L\\\'Enfant qui venait du futur

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Blog. Lisbeth. 9 Septembre. 2009. Le Don.

Lisbeth. 9 Septembre. 2009. Le Don.

 

Je reprends, avec beaucoup de retard, ce Blog que je me promettais de mener à bien, en quelques semaines. Il ne s’est pas passé grand chose depuis ces six mois. La routine...

Mon travail avec Frank et les autres, m’a suffisamment occupée, pour que je laisse tomber ma précieuse auto-psychanalyse.

Le beau temps est revenu. Hier j’ai passé l’après-midi sur une chaiselongue, dans le jardin à regarder tous ces cadeaux qui passent devant mes yeux, une mouette, un bourdon glissant sur la mauve qui s’entête à pousser au milieu du chemin…

Du coup, cette nuit, j’ai revu Thomas et ses expéditions de contrôles extérieurs, dans cette jungle africaine qui a transformé Franceville en mille ans. Est-ce le souvenir de l’émotion respectueuse du jeune garçon, vis-à-vis des plantes et des animaux, qui me fait rêver devant l’immense arbre japonais de mon jardin ?

Cette admiration que j’ai devant toutes les splendeurs qui s’étalent devant mes yeux… le lierre courant entre les dalles, la lumière irisée du soleil, le rouge-gorge qui me regarde, avant de pousser son petit cri modulé…. sont ces merveilles interdites de la nature qui se sont offertes à moi, en 3010, par les yeux d’un petit garçon, appelé Thomas.

Ce soir, je m’allongerai sous les deux troènes, dans le calme d’une nuit de velours noir, piquetée de diamants étoilés, semblable à celle qui me faisait courir, petite fille, sur la colline magique du Faron… ou encore, piétiner dans le grand jardin de la Bastide, les filets d’eau claire, sortant du bassin d’arrosage, pour serpenter entre les rangées de carottes.

Serait-ce surtout le rappel de cette sensation sur ma joue, d’un air pur si parfait qu’il me pousse à refaire instant après instant, le même schéma menant au bonheur ?

Surtout si je sens qu’il est prêt à m’échapper ? Ce qui est clair, c’est que si les sentiments dans la Ville Bulle, n’existent pas, c’est parce que les sensations les remplacent.

L’affection que je ressens pour ma famille n’est pas de l’amour filial, même s’il est intense. L’amour maternel est une chose que je ne peux pas imaginer. Je peux ressentir une tendresse infinie, mais pas plus pour un enfant, serait-ce le mien, que pour un adulte. C’est heureux, car l’amour ne peut qu’embrouiller l’esprit. J’ai horreur de ça.

C’est pour cette raison, que je repousse les similis avances de tendresse de Frank. C’est trop compliqué pour moi. Je sais qu’il ne comprend pas ce que je veux. En réalité, il ne peut pas s’imaginer que je ne ressens pas les choses comme les autres gens. Le pauvre. Je ne sais plus quoi faire…

Il ne peut pas se mettre dans la tête que je ne considère mon corps que comme une machine, mon moyen de locomotion, mon petit joujou, un vrai cadeau.

Ce support me façonne un peu, mais pas au point de me conditionner. Si j’étais dans une autre enveloppe corporelle, quelle qu’elle soit, ce serait pareil. De même Thomas ne sait pas qu’il va revenir dans le corps d’une petite fille, parce qu’il n’y pense pas. Il a d’autres choses à découvrir.

Dans la Bulle, l’apparence physique n’est pas un objet d’examen qui conditionne le rapport à l’autre. Cette expérience n’existe pour ainsi dire pas. On sait bien, là-bas, que le corps n’est qu’une enveloppe. On ne pense pas à marquer le coup, enfoncer le clou, face à tous ces gens qui n’y songent pas non plus.

On pense à autre chose. Car personne ne ressent les « différences corporelles », comme si elles dévoilaient chaque fois, une personnalité intérieure et profonde… Puisque ce n’est pas le cas.

On est rien mais on n’a pas peur d’être rien. Alors que dans les années 2000 les humains craignent tellement de penser qu’ils pourraient être « rien de plus que ce qu’ils décident vouloir être, dans l’instant », qu’ils préfèrent mourir, plutôt que de voir cette réalité là… Pire encore... ils souhaiteraient n’avoir jamais existé. TOUT plutôt que de penser que l’on n’est rien

Du coup, on devient vaniteux. Pascal dit dans ses « Pensées » : L’admiration gâte tout lorsque l’on encense l’enfant : Oh ! Que ce petit parle bien… Oh ! Qu’il a bien fait, qu’il est sage ! Etc. » Hélas, il ajoute que les enfants de Port Royal, auxquels on ne donne point cet aiguillon, tombent dans la nonchalance…

Evidemment, Pascal vivait dans cette société arriérée qui critique l’orgueil, sans penser que l’on peut vivre heureux, sans rien faire, sans rien viser de glorieux.

Pour le philosophe, le fondement de la vie repose sur le travail et le rendement.

Grâce à la création de la nouvelle génération des « enfants bulles », l’éducation ne les met jamais dans l’obligation de travailler. Les années 3000, développent un « vrai » bonheur. Je le ressens encore, et de la même façon qu’eux.

Par exemple, si j’avais maintenant, ici, un corps de jeune homme, maigre à la peau noire, ou l’allure d’un homme corpulent de cinquante ans encore vert, ou encore l’aspect d’une vieille personne handicapée, je serai moi, la même personne que celle que je suis actuellement. Rien d’autre. Bref, je ne suis rien de spécial, rien… en quelque sorte.

Tous ces personnages qui pourraient être moi, ne seraient que mon support…. c’est un truc que Frank ne saisit pas du tout. Il attend que je l’aime, ou à la rigueur que je sois amoureuse de lui physiquement. Je ne le peux pas.

Même pour les deux petites aventures passagères qui ont traversé ma vie, il y a six ans, je n’étais pas amoureuse. Au début, la découverte m’amusait. Puis j’ai trouvé que c’était répétitif, profondément ennuyeux, sans aucune invention ludique de leur part. La moindre de mes propositions ou explications timides et à la limite enfantines, les choquait.

Du coup, je n’ai « JAMAIS » été amoureuse de ma vie. Je ne sais même pas comment c’est possible. En tous cas, je sais que j’aurai horreur de ça.

J’ai reçu les confidences de filles qui sont fières d’avoir un amoureux, fou d’elles. Je n’aimerais pas ça. C’est trop lourd, pénible à supporter. Comme si on avait des bijoux… aux doigts, aux chevilles, aux oreilles… pesants, gênants comme des chaînes qui peuvent se coincer dans les ascenseurs… ou comme si on acceptait de s’encombrer de téléphones portables, de cartes de crédit, de porte-feuilles avec papiers d’identité… de sacoche avec les clefs de chez soi… toutes ces choses que l’on a peur de perdre…

Sans oublier la trouille de songer que si elles disparaissent, alors même que ce n’est pas très important, on se sent coupable, quelque part. On projette la hantise devant soi et on ne vit plus. On craint pour soi, pour les autres… La sécurité sensée nous protéger, grâce à tous ces objets, crée l’insécurité.

C’est pareil pour l’amour. Imaginez une jeune fiancée amoureuse qui nage en plein bonheur. Crac, le promis la quitte pour une autre… Catastrophe ! Elle peut s’imaginer n’importe quoi… qu’elle n’est pas assez belle pour lui… qu’elle ne vaut rien… qu’elle n’a plus qu’à mourir…

Elle ne se doute pas qu’elle peut retrouver la sensation du « bonheur », sur le champ, toute seule, grâce à sa propre volonté… puisque l’on peut s’imaginer manger des fraises, alors que l’on mâche des épinards…

On ne nous a pas appris à être responsable de nous-mêmes… à se méfier des sentiments, des sensations qui déteignent sur notre cerveau. Toute information excitante est tout à la fois dynamisante, et fatigante. L’angoisse…. Tremblement de terre en Haïti… deux millions de morts… et l’horreur s’ajoute à la misère…

On entend vaguement, la radio égrener ses mauvaises nouvelles dans le lointain, à l’heure du déjeuner. Souvent l’info est fortement imagée : Eloignez les enfants de l’écran, le reportage est très violent. Si on est fatigué, on peut se

boucher les oreilles, ou bien on peut toujours éteindre son poste.

Mais lorsque plusieurs fois dans la journée, les informations se répètent, seuls les esprits potiniers se régalent en plein voyeurisme, poussés par ce que les médias leur imposent. Et plus ils imposent, plus ils habituent les télespectateurs à en redemander. Plus ceux-ci en redemandent et plus les médias doivent leur en donner… de plus en plus souvent, de plus en plus fort…Jusqu’à atteindre le seuil de sursaturation du stress !

Si, ce jour là, l’individu est un peu plus fatigué que d’habitude, il va se boucher les oreilles, et penser à l’autre de façon superficielle. Mais, très rapidement, il va réclamer sa drogue… Vite les infos… la digue qui a cassé… quarante morts noyés… emportés…

Et alors de nouveau, toutes ces images repassent en boucle au Journal Télévisé de 20 H… montrant plusieurs fois par jour, des alpinistes emportés par de terribles avalanches… les parents des morts pleurant à Paris, à Grenoble, et de nouveau les torrents de blocs de glace… les habitants emportés… les maisons tombant sur les corps désarticulés dont le sang gicle… « Ecartez les enfants de l’écran ». C’est de la provocation.

Le JT pousse la foule à regarder avec avidité, comme un voyeur épiant par le trou de la serrure,un être en train de se torturer.. de se blesser.. d’en blesser d’autres… qui le blessent en retour… et à l’infini.

Je comprends pourquoi, dans la « Ville du Futur, les Archives sont interdites aux jeunes enfants, aux personnes fragiles. Même lorsqu’ils ont la permission de regarder des images violentes, ils ont souvent besoin ensuite, de suivre des cours de rééducation mentale.

J’ai justement envie de parler dans ce blog, de tous mes jeux positifs réalisés, avec l’aide de Michel, Frank, Nico, Alain, toute l’équipe… sur ces idées qui me viennent des années 3000, pour permettre aux individus de se sortir de leurs problèmes. Il y a les tests de résolution de conflit à deux ou à plusieurs… les conseils pour se redonner du courage, etc.

Nous avons créé, il y a quelques temps, un Centre des Différences, qui, grâce à un parcours intellectuel/sensoriel, montre aux gens dits « normaux », qu’ils ne le sont pas. Nous y présentons des tableaux pour aveugles, dans des expositions d’Art Plastique, à Boulogne, à Montreuil... en province… Nous faisons également des expériences sur la monnaie franche, grâce à ces fameux billets - troc appelés Nads. Nous dirigeons aussi, des ateliers de formation de formateurs. Nous créons des matches d’improvisation…. Etc.

Frank insiste pour citer toutes ces expériences, dans le livre qu’ils veulent faire avec moi sur « l’Enfant qui venait du Futur ». Mais je pense que nous avons déjà suffisamment de matière pour l’instant. Peut-être pour le prochain bouquin, mais pas maintenant. C’est déjà assez éprouvant pour moi, tout ça d’un seul coup.

Je suis suffisamment impressionnée par le déroulement de ce Blog. Un jour, en surfant sur Internet, Thomas risque de tomber dessus… Il lui suffirait d’aller en Archives… Mais s’il ne sait pas quoi regarder, cela pourrait peut-être lui demander des années.

J’ai le temps. Ici, sur terre, depuis six mois, des milliers de personnes sont venues lire ce que je raconte dans mon auto-psychanalyse, et personne n’a encore laissé de message…

Finalement je préfère. C’est plus rassurant comme ça. Je ne suis pas obligée du tout de répondre. Par contre, ce flou énerve Gauthier, et Frank. Depuis qu’ils se sont nommés « co-auteurs » du bouquin, ils voudraient que je cesse de le diffuser sur Internet. Ils pensent que quelqu’un peut nous copier et sortir un livre avant nous. Mais en quoi cela serait-il gênant ? On s’en fout ! Enfin moi. Pourquoi vouloir se protéger à tout prix ? Pour l’argent ?

Je ne suis pas très riche, mais j’en gagne assez pour manger à ma faim. Cela me suffit. Je ne vais jamais au cinéma, ni au théâtre, ni au restaurant. Je ne fréquente ni les bars, les boîtes, les hôtels. Je fuis les croisières, les garden- party, les galeries de peinture.

Je donne tous mes tableaux à un ami, pour qu’il en fasse ce qu’il veut. En attendant il les met dans sa salle de conférence. Je suis contente que cela lui plaise.

Je n’aimerais pas les lui vendre. Je déteste cette façon de marchander sur tout. Je trouve ça délétère.

Comme dans le futur, tout devrait être gratuit sur terre… les livres, les oeuvres… Les auteurs ne devraient pas se faire payer. Sans le dire à l’équipe, je continue à écrire la suite de l’histoire de la Ville Bulle, sur mon blog. Si quelqu’un veut le copier, le faire éditer, le vendre derrière mon dos et en faire des milliers de dollars, je m’en moque.

Une seule chose me déplairait. Ce serait qu’on dénature et salisse le projet en en trafiquant les textes, pour leur faire dire le contraire de ce que je pense. Transformer l’idée de liberté, en une propagande dualiste, sectaire et fermée serait catastrophique.

Voilà pourquoi, je vais déposer tout ce blabla à la SACD. Que quelqu’un veuille en tirer du fric, sans rien me donner, c’est son problème. Cela me plairait de voir que beaucoup de gens parlent du « vrai » futur. Mais, je souhaite que personne ne puisse en changer l’essentiel. C’est le principal.

Bon vent et à bon entendeur, salut.

En agissant ainsi, je crois retrouver mes jeux d’enfant sur la colline en compagnie de mes petits camarades, gosses de quartiers, bohémiens, mocos, caïras, beurs, métis, tous semblables à moi, avec nos vêtements sales, déchirés, en loques, nos genoux écorchés par les rochers et les ronces.

Il n’existait pas sur le Faron, entre les membres de la bande, de trafic de billes, ou de morceaux de chocolat. Je fuyais les marchandages et les trocs. Comme je proposais des jeux qui, bien que n’ayant aucune idée de valorisation, étaient plus fascinants que les classiques échanges d’objets concrets, mes codes de nonvaleur prévalaient.

Il est dix sept heures. J’entends que l’on carillonne au portail. Je n’attends pas l’équipe avant une bonne heure. J’ouvre la porte, mais une fois dans la rue, je ne vois personne. En courant, je fais le tour de la maison, d’une façon un peu ridicule, pour me retrouver nez à nez avec le plombier, ivre comme d’habitude, venant m’annoncer qu’il ne viendrait pas le lendemain.

Je lui rappelle qu’il ne devait venir que la semaine prochaine, mais la puissance de cette explication le dépasse et il part en hochant la tête.

J’ai une bonne heure devant moi. J’ai envie de continuer à réfléchir sur cette idée absurde, qui veut que tout ce qui est gratuit ne vaut rien. L’année dernière, au printemps, j’ai voulu faire une expérience sur le « don ».

J’avais décidé de m’installer tous les vendredis, de quinze heures à dix sept heures, dans le bois de Vincennes, sur un tabouret, pour peindre les silhouettes des passants. Par terre, à côté de moi, je disposais sur un grand tissu noir, des dessins et des tableaux, avec une grande pancarte, annonçant : « Choisissez gratuitement une oeuvre ».

L’expérience a dépassé tout ce que je pouvais imaginer. La plupart des gens, passaient en détournant le regard et en pressant le pas. Ils voyaient parfaitement l’ensemble de la situation, mais ayant peur de se faire arnaquer, après avoir jeté un coup d’oeil, ils traçaient leur route. Une personne sur vingt, s’arrêtait, examinait les toiles, mais sans me regarder.

Après quelques instants, je leur adressai la parole. Je proposai de choisir le tableau que la personne avait envie d’emporter. La plupart des passants, me souriait et repartait. Quelques uns seulement se laissaient tenter. En trois mois d’expérience, je distribuais environ une vingtaine d’oeuvres, deux à trois toiles par vendredi.

La plupart du temps, les acquéreurs étaient des provinciaux, des étrangers, ou des gens simples, des ouvriers… Les promeneurs « chics » et bourgeois, me fuyaient... Je n’entrais pas dans leurs normes du vrai bon goût. Quelques adolescents ralentissaient, pour se moquer de moi, gentiment. Mais dans l’ensemble, je ne regrette pas cette aventure. Quelles belles rencontres, et quelles incroyables expériences j’ai pu faire…

Exemple : Un vendredi, vers seize heures, une petite fille, accompagnée d’une grand-mère très bon chic, bon genre, s’est précipitée sur un de mes tableaux.

Elle le voulait, et trépignait. La vieille dame a refusé :

-- On n’accepte pas de cadeau de la part de gens que l’on ne connaît pas ! Vous êtes une secte ?

Toute personne qui ne comprend pas le fonctionnement d’autrui, en a peur.

Elle le rejette, la plupart du temps. Elle traite de secte l’ensemble de ces propositions considérées comme aberrantes. J’ai l’habitude de ce genre de réaction.

Mais ce n’est pas si simple, car parfois le groupe qui agit ainsi est bien une secte ! J’étais forcée d’accepter son jugement. J’entrais dans la partie de son jeu qui était logique :

-- Oui, vous avez tout à fait raison, madame. Ce peut être dangereux pour une petite fille, de parler à des inconnus. Mais les papiers de notre Association, que je peux vous offrir, au cas où vous voudriez savoir pourquoi je fais cette expérience, ne vous forcent pas à me donner votre adresse. Passé le mois de Juin, j’en saurai assez sur ce délicat problème du « cadeau », et vous ne me reverrez plus par ici.

-- Mamie, mamie, je « VEUX » ce tableau !! La petite trépignait.

-- Bon, d’accord, accorda la grand-mère. Mais le cadre est beaucoup trop beau. Au moins, prends-en un moins cher… Elle ajouta, en se tournant vers moi : Cela vaut de l’argent vos oeuvres ! Pourquoi faites-vous ça ?

J’eus beau lui dire que j’en avais plein mon atelier… que je n’en faisais rien… Elle n’en démordait pas. Finalement la petite fille eut le droit de repartir avec une petite toile plus modeste. En s’en allant, pendant que sa grand-mère me fixait d’un regard sévère, elle me glissa dans la main, un billet, sur lequel elle avait noté son nom et son numéro de téléphone.

Hélas, je ne l’ai jamais rappelée. Je ne pouvais pas désavouer la grand-mère en le faisant. Cette situation était déplaisante. Mais je ne pouvais pas faire autrement. C’est trop compliqué à expliquer. Surtout à une petite fille.

A l’heure actuelle, entrer dans la tête des gens, c’est comme arriver dans un magasin. Il y a des prix sur tout : « Serrer la main, cela coûte tant…. Sourire, offrir un verre d’eau, répondre à une question… », toutes ces actions fait de vous

un vendeur. L’acheteur doit avoir les moyens de payer. Il faut qu’il donne quelque chose en retour.

Sans quoi, cela « marque mal ». On se retrouve avec devant soi, la gueule du marchand à qui on fait perdre son temps. Les marchandages sont dignes de souks de bas étage :

-- Tu veux un bonbon ? Et bien, sois sage en classe. Je t’offre un bouquet de fleurs, mais tu me dois : « Tant », de reconnaissance. Tu désires un sourire ? Takakasker…

Le mois suivant, j’ai cessé l’expérience du « Don ». J’en savais assez. Et même bien plus qu’il n’en fallait. J’ai beau répéter que tout doit être gratuit, il y a un hic : C’est qu’ils n’aiment pas non plus, qu’on leur « donne… ». De quel droit ?

Au mieux, ils préfèrent prendre de force. Accepter un cadeau est une honte, un viol. Ils veulent avoir le choix. Si on leur donne, ils ne sont pas libres. Car ils pensent devoir quelque chose au donneur. Alors qu’ils ne réalisent pas, qu’ils ne lui doivent qu’un souvenir étoilé, brillant de légèreté. Ils n’ont pas vraiment tord, tout le temps, partout. L’attitude de la grand-mère n’était que simplement dualiste.

J’ai appris que pour beaucoup de gens, lorsque quelque chose est gratuit, au mieux cela ne vaut rien… et au pire, c’est pour cacher de vilaines intentions. Par contre, chez les personnes simples et très généreuses, le cadeau est reçu avec chaleur. Et du coup, il nous rend mille fois la valeur de ce qui a été offert.

C’est ce que l’on peut appeler l’effet boomerang. Lorsque quelqu’un que j’aime, me dit quelque chose de désagréable, cela me fait mal. Si je ne connais pas la personne, cela me fait rire. Je me moque de ce qu’elle peut me dire. Je préfère qu’elle ne sache pas qui je suis, qu’elle me lâche, qu’elle m’ignore, même si c’est pour penser du bien de moi….

Mais, cela ne m’empêche pas de continuer à penser envers et contre tous,que tout devrait être gratuit, les livres… les oeuvres… Voir plus haut.

On carillonne de nouveau à ma porte. Cette fois-ci, je reconnais le style de Frank. Je dois faire attention à ne pas lui soumettre ces dernières pages. Elles ne pourraient qu’être source d’explications houleuses. Je n’arrive toujours pas à leur faire comprendre, que ce que je veux… c’est « toujours » jouer…

Ne jouer toujours et seulement, que dans les garrigues de la liberté, cette liberté qui rejette toute attache, contrat, argent, moule, routine, et même toute question… Je suis venue sur terre pour rigoler et je ne veux rencontrer que des gens qui ont envie de s’amuser… A part les aides dont j’ai besoin pour survivre, les médecins par exemple... J’aime autant que lorsqu’il est nécessaire de me donner un bon conseil, ils le fassent sérieusement…


05/05/2011
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