L\\\'Enfant qui venait du futur

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LECCE. Italie du Sud. Samedi 13 Juin 2009. 15 h. Enquêtes.

LECCE. Italie du Sud. Samedi 13 Juin 2009. 15 h. Enquêtes.

 

Il y avait maintenant plusieurs heures que Gérard Delpierre, ex-grand reporter et journaliste d’investigation à l’AFP, battait la semelle en compagnie de ses collègues chroniqueurs. Tout le Gotha journalistique mondial était là. La dernière réunion du G8 touchait à sa fin et ils espéraient tous, glaner quelques informations inédites.

Le temps lui semblait long et la conférence de presse n’était programmée que pour la fin de l’après-midi. Ni lui, ni ses compagnons d’infortune, ne prévoyaient de grandes déclarations tapageuses, lors de ce rendez-vous.

Tous avaient en mémoire l’issue du dernier G20 où, une fois encore, la montagne avait accouchée d’une souris.

La crise financière et économique se stabilisait… ou était en passe de le faire. Mais une crise beaucoup plus importante pointait son nez à la vitesse grand V.

Certes, ce n’était pas le premier et certainement pas le dernier choc financier que le monde affrontait. Pourtant, une autre menace sommeillait depuis quelques mois, pour ne pas dire quelques années, émergeant de plus en plus : Le chômage !

Les grandes crises ont presque toujours été suivies, dans le passé, par des reprises de productivité élevées. Mais à cette époque là, la mondialisation n’était pas encore passée par là.

Désormais, toutes les entreprises du monde, aidées localement par leurs gouvernements, licencient à tour de bras sous prétexte de crise. On assiste alors, au démantèlement systématique des acquis sociaux, soit pour délocalisation, soit pour réembauche ultérieure, mais à moindre coût.

Du reste les déclarations, attendues en fin de journée allaient donner raison à Delpierre. Celui-ci, avant de se lancer dans le journalisme, avait passé toute son enfance aux USA.

Fils de diplomate français et de mère américaine, il parlait, outre le français, toutes les langues latines, mais surtout l’anglais ou plutôt l’américain. Son accent sans faille, il (parlait même l’argot du Bronx), lui permettait de se mêler sans problème à ses propres « homologues » américains.

A douze heures, profitant de la pause déjeuner, il avait renoué avec Maggy Pullman. Cette ancienne amie du gratin New-Yorkais, était elle-même journaliste à « CNN ». Cette dernière allait, sans vraiment s’en rendre compte, lui apporter de  quoi meubler, non seulement sa journée, mais bouleverser les quelques mois et années à venir. En effet Maggy, au cours du repas, lui révéla que des pourparlers confidentiels de haut niveau, entre américains, canadiens et équatoriens, circulaient dans les couloirs. Ces échanges semblaient surtout concerner le réchauffement climatique.

Son cerveau s’était mis à tourner comme un derviche. Une foule de questions s’entrechoquait dans son esprit. Quelque chose ne collait pas, mais quoi. D’abord :

1) Si le problème du réchauffement climatique tracassait le commun des mortels, même en Amérique, il n’empêchait pas les dirigeants politiques de ce monde, de dormir sur leurs deux oreilles. Et surtout, en ces temps de crise, c’était le cadet de leurs soucis. Ils avaient d’autres chats à fouetter.

2) Que le Canada soit dans le coup, pas de problème. Mais qu’est-ce que les équatoriens venaient faire là dedans ?

Ces questions se retournaient dans la tête de Delpierre. Il ne parvenait pas à leur trouver un lien. A la fin du déjeuner, après avoir proposé à Maggy de la retrouver pour le dîner, il était revenu grossir le groupe des journalistes de toutes les rédactions internationales.

L’heure de la conférence de presse est enfin arrivée. Delpierre, blasé, se désintéressait complètement des déclarations officielles de la réunion des ministres des 8. Il « savait », et à la virgule près, quel en serait le contenu. Il avait d’ailleurs déjà préparé son papier en conséquence. Honnêtement, il se projetait déjà à son repas du soir en compagnie de la très charmante Maggy. C’est à 17h37, que d’une oreille distraite il prit connaissance du communiqué.

Mesdames, Messieurs,

Les ministres des finances du G8, ont déclaré unanimement que, si les premiers signes de stabilisation de l’économie mondiale semblaient se manifester, on pouvait s’en réjouir, mais qu’il ne fallait, en aucun cas crier victoire trop tôt. Au contraire, il est indispensable de maintenir l’effort de relance.

1) Les ministres déclarent : « Il existe des signes de stabilisation dans nos économies (…), mais la situation reste incertaine et des risques significatifs continuent de peser sur la stabilité économique et financière ».

2) Le Secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner insiste : « Il est encore trop tôt pour relâcher les efforts de relance ».

3) Tous concluent : « Même si l’on ne voit pas encore le bout du tunnel, rien n’empêche de commencer à parler de sortie de crise. Il vaut donc mieux être prêt lorsqu’elle surviendra. »

Au cas, sans doute, où elle nous tomberait dessus à l’improviste !!

Bref, il est urgent d’attendre.

Lors de leur dernière réunion, fin avril, à Washington, les ministres du G8 avaient choisi de lancer un message d’optimisme, tablant sur le début d’une reprise « plus tard dans l’année ». Cette fois-ci, non seulement ils ne proposaient aucun calendrier, mais ils insistaient :

-- « Même lorsque la croissance de la production commencera à repartir, le chômage pourrait continuer de croître ». Selon le directeur du « F.M.I. », Dominique Strauss-Kahn : « Le chômage atteindra un pic début 2011, à cause du décalage entre le retour de la croissance prévu « début 2010 » et son impact sur le marché du travail ».

-- Cependant, le temps est venu de commencer à parler de « stratégies de sortie de crises ». Alors que les plans de relance font exploser les déficits, la difficulté sera d’en sortir sans casser la reprise, afin d’assainir les finances publiques.

Ces « stratégies qui peuvent varier d’un pays à l’autre, sont essentielles pour assurer une reprise durable sur le long terme », ont donc estimé les ministres, qui ont demandé pour cela, au FMI, d’aider les Etats dans ce long processus. Le G8 a aussi souligné que, l’assainissement du secteur bancaire était essentiel pour assurer une reprise durable.

En revanche, le communiqué n’évoquait pas le débat en cours, sur la publication des « Tests de Résistance » des Banques, à de futurs chocs économiques. Ces derniers jours, américains et britanniques avaient montré une certaine impatience vis-à-vis des européens, lesquels sont eux-mêmes divisés sur la question.

La ministre française, Christine Lagarde, avait annoncé que les européens effectuaient déjà des tests sur les banques et que cela avait été expliqué lors de la réunion. L’ensemble des ministres déclarait s’être également penché sur « la volatilité excessive du prix des matières premières, ce qui représentait un risque pour la croissance ».

Ils déclarent donc vouloir « étudier les moyens d’améliorer le fonctionnement et la transparence des marchés mondiaux des matières premières », en référence aux soupçons de spéculation sur le marché pétrolier.

Le Président français, quant à lui, avait annoncé, lors d’une visite aux Emirats arabes unis, qu’il ferait une proposition dans ce sens, lors du G8 de l’Aquila, en Juillet. Tout cet ensemble de déclarations formait la base du communiqué. Rien de nouveau finalement.

Delpierre n’est pas surpris de la teneur de l’information. Son intuition ne l’avait pas trompé. La réserve prise par la conférence sur la « volatilité excessive du prix des matières premières, soulignait ce que chacun savait pertinemment : « L’inflation, due essentiellement au prix du pétrole, était à prévoir dans les années à venir ». Certains produits agricoles et matières premières industrielles risquaient même de voir leurs prix plus que doubler.

Mais le journaliste était perplexe. Fallait-il ou non, alarmer l’opinion ? Si oui, pourquoi était-il si nécessaire d’affoler une population déjà fragilisée ? Cela n’arrangerait en rien la situation. Au contraire, cette alarme finirait par détériorer le peu de capital confiance surnageant dans la situation actuelle.

Il prit finalement, la décision de n’en rien faire. Il était là pour couvrir l’événement et non pour spéculer sur des faits. Tout le monde sait bien, que la société actuelle court à sa perte et que toutes les prévisions ou déclarations n’y changeront rien.

Une fois dans l’événement, les hommes ne s’en effraient plus. Seul l’inconnu les épouvante, disait Saint-Exupéry. Pourquoi donc leur faire peur inutilement ?

De plus, il lui fallait être logique avec lui-même. Ce genre de reportage ne lui plaisait guère. Mais que lui restait-il à faire en ces temps de crise ? Toutes les rédactions, même de journaux sérieux se jetaient telles des mouches sur un étron, sur le moindre petit fait divers afin de parler le moins possible des vrais problèmes. Elles redoutent, par dessus tout, d’être mises à l’écart, ou pire :   « censurées », bien que tout le monde sache que la censure n’existe pas ouvertement.

Les grandes enquêtes dont Delpierre était friand, se faisaient plutôt rares en ce début de siècle. La crise le touchait. Mais en cette période de vache maigre, il lui fallait bien vivre !

Désœuvré, il partit nonchalamment envoyer l’article, qu’il avait déjà rédigé le matin même, dans sa chambre pour gagner du temps. Il ne comptait pas s’éterniser du tout, dans le coin.

Alors qu’il s’éloignait de la salle de réunion, pour suivre le reste de ses confrères, il remarqua dans le lointain, pendant que les ministres se retiraient à la fin de la traditionnelle photo (unique souvenir de leur incompétence), un petit groupe de trois personnes dissimulé derrière une colonne.

Brusquement, mû par un réflexe de vieux routard qu’il était, il appela son photographe pour lui demander son appareil. Ainsi, après avoir zoomé au maximum, il put, à défaut de pouvoir entendre, voir leurs visages comme s’il était à côté d’eux.

Il remercia muettement sa mère qui l’avait poussé à apprendre le langage des signes et à lire sur les lèvres. Il sorti vivement son portable, se mit en position microphone et commença à prendre des notes. Un des ministres demandait :

-- Mais, a-t-on déjà une idée du coût des prélèvements ?

Delpierre en salivait d’avance. Un petit scoop sur les prochaines dépenses européennes, concernant « l’effort face à la crise », allait donner un peu plus de piment à son article. Cette seule idée chassa la morosité de sa journée.

-- Les premières 10.000 cellules ne nous coûterons rien. Le laboratoire nous doit bien cela ! Ce n’est qu’un juste retour d’ascenseur !

-- Oui. Il nous a promis le stockage en conditions optimum, en attendant la prochaine construction de notre propre Global Seed Vault.

-- Mais ce labo, est-il sûr ? N’y a-t-il aucun risque de fuite ?

Delpierre n’en croyait pas ses oreilles… Ou plutôt sa traduction visuelle.

Qu’est ce que c’était que cette histoire de labo ? Un court instant, il  mit en doute sa capacité à lire sur les lèvres. Le Ministre continuait son exposé :

-- Le personnel chargé des prélèvements a été choisi parmi d’anciens employés du laboratoire, triés sur le volet. Il n’y a vraiment aucun risque de fuite, ou autre. 

-- Parfait ! Nous pourrons donc nous réunir prochainement. A la rentrée, nous aborderons les renégociations avec le Gabon pour la création de notre Ville stérile. La mort de leur Président retarde un peu le projet. Leurs élections présidentielles nous contraignent à un léger décalage sur le planning prévu. Mais le retard sera vite comblé et tout sera prêt à temps. Il n’y a aucun souci à se faire. L’héritier, une fois au pouvoir, sera dans l’obligation de continuer l’aventure avec nous, s’il veut garder sa place.

-- De plus, l’ambiance Franco-Gabonaise qui règne actuellement, le forcera au silence pour quelques années ! Nous sommes bien tranquilles de ce côté là.

-- Nos amis Latins et ceux du Benelux ont-ils été prévenus de la réunion prochaine ? On ne peut raisonnablement pas les joindre maintenant, sans codage. Ce serait trop risqué. Une bavure, à cette étape de notre action, flanquerait tous nos efforts par terre, pour des décennies. Les enjeux sont capitaux. Vous n’êtes pas sans le savoir, mes chers collègues ?

-- C’est vrai que nous n’avons plus rien à perdre. Cette réunion le montre bien. Tout le monde est d’accord. C’est foutu. La sauvegarde de la Planète n’est plus à l’ordre du jour. Autant dire qu’il est trop tard. Personne ne pourra la sauver.

Impossible désormais de remonter le courant.

La conversation n’avait pas duré plus de cinq minutes. Delpierre en resta cloué sur place. A quoi peuvent bien se rapporter ces histoires de cellules, de labo, de Gabon et surtout de Global Seed Vault ? Certes, il savait par expérience que les participants à une conférence, parlent souvent entre eux, une fois les débats terminés, de sujets n’ayant aucun rapport avec l’objet de la réunion. Mais là, il était scotché devant l’énorme écart avec le sujet mondial.

En rentrant à l’hôtel, il rendit le matériel à Christian son photographe, et le chargea de transmettre son papier du jour, par mail à la rédaction. Le connaissant depuis longtemps, celui-ci avait l’habitude de lui rendre ce service. Christian le quitta non sans avoir aperçu une lueur fugace dans l’œil de son ami. Il restait cependant surpris devant l’empressement subit de Gérard à vouloir rentrer à l’hôtel de si bonne heure… et surtout en cette période pré-estivale qui débutait sur la côte italienne.

Sur le littoral, les soirées ne commençaient guère avant vingt deux heures.

Même la hâte de son collègue pour se retrouver en tête à tête avec Maggy, ne justifiait pas une telle impatience. Christian, fatigué haussa les épaules. Bof ! Il en saurait sans doute plus demain matin. Et nonchalamment il se dirigea vers son hôtel.

Sitôt rendu dans sa propre chambre, Delpierre prit soin, avant de refermer la porte d’accrocher à la poignée, le fameux panneau : « Ne pas déranger ». Il téléphona à la réception pour demander qu’aucune communication ne vienne l’importuner et par un dernier appel au room service, il commanda un copieux dîner pour vingt et une heure.

Puis il se jeta enfin sur son ordinateur. Il avait retrouvé toute sa vitalité et son goût pour l’aventure. Sur le web, il tapa « Global Seed Vault ». C’était la seule piste exploitable, capable pour le moment, de lui permettre de commencer ses investigations.

L’aventure ne faisait que commencer.

Dès le premier regard, Gérard Delpierre comprit que les informations sur le « Global Seed Vault » étaient, sinon confidentielles, du moins suffisamment bien gardées pour ne se livrer qu’à quelques initiés. Son « passe » de l’AFP lui avait ouvert le dossier préservé. On pouvait y lire :

« La Chambre forte mondiale de graines du Svalbard (Svalbard Global Seed Vault), fut créée en tant que sauvegarde de la Planète La « Banque de graines » a été creusée dans le flanc d’une montagne de grès, à 120 mètres de profondeur. Un couloir de 100 mètres aboutit sur trois salles de 27 m de long sur 9,5 m de large avec une surface de 256,1 m² totalisant prés de 1 500 m³ de volume de stockage. Les installations seront gérées par la Banque génétique nordique. Toutefois, il n’y aura pas de personnel permanent engagé sur le site.

La « Svalbard Global Seed Vault » est ouverte officiellement depuis le 26 février 2008. Elle est financée par les Fondations : Rockefeller, Bill § Melinda Gates, Monsanto Corporation, Syngenta, également par le Gouvernement de Norvège, ainsi que par divers organismes privés. Les infrastructures ont la capacité de conserver jusqu’à quatre millions et demi de graines »

Delpierre se souvenait maintenant de l’histoire. Les journaux de l’époque (février 2008) avaient très peu médiatisée l’info, pendant qu’il se trouvait à Cuba  pour couvrir la passation de pouvoir entre les frères Castro. Les journaux cubains avaient alors d’autres préoccupations que de relater une telle nouvelle.

Ce ne fut qu’à son retour en France que les collègues de la rédaction lui transmirent l’info assez confidentielle.

Tant de souvenirs lui revenaient à l’esprit, sur cette période, la plus mortelle de sa carrière, passée dans cette zone des Caraïbes.... A cette époque, il était descendu en free lance, à l’hôtel Aguas Azules, un des meilleur de La Havane afin, comme disait son rédacteur, de prendre la température.

Son identité Française ne lui avait causée aucun ennui, ce qui n’avait pas été le cas de Boris, américain de naissance. Ce fils d’émigré russe, avait réussi la gageure d’avoir de vrais faux papiers russes. Que ne faut-il pas faire pour gagner sa vie ! Heureusement que la CNN avait le bras long.

Bon dieu, la CNN ! Il avait complètement zappé Maggy ! Il rappela le room service pour décommander son repas, prit une douche et s’habilla pour la soirée.

Décidément, cette histoire de silo à grain, de prélèvements et ces allusions au Gabon ne collaient pas.

Il y avait surtout cette petite phrase lancée dans la conversation, « l’héritier, une fois au pouvoir sera dans l’obligation de continuer l’aventure avec nous s’il veut garder sa place », Sans parler aussi de la crainte d’une fuite dans ce mystérieux labo.

Si les pays du G8 avaient dans la tête de construire leur propre silo, mauvaise pioche ! C’était complètement idiot, onéreux et surtout inutile puisque cette structure existait déjà. Elle était non seulement au bon endroit, mais aussi de capacité bien plus que suffisante ! Quatre millions et demi de graines ? Il y a de quoi sauver une bonne partie du patrimoine mondial ! Et ce rapport avec le Gabon, en pleine crise interne ? Vraiment, il y a quelque part quelque chose qui cloche….

Une association d’idée en entraînant une autre, il se mit a reconsidérer ce que Maggy lui avait avoué à midi. D’après elle les Américains, de leur côté, sembleraient se découvrir de soudaines affinités pour les équatoriens ! Et également de surcroît, un intérêt inédit pour un projet de lutte contre le réchauffement planétaire ! Il se passait vraiment de drôles de choses sur la planète et n’ayant apparemment aucun lien avec les problèmes fiduciaires.

Quel pourrait donc être l’intérêt des USA pour l’Équateur ? Le pétrole certes… Mais ces derniers se sont retirés de l’OPEP et ils ne s’alignent pas sur les prix de ces derniers ? Alors quoi ? Ce ne sont quand même pas la banane, ou le café qui peuvent justifier un tel engouement !

En y réfléchissant bien, dans le groupe des ministres aperçus cet après midi, ni l’Américain Timothy Geithner, ni le directeur du FMI, Dominique Strauss-Kahn, ni les premiers ministres de Grande Bretagne, du Japon, de la Russie, du Canada n’étaient dans le trio des conjurés.

Sur le coup, trop occupé par sa tâche de lecture sur les lèvres, le déchiffrage étant ardu, il n’avait pas porté attention à l’identité des tenants du groupe. Mais il en était sûr maintenant, seuls les représentants Français, Allemands et Italiens étaient présents, lors de ce conciliabule post- réunion.

Au nombre des conspirateurs, fallait-il y ajouter le Benelux, (la Belgique, la Hollande, le Luxembourg) et ces fameux pays Latins ? Mais alors lesquels ?

-- Reprenons tout à zéro, se dit Delpierre.

1/ La France, l’Italie, et l’Allemagne était présents (normal puisqu’ils font partie du G8). Il y avait aussi, sans doute et plus vraisemblablement, la Belgique, le Luxembourg, la Hollande. Ce qui porte le nombre à six, sans oublier les pays latins.

Puisque le pluriel à été utilisé, on doit admettre que ces latins sont au moins deux.

Rajoutons l’Espagne, le Portugal et probablement, la Roumanie ? Peut-être les trois ? Ce qui porterait à huit ou neuf, le nombre des conjurateurs.

2/ Apparemment, le reste du G8 n’était pas le bienvenu à ce dialogue… ainsi que le FMI. Donc ce n’est pas une commission du G8, non plus.

3/ L’Angleterre étant absente elle aussi, l’affaire ne semble pas concerner l’Europe.

Delpierre avançait, semblait-il à grand pas. Pour poursuivre ses recherches plus avant, il prit la décision d’interroger Maggy. Après tout, c’est elle qui lui avait déballé ces confidences la première ! De plus, dans le passé, outre le fait d’avoir été amants, ils avaient souvent collaboré, et ce parfois, au grand dam de leurs employeurs respectifs.

Quels pouvaient donc bien être, les rapports qui liaient ces deux affaires ?

Aucun à priori ! D’un côté, l’Amérique et le Canada s’éprenaient d’une passion soudaine pour un pays du tiers monde. De l’autre, un quarteron de pays Européens, entrait dans le même état d’esprit que leurs collègues d’outre-Atlantique.

Et ces derniers, tout au moins en se qui concerne la France, n’entretiennent plus de très bons rapport avec le dit pays Africain. Il ne semblait y avoir vraiment aucun lien.

A moins peut être… ? Mais oui, la seule attache qui réunit, ou plutôt semble réunir, ces pays est que tous les deux sont situés sur l’Equateur ! La piste était mince certes, mais elle avait le mérite d’exister. Il faut bien débuter avec un petit quelque chose. Aussi petit soit-il, et n’ayant rien d’autre sous la main, il ne fallait pas le négliger.

Delpierre ressassait sans arrêt ces questions, en évoquant sans cesse toutes les hypothèses... Lorsque le taxi le déposa devant l’hôtel de Maggy, il était vingt deux heures.

Maggy n’avait pas changé depuis leur dernière rencontre. A trente cinq ans, Gérard la trouvait encore plus belle, comme si cela pouvait être possible. Mise à par ça, elle était toujours aussi loquace. Heureusement, et à contrario de beaucoup de ses amies, elle était loin d’être soûlante.

Orpheline de mère, fille unique de banquier, fière mais pas imbue, volontaire, voir même téméraire et surtout divinement intelligente, elle n’était venue au journalisme que pour une simple raison : « échapper » à l’obsession de son père de la voir épouser le directeur d’une de ses filiales.

Un solide bagage universitaire en poche, (agrégé de droit, de lettre et de mathématique), « la jeune triple docteur », profitant de vieilles connaissances de faculté, et à l’insu de l’approbation paternelle, trouva un emploi à CNN. Depuis, le temps était passé, et le courroux familial s’était quel peu apaisé. Finalement, comme disait son père :

-- Il vaut mieux qu’elle vive sa vie en courant le monde. Car cette petite effrontée, non seulement vote démocrate, mais en plus, elle s’en vante. Ce qui, aux yeux du vieux conservateur qu’il était, prouvait un manque goût et de savoir vivre évident.

A chaque retour au domicile paternel, les accrochages père/fille étaient inévitables. Mais finissaient toujours par se calmer la veille du départ de Maggy.

Une sorte de jeu s’était installé entre eux. L’un reprochant à l’autre ses relations politiques, l’autre méprisant ses relations professionnelles, et inversement bien sûr.

Mais le plus important, était que sous couvert de chamailleries incessantes, ils s’adoraient. Chacun de son côté, pour sauver la face vis-à-vis de leur entourage, accablait l’autre. Mais ils bataillaient ferme pour prendre sa défense si par malheur, une autre personne se permettait de le ou de la critiquer.

Plus d’une fois, elle avait du faire appel à son paternel, et plus d’une fois, il avait répondu présent. Que ce soit pour un problème d’argent, ou au sujet d’une question administrative dans les rares moments où CNN montrait son impuissance, ou même encore dans des situations plus délicates. En effet, là où l’intervention des autorités s’avérait inefficace, un simple coup de téléphone du père suffisait. Et quelques heures ou quelques jours après, toutes les portes jusqu'à lors fermées, s’ouvraient comme par miracle.

Bien qu’elle dénigrait ouvertement les relations professionnelles de son père, par deux fois dans le passé, elle avait dû faire appel à elles. Faute de quoi, elle se serait retrouvée en train de poireauter quelques années derrière les barreaux d’une prison insalubre et isolée du monde.

Le métier de journaliste d’investigation n’est pas toujours une sinécure. Il faut pourtant dire qu’à sa décharge, Maggy n’avait jamais abusé de ces relations.

Elle s’était même mise plusieurs fois dans l’embarras, pour ne pas avoir voulu céder à la facilité.

Une heure et demie plus tard, passé le trouble des retrouvailles, Delpierre en vint aux choses sérieuses. Il lui narra son histoire de l’après-midi sans omettre un seul détail. Les facultés d’analyses de Maggy étaient vraiment prodigieuses. En l’espace d’un quart d’heure, elle arriva au même point que lui avec en sus une certitude absolue, l’emplacement équatorial des deux pays tiers avait une importance capitale. Son intuition féminine fit le reste et elle déclara tout de go :

-- Le choix de la proximité de l’équateur, ne peut signifier qu’une seule chose, le lancement de fusées sur orbite, mais, je ne m’explique pas qu’ils soient placés du mauvais côté de leur continent respectifs !

Voyant l’étonnement manifeste de Gérard, elle crut bon de préciser.

-- Normalement, pour gagner en accélération au décollage, un départ près de l’équateur est préconisé. La vitesse de rotation de la terre à son plus grand diamètre augmente d’autant plus la vitesse de la fusée, mais l’envol, pour des raisons de sécurité, doit se faire en direction de l’océan et ne doit jamais survoler de terre habitée.

Pour nous Américains, ce sera de Floride à cap Kennedy. Pour l’Europe de Kourou en Guyane Française. Les Russes de Baïkonour dans le Kazakhstan, se placeraient dans la direction du Pacifique en survolant la Sibérie qui elle, est très peu habité. Seuls, pour plus de discrétion, les satellites militaires, sont lancés en plein continent ou sur plateformes en mer ».

Elle lui laissa quelques minutes pour qu’il puisse assimiler son flot de paroles et poursuivit.

-- Ou bien, pour des raisons qui nous échappent encore, ils ont décidé de décoller en sens contraire, côté pacifique pour les Américains et côté atlantique pour les Européens. Ou bien, autre solution, ils sont déterminés, toujours pour des raisons X, à survoler des zones habitées. Ce qui ne change pas notre problème. Elle consulta sa montre :

-- Minuit ! Dit-elle en empoignant son portable ». « Ok, cela fait 18 h aux States !

Elle composa rapidement un numéro. Gérard se retourna discrètement. Il existait une sorte de « deal » entre eux. Ils protégeaient mutuellement leurs sources, plus par habitude que par crainte, sans jamais chercher à connaître leurs informateurs respectifs. Ils pratiquaient une sorte de gentleman’s agreement due à la profession. Mais ce fut elle qui brisa le silence.

-- J’appelle Pat, une copine de fac qui bosse à la Nasa. Elle me doit toujours un petit service, une simple histoire de faute professionnelle sans gravité que j’ai accepté de ne pas dévoiler dans un de mes reportages.

La pauvre, si elle s’était douté un seul instant que ce n’est pas mon style de révéler ce genre de con…, mais elle était terrorisée à l’idée que sa hiérarchie soit mise au courant. A la Nasa, ils sont plutôt machistes et profitent de la moindre boulette pour te virer. A contrario, ils sont beaucoup plus souples pour les hommes.

La réponse de son interlocutrice lui épargna un long speech sur le comportement sexiste masculin. Non pas qu’elle fût féministe, loin de là, mais elle ne supportait ni ce genre d’injustice, ni les conduites trop protectrices de la gente masculine. Elle-même, avait dû batailler ferme pour s’extraite de la tutelle de son père.

-- Hello, Pat ! Ah, c’est toi Gordon, c’est moi Maggy, comment vas-tu ?

Moi aussi je vais bien. Peux-tu me passer ta femme, ça urge…Merci, bye. Gérard sentant que la conversation risquait d’être longue, s’était confortablement installé, dans un fauteuil.

-- Pat ! Hello Darling, oui c’est moi. Désolée de te déranger un samedi après-midi, mais j’ai besoin de tes lumières ! Vous n’auriez pas dans vos cartons un projet en Equateur par hasard ? Ce n’est pas pour aujourd’hui, mais pour hier ! Car ça urge sec. Je suis sur un drôle de coup et pour être franche, je ne sais pas trop où je mets les pieds !

La conversation fut beaucoup plus courte que ne le pensait Gérard.

-- Ok, ma puce. Tu sais que tu peux compter sur ma discrétion. Merci pour tout. A lundi donc. Je compte sur toi ! Je te verrais au retour… Bises à Gordon et à toi, bye.

La conversation n’avait pas durée plus de deux minutes montre en main.

Mais à peine avait-t-elle raccroché que déjà elle recomposait un autre numéro.

-- Hello Daddy ! Non tu ne rêves pas, c’est bien moi. Non, pas cette fois-ci. Merci, j’ai vraiment tout ce qu’il me faut. Je t’appelle pour une chose  bien précise. Tu n’aurais pas une petite idée sur les mouvements d’argent d’un compte spécial « Américano-canadien », concernant un projet gouvernemental en Equateur ?

_J’aurai besoin aussi, d’une autre info concernant la même demande sur les mouvements de différents comptes Européens, mais pour une réalisation située au Gabon cette fois. Ah ! Une dernière chose, peux-tu te renseigner sur un projet « Global Seed Vault Européen » ?Ok, ok, je sais que tu n’es pas la CIA. Mais c’est bien toi qui les paies ?

Maggy s’énervait. Cela se sentait à son intonation gouailleuse.

-- Comme si cela ne t’était jamais arrivé de leur graisser la patte ! Ok, ok ! Mais s’il te plait papa, j’ai absolument besoin de ces tuyaux… et cette fois… si ça marche, alors je te parie que j’obtiendrai mon bâton de maréchal à la CNN. Et je te jure que c’est la dernière fois que je fais appel à tes services…

Je t’adore… bisous… à plus…

Tout en prononçant cette dernière phrase, elle releva la tête et sourit à Gérard.

-- Voila, c’est amorcé ! Il ne reste plus qu’à attendre que ça morde… mon père rappelle le plus tôt possible et Pat va chercher à me joindre lundi  dans la journée. Mais, j’y pense… Tu as un impératif pour rentrer ?

Sa question n’était que pure rhétorique car, elle tout comme Gérard, possédait un statut particulier au sein de leurs rédactions. Ils travaillaient en freelance, avec un forfait annuel. Mais une rémunération supplémentaire leur était accordée, pour tout papier ou enquête effectué en fonction de son importance.

A charge pour eux… s’ils désiraient une avance sur frais… d’en informer la Direction et de justifier le côté professionnel de leurs déplacements. En échange, ils avaient l’assurance de pouvoir garder l’exclusivité de leurs enquêtes.

La réputation de Delpierre n’était plus à faire. Son ancienneté aidant, quinze ans déjà de bons et loyaux services… aucun justificatif ne lui était demandé. Cependant, par loyauté plus que par obligation, il prévenait toujours, à chacune de ses absences.

-- Je dois en principe rentrer lundi matin. Mais pour les besoins de l’enquête, je consens à prolonger mon séjour… Répondit Gérard ironiquement ».

Tous les deux, d’un commun accord, levèrent leurs verres pour trinquer à leur réussite.

C’est un extrait de la symphonie n° 40 de Mozart qui tira Delpierre de ses rêves, ce dimanche à quatre heures du matin. Encore au trois quart dans le « coltard », il ouvre un oeil, allume la lampe de chevet.

Quatre heures ! Sa première réaction fut de croire qu’il avait mal vu.

--« Bon sang, les gens ne dorment donc jamais en Italie » !

Il cherchait l’origine du bruit… Au bout de quelques secondes, il identifia le portable de Maggy posé sur l’autre table. Celui-ci sonnait et vibrait à rendre l’âme, se trémoussant comme un beau diable, en se déplaçant à chaque sursaut.

Gérard dut se lever et contourner le lit pour le rattraper avant qu’il ne chute.

Il trépidait tellement qu’on avait l’impression qu’il essayait de s’extraire de son étui. Un court instant, il fut tenté de le couper et de retourner dormir.

Mais tout à coup, il se souvint que le père de Maggy devait la rappeler dans la soirée et il réalisa qu’à New York, il était dix heures du soir. Un samedi, après avoir consulté ses amis, il devait appeler de son club.

Maggy elle, dormait du sommeil du juste, Gérard la comprenait. Il y avait tout juste une heure qu’ils avaient enfin fermé l’œil. Si elle ne répondait pas, son père irait se coucher et il leur faudrait attendre une bonne douzaine d’heures avant de l’avoir de nouveau. Il réveilla Maggy et lui passa l’appareil.

D’une voie gonflée de sommeil elle marmonna.

-- B’jour Dad….

Elle sortit rapidement un calepin de son sac et se mit à griffonner en toute hâte des sortes de hiéroglyphes ressemblant plus à de la sténo qu’à un exercice de style.

-- Merci Daddy, je te revaudrai ça. On se voit à mon retour, bisous et merci encore, bye.

Cette fois-ci, Maggy était complètement réveillée. Debout, plantée devant la commode, elle regardait fixement la ligne d’horizon, prononçant du ton d’un toubib annonçant à son patient qu’il ne passera pas l’hiver :

-- Gérard, assieds-toi bien ! L’expression tenait plus de la métaphore que de la réalité, vu qu’il s’était déjà recouché.

Pour la première fois depuis leurs retrouvailles, elle utilisa le français.

-- Le Watergate et l’Irangate réunis… feraient figure de vulgaires contes pour enfants, à côté de ce que je vais t’annoncer ! Si tu vois ce je  veux dire !!

Sur ce, elle reposa son portable et doucement se rassit pour prononcer d’une voix ferme :

-- Résumons. Et soulignons d’abord ce que nous avons de tangible. Son exposé dura alors cinq bonnes minutes… Et Gérard essaya d’en faire une synthèse.

-- Si je comprends bien… Ton père a retrouvé la trace du silo sous forme de mouvement d’espèces dans une banque Luxembourgeoise, via le département externe d’une autre banque du Liechtenstein, probablement des îles Caïmans ? Mais il n’a pu, malgré son influence, obtenir les noms des propriétaires des fonds.

Tu me dis que, malgré tout… un compte existe au Luxembourg, au nom d’une fondation appelée : « l’Espoir d’Afrique, créée parait-il, pour lutter contre la faim. Il s’agit officiellement, d’une somme de cent milliards d’euros, destinée à subventionner un entrepôt cryogénique. Et c’est bien de cet entrepôt dont il s’agit ?

Le lieu pourrait recevoir les graines de toutes sortes de plantes potagères et  céréalières génétiquement modifiées afin de résister à la chaleur. Elles ont en plus, la faculté de croître avec seulement la rosée nocturne comme apport d’eau.

Elles pourraient aussi se développer sur n’importe quel sol, de PH et de consistance différent… terre, sable, petits graviers, etc…

Et cette chambre forte serait construite quelque part au Gabon.

-- Tu résumes parfaitement bien tout ça…. s’émerveille Maggy. Les semences seraient fournies, toujours officiellement, par un laboratoire Italien dont papa n’a pu obtenir le nom.

Cependant, certains bruits disent que ces graines, sont en réalité des cellules biotiques modifiées. Bien entendu, le vrai but poursuivi est pour l’instant méconnu. Mais, ajoute Maggy, ce ne peut être que dans la finalité d’un clonage de plants ou de cellules. Qu’en penses-tu ? Je ne sais plus que croire !

—Oui. Tu as sans doute raison. Cela paraît évident. Mais cela ne change rien pour nous ! Un clonage, d’accord, mais dans quel but ! Ils ne veulent quand même pas nous fabriquer des hommes capables de bouffer des pierres ! Car c’est bien là le problème.

C’est bien ce qui risque de nous arriver si l’on ne trouve pas de parade à la surpopulation d’ici quelques années. Tu ne crois pas ? Sans compter la folie de nos gouvernants de vouloir faire du biocarburant ! On dit, que dans certains pays africains reconvertis, ils commencent même à manger de la terre !

-- Bon ! Revenons à nos moutons, s’écrie la jeune femme. Je résume donc :

1/ Il semblerait qu’un petit nombre de pays Européens… huit ou neuf environ, nous prépare une opération coup de froid dans un pays chaud… à plus d’un milliard d’Euros le degré, vraisemblablement au Gabon.

2/ Les autres membres de la « CE » et le reste du monde sont proprement écartés du projet. Il est à noter que le « FMI » et la banque Européenne sont mit à l’écart également. Il faut espérer que ce n’est pas un coup d’avions renifleurs « échelle Européenne », qu’on nous met sur pieds !

-- Que dit ton père, en ce qui concerne l’autre côté de l’océan ? S’inquiète Gérard.

-- Là, les choses ont été plus faciles, reprend Maggy. Il n’y a pas de transfert de fonds prévu pour l’instant. Par contre, pour relancer l’économie, on parle en hauts lieux de pressions exercées sur les élus, dans le but de favoriser le vote d’une « loi cadre » de finance. Une grande partie de ces fonds serait prélevée pour créer une réserve, afin de prévoir les effets nocifs du réchauffement.

-- Rien sur l’Equateur ?

-- Non. Mais tu sais… En si peu de temps et un samedi soir, au club, il n’a pu approcher que ses amis du cartel financier. Pour les politiques, il lui faudra attendre cet après-midi au golf.

Pauvre papa ! Lui qui a horreur du golf… Je ne te dis pas ce que cela va me coûter à mon retour ! De quoi ruiner mon viatique d’une année... Ho ! A ce propos, je compte sur toi pour lui trouver un cadeau original !

-- Reçu cinq sur cinq. Ne t’en fais pas, il y a un compte « budget spécial » prévu au plan comptable de mon agence.

-- Si on se recouchait, demande Maggy. Je n’en peux plus ! On verra la suite tout à l’heure, devant un petit déjeuner ?

Et c’est ainsi que l’aventure du « Global Seed Vault », sous couvert d’enquête, se mit à manipuler la vie de Gérard pour un grand moment.

 


30/04/2011
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