaire leur avait confirmé qu’il n’y avait pas eu d’autre réception à l’ambassade avant leur départ.

La déduction s’imposait d’elle-même ! L’ambassadeur avait certainement été averti de leur fuite, par des gens du site de Franceville.

Lorsque la sonnerie de son portable le réveilla ce matin-là, dans son appartement de Tribeca à Manhattan ou il se trouvait avec Maggy. C’était le père de celle-ci qui appelait. Ce dernier, tout en lui rapportant l’entretien qu’il avait eu avec son ami du Congrès, compléta ses informations :

-- Patricia, l’amie de Maggy ne vous a pas trompés. Il s’agit bien de la proposition d’une série de lancements en direction du point « L1 ». Par contre, ces envois ont pour but la construction, non pas d’un filtre solaire, mais de celui d’un vaisseau spatial. C’est tout ce que j’ai pu apprendre. Mis à part cela, aucune confirmation ne m’a été demandée au sujet de mon soi-disant malaise.

Delpierre en déduisit que son stratagème fonctionnait. Ce fameux groupe « GF9 », semblait se désintéresser d’eux. Le père de Maggy avait certainement désamorcé leur incertitude, à son sujet, en répandant, au sein de sa profession, le bruit de son soi-disant trouble cardiaque. Gérard décida qu’il était temps pour eux, de s’envoler pour Quito en Equateur.

On pouvait dire qu’officiellement, Monsieur Pullman, le père de Maggy s’était remis de son incident cardiaque. Cette précaution était nécessaire, au cas où il subsisterait quelques doutes, au sein de ce fameux « GF9 ». Il valait donc mieux laisser courir le bruit de son excellente convalescence, avant de repartir pour Quito. C’est ce que Maggy eut l’imprudence d’annoncer abruptement à son paternel, en sautant abruptement sur l’appareil de Gérard.

-- Quoi ?! Partir pour Quito ? S’inquiéta aussitôt le père de Maggy.

-« Vous en avez donc pas assez de vous attirer des ennuis, quel besoin avez-vous d’en chercher d’autres ». Objecta le père de Maggy !

La jeune femme se mit à rire.

—Oh, Daddy, combien de fois m’as-tu dit, quand j’étais petite, que lorsque tout n’est pas fini, rien n’est fini. Ce sont bien là tes propres paroles ? Tu me les as si souvent rabâchée.

-- Mais, ma fille tu vas me rendre fou ! Je vois ce qui me reste à faire !

Cette fois-ci, je vais « vraiment » m’occuper de votre couverture. Je ne  tiens pas du tout, à vous apporter des fleurs dans un cimetière Equatorien… Ou encore vous récupérer dans une prison sud-américaine !

Sa voix était ferme et définitive. Si l’on pouvait à la rigueur, dialoguer avec le père de Gérard, ce qui est relativement normal avec un diplomate, on ne discutait pas avec papa Pullman.


03/05/2011
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