L\\\'Enfant qui venait du futur

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Lisbeth. Jeudi 06/10/2011. Il y a remède ET remède.

 

 

 

 

 

 

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            Pour en revenir aux Professeurs Parsant, je renonçais avec regret, à soigner mes migraines par la « vidéo – gestalt - psychothérapie ». Au sujet de ces maux mystérieux frappant des foules de migraineux, personne ne se risque encore à les comparer à la fabuleuse « l’Hystérie » de Charcot.

 

            Il faut dire que, concernant des millions de malades, le marché est trop juteux.

 

            Question  remèdes, soins, thérapies traditionnelles ou non, je me gavais d’informations de toutes sortes. Et enfin un jour, j’essayais les bagues Pochet.

 

            Son inventeur partait du principe logique, que les poilus de la guerre de 14 s’entourant la taille de fil de fer, pour éviter les douleurs dues à l’humidité des tranchées, donnaient la preuve que la métallothérapie existait avec succès, et ce depuis le début des temps…

 

            Après une période de léger soulagement dû sans doute à l’effet placebo, et au bout de quelques mois, les bagues ne me firent plus rien. Je passais par hasard à la relaxation dirigée : « Votre bras est lourd, très lourd, de plus en plus lourd ». Je voulais y croire dur comme fer.

Mais ma main  se levait toujours jusqu’au coude, jusqu’à l’épaule et sans problème, sans lourdeur !

 

            Puis j’essayais la « naturothérapie ». Cela se fit simplement alors que je venais juste de participer à la création d’une radio locale. Dirigeant en direct la tranche horaire de neuf /onze heures, j’eus la chance pendant plus d’un an, d’interviewer des personnages hors du commun.

                                                                                                                                  

            C’est ainsi que je vis arriver un beau matin, trois barbus qui vivaient au nord de Paris, dans un campement installé pour plus de trois cents personnes. Toutes logées en plein air, dans des sortes de gwams, elles ne mangeaient que des légumes, des graines, et ne se soignaient que par les plantes et cette fameuse « naturopathie »..  

 

            J’ai toujours aimé camper. J’ai toujours essayer de passer mes vacances partout ailleurs que dans des lieux fermés. J’adore dormir la nuit par terre dans un duvet. Mais je ne fais ça que l’été. Les barbus eux,  proposaient des expériences hivernales de survie en forêt. Il s’agissait de nous apprendre à vivre avec les moyens du bord. Je couru m’inscrire pour un stage de trois semaines en pleine saison froide. L’intérêt était pour moi de plonger dans l’aventure, par moins dix degrés. 

                                                                                                                                           

            Je ne fus pas déçue.

     

            Malgré mon habitude de coucher au grand air, les conditions insolites étaient plus rudes et plus surprenantes que je ne le pensais. L’entraînement prévoyait une dizaine de jours dans la Forêt de Fontainebleau et le reste dans le sous-sol d’un immeuble qui regroupait toutes    les activités du siège social.

                                                                                                                                              

            Je débarquais un matin de grand froid, au milieu d’une trentaine de tipis répartis dans la  forêt,   autour d’un monument de toile d’une vingtaine de mètres de haut, étagé sur trois paliers. Cinq tentes en soutenaient trois autres, qui portaient sur leurs vastes échafaudages une ultime toile. Organisé en salle de réunion, l’ensemble imposant pouvait contenir plus de trois cents personnes.

                                                                                                                                    

            Vu de l’intérieur, c’était magique. On aurait cru une cathédrale créée par un architecte de génie. Les voûtes s’entrelaçaient. Une lumière pale suintait au travers des parois de lourd tissu imperméabilisé. De l’extérieur c’était plus impressionnant encore. Entourée d’arbres immenses, prenant sa place dans la nature, la construction respirait l’harmonie. Tout autour des piquets, la foule circulait avec plus ou moins d’agitation.

 

            Nous étions dix sept stagiaires. On nous emmena à notre chambrée. De taille plus modeste,  les habitacles pointus n’accueillaient que vingt cinq personnes chacun. On nous mélangea avec  une dizaine d’habitués. Les lits étaient composés de bas flancs en bois blanc disposés en arrondis. La tête de lit était placée contre la toile, les pieds étaient dirigés vers le centre. Nos places nous attendaient. Quelques maigres couvertures et des sacs à dos désignaient celles des anciens.

 

            Avec un peu de honte devant cette pauvreté, je rangeais mon luxueux sac de couchage prévu pour me tenir chaud par moins quinze en montagne, entre les affaires de deux grands gaillards, frères jumeaux et bretons, ce qui n’est pas incompatible. Puis nous sortîmes à l’appel de la cloche qui indiquait que le rassemblement du soir se faisait dans l’immense tente à trois étages, appelée Grand Quartier.

 

            La soirée débuta par un petit discours de bienvenue, prononcé par quelques barbus, y compris ceux que nous avions interviewé en direct à la radio. Puis quelques chants précédèrent  une présentation des stagiaires, dont moi. Quelques explications détaillées sur les programmes des jours à venir me fascinèrent. Séduite par ce grouillement organisé et aimable, je me sentais prête à tomber amoureuse des trois cents personnes en même temps.

 

             Le lendemain, après une nuit infernale passée à me battre contre une noire et âcre fumée tourbillonnante sortant du feu central entretenu grâce à un fossé venant du dehors, appelé avec poésie le « chemin de l’air », nous sommes partis en forêt. Notre matériel se composait d’un couteau et d’une boite d’allumettes. La cuisson des racines, champignons et châtaignes ramassées sur la route, se ferait donc de façon moderne et non grâce à l’étincelle produite par deux baguettes de bois frottées l’une contre l’autre. Mais n’exagérons rien.

                                                                                                                                  

            Je pensais toutefois, que faire brûler du bois pour cuisiner en pleine futée, n’était pas très raisonnable, ni surtout légal, malgré la légère pluie fine qui se mit  à tomber. Mais à la guerre comme à la guerre.                                              

                                                                                            

            Nous sommes rentrés à pied la nuit suivante. En retrouvant la vie des sédentaires, les pauvres quelques légumes crus, et le peu de riz du dîner, nous parurent un festin. Nous n’avions pratiquement rien mangé pendant ces quarante huit heures, sauf quelques pommes de terre volées dans le champs d’un paysan.

                                                                                                                                             

            Par contre, nous avions reçu de nos guides, de multitudes de renseignements sur la nature, sur un projet de retour au nomadisme, le tout comme au temps des cueillettes. Ou presque. En effet, quoi cueillir à notre époque? Et où.

 

             L’aventure prévue pour le prochain solstice de printemps, se concrétisait par le départ, des cinq cents personnes du camps. Les voyageurs envisageaient de faire le tour du monde à pied. Et les océans me direz-vous ? C’était très simple. Nous ferions, pour les traverser, des radeaux avec n’importe quel matériau et les moyens du bord.

 

            Plus c’est fou, plus j’adore. Mais plus c’est irréalisable, plus je veux savoir comment pouvoir le faire. A force de supplier, je rencontrais donc, le lendemain matin, le chef qui acceptait de me voir. Il voulait aussi me convaincre, afin qu’en tant que journaliste, je rameute des foules de confrères, stagiaires, partenaires et mécènes.

                                                                                                           

            Il y avait tant de gens extraordinaires dans ce lieu, que je voulais comprendre le pourquoi   du comment. Ainsi, je m’accrochais jusqu’au bout. C’est à dire jusqu’à ce mois de Mars, qui vit s’ébranler un matin, à l’aube, le cortège de plus d’un demi millier de personnes, parties pour faire le tour de la Terre « PEDESTREMENT », en se nourrissant de racines et de plantes.

                                                                                                                                  

             Je fis donc, avant ce fameux départ, trois stages ruineux de trois semaines chacun, pendant lesquels les stagiaires ne mangeaient que des graines germées. Par contre, mon duvet de montagne prévu pour résister à une terre gelée « par moins dix »  commençait à  s‘amortir. Les nuits n’étaient pas fameuses. Le froid, la fumée âcre, insistante et surtout dans mes oreilles, les bruits intempestifs des frères bretons qui, collés à mes côtés, niaient ronfler et ce, bien que leurs ronflements aient été soigneusement enregistrés par mon magnétophone.

 

            Les jours étaient de factures inégales et inédites. Les cultures étaient soit disant bio, bien qu’arrosées de fumier humain. Elles étaient vendues au prix fort dans des dizaines de magasins, appartenant tous au groupe.

 

            Un grand restaurant avec cuisines plus ou moins sales, se situait  dans un immeuble de plusieurs étages, dans le 15ème arrondissement de Paris. Le lieu servait également de logement,  dortoirs, réserves, salles polyvalentes prévues pour l’organisations de conférences et séminaires   de réflexion.

 

            A ma grande surprise, je rencontrais là, les savants et penseurs les plus en vue du moment. Et l’ultime minute du départ, arriva enfin. Mais la suite des opérations montra que cet « enfin », n’était pas très optimiste.

                                                                                                                                          

            Deux mois avant ce jour, j’avais choisi de prévenir tous mes confrères journalistes que j’allais partir faire le « début » d’un tour du monde entièrement à pied. J’avais, en effet, l’intention de ne marcher seulement que du camps de base, à Notre Dame. C’était déjà pas si mal.

                                                                        

            Cependant, les renseignements que je quémandais, ne venant  toujours pas, je me décidais   à reconnaître, ce que Fred me serinait depuis quatre mois, que j’étais dans une sorte de secte, ou assimilée, qui utilisait des pauvres gens, souvent venus en France sans papier, pour les faire trimer sous prétexte de nourriture biologique à  promouvoir, naturellement sans les payer et en les nourrissant de graines et d’eau. Je prévins mes interlocuteurs médias qui m’avait écouté jusque là, d’une oreille distraite, que l’histoire sentait mauvais.

                                                                                                                                          

            Immédiatement, la nouvelle les excita. La veille du départ, ils étaient tous là, à filmer comme des fous sous les grands tipis, les préparatifs des cinq cents personnes, en train de chanter  extasiées, se balançant sous les lumières de centaines de bougies.

                                                                                                                                  

            Pendant que la foule psalmodiait avec fièvre, je regardais de biais tous ces gogos marchant tel un seul homme. Dès le lendemain, à l’aube, nous sommes  « partis cinq cents »,  comme dans l’épopée, laissant le campement vide derrière nous.

 

            Six mois plus tard,  ils n’étaient plus qu’une dizaine, mourant de faim du côté de l’Italie.  La belle histoire, le conte dont tout le monde rêve, était terminé. Que pouvais-je faire de plus ?     Je tirais un trait sur cette épopée. Je gardais trois contacts, parmi les témoins de notre aventure commune. Je les ai revus d’abord régulièrement, j’ai concrétisé avec eux, d’autres rencontres, aussi débiles, momentanées, mais inoubliables. Puis nous nous sommes perdus de vue. Classique…

 

            A chaque fois, j’ai appris que les personnes les plus intéressantes, sont celles qui se laissent  séduire par l’irrationnel. Le tout est de le savoir. Cela ne sert à rien, mais c’est assez important de le souligner. Tout n’est pas perdu. Tout n’est jamais complètement perdu. La seule chose à faire est d’essayer d’avancer toujours un peu plus, après chaque déconvenue Sans relâche, j’ai continué à chercher ce que les gens pouvaient arriver à faire et créer, parallèlement aux consignes classiques.

 

            C’est ainsi que par la suite, j’allais suivre les cours d’Histoire de la Parapsychologie de mon cher Professeur Delbec, pour comprendre un peu les folies que les gens s’inventent depuis le début des temps. J’entendis alors parler de transmission de pensée, de poltergeist, de dématérialisation, de métempsycose, de sortie de corps, de « retours et réincarnations». D’ailleurs, en ce qui concerne cette dernière catégorie, les trois quart des individus de la planète, surtout les orientaux, y croient.

 

            Mais moi, je refusais de considérer ces souvenirs de cueillettes  primitives, ces anciennes  images masculines et féminines plutôt  récurrentes, dont le terrible épisode du moyen – âge qui m’avait tant terrifiée, comme des réincarnations possibles. Mais finalement pourquoi pas ? Croire et ne pas croire en même temps. Ni croire, ni ne pas croire, selon ma formule habituelle, est-ce la solution ? La première des solutions est de ne pas se prendre la tête avec tout ça. C’est ce que je fais finalement depuis ma naissance ! Et surtout chercher inlassablement à rigoler !

 

            Alors, pourquoi ressasser toutes ces histoires ? C’est à ce moment là, que j’ai reçu un message de Fred. Les Delpierre ont quitté brusquement l’Ile de Carpo pour faire une enquête sur les phénomènes paranormaux. Il paraîtrait que mon Blog dans lequel j’évoque, sans y croire, la possibilité d’être revenue du Futur, pour naître en 1980, les intrigue. Ils voudraient tirer au clair   des faits qui ne le sont pas et ne l’ont jamais été.

 

            J’en ai marre de toutes ces fantaisies. J’ai quitté Carpo, qui veut représenter le Futur dans  le calme merveilleux préfigurant le Monde de l’avenir. Je suis revenue à Paris, dans le Monde      du Présent en quelque sorte, pour m’attaquer aux problèmes actuels et essayer de transformer la gabegie ambiante. Je sais bien que cela n’intéresse personne, sauf notre Groupe Futurable3000.

 

             Lundi prochain, j’organise à l’Atelier Z, la première visite simulée de Lures, la Ville Bulle équilibrée et positive. Je vais expliquer comment y vivre grâce à sa Logique Universelle de Rigueur équilibrée et subjective. J’ai hâte d’y être….


06/10/2011
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