L\\\'Enfant qui venait du futur

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Thomas, Samedi 9 Septembre 3009. 6h du matin.

Thomas, Samedi 9 Septembre 3009. 6h du matin.

(Euromarkinteractive.org), le seul journal trimestriel européen sur l'Art et la Culture

 

Ce matin-là, Thomas a été réveillé de bonne heure par Lister qui lui demandait de venir avec Léa et Milo, pour lui donner un coup de main. Le Centre de Gestion avait besoin de bonnes volontés.

Depuis quelques semaines, des informations débarquaient sur l'écran de contrôle, sans que l'on sache si elles provenaient de signaux dus au hasard, ou de vrais appels en recherche de contacts terriens. Brusquement, depuis la veille les choses se précisaient. La situation était en train de se corser.

C'est ce que leur expliqua Lister. A minuit hier soir, Charly et lui, avaient brusquement reçu un message crypté d'une durée de trois minutes. L'ordinateur central l'avait décodé très facilement.

Délivré, comme pour la Pierre de Rosette, en quatre langues, français, anglais, russe et allemand, il se répéta cinq fois avant de s'éteindre.

Toute la nuit, les deux adultes étaient restés de garde, les yeux et les oreilles en alerte. N'en pouvant plus de fatigue, ils avaient finalement fait appel à leurs assistants préférés.

Malgré leur jeune âge, les trois pré-ados, étaient les seuls ou presque, en qui ils avaient confiance. Or, le cas auquel la Ville Bulle se trouvait confrontée était délicat. Avant de le diffuser dans toute la Cité, ils préféraient prendre leurs précautions.

En effet, le texte reçu était hallucinant. Celui-ci disait en substance :

-- Ici, Commandant Senders, en mission sauvetage, à bord du  vaisseau « Espoir II », demande d'urgence une réponse terrienne, en vue d'atterrissage imminent. Contact prochain, pour repérage indispensable.

Thomas se demandait si ces informations étaient bien réelles. Mais Lister lui confirma qu'ils avaient la certitude que ce n'était pas une blague. Des terriens, situés dans une zone hors système solaire, étaient en train de les contacter du fin fond de l'infini.

Le message était envoyé d'une trentaine d'UA, (Unité Astronomique), soit plus de quatre milliards de kilomètres, l'équivalent de l'orbite de Pluton, en direction du système planétaire 55 CNC. La vitesse d'arrivée des textes codés, prouvait que le vaisseau se trouvait très loin de la Terre, et qu'il se rapprochait à vive allure.

Les trois jeunes remplaçants s'installèrent devant le grand écran de visualisation de l'espace. Les mouvements stellaires étaient simulés par des lignes ondulées, traduites par le « PC virtuel ». Lister et Charly allèrent s'allonger dans les deux cabines de repos, proches du poste de contrôle, laissant la place aux mains de leurs seconds.

Très vite, Thomas tourna son siège vers l'écran subsidiaire qui leur proposait la tranche d'archives correspondant aux époques charnières des années 2000. Le compte rendu était ardu. Dans les toutes premières pages, on se retrouvait face au démarrage du projet US, créé à la suite des fiascos des G7, G8 et G20 de ce début de millénaire. Les lignes défilaient, surprenantes de précision.

Le jeune garçon ne pouvait s'empêcher de prendre des notes, auxquelles d'ailleurs, il ne comprenait pas grand chose. La nouveauté des informations le troublait. Il n'avait encore jamais étudié profondément, cette période des années 2000. Le début du projet « US 2010 » réalisé avec les Mexicains, les Canadiens et les Equatoriens, comportait dix points principaux.

C'est ce qui ressortait d'un coup de fil donné en 2009, par un dénommé Stéphane Delpierre à son fils Gérard. Le message avait été enregistré par les PTT, à l'instar de toutes les communications téléphoniques d'alors. Il disait en substance :

1) Le but des travaux a été présenté aux Américains, comme étant la fabrication d'un filtre solaire, prévu pour lutter contre le réchauffement planétaire. Ce camouflage justifie un appel de fond, via les impôts. Il vise surtout à éviter des explications délicates vis-à-vis de la population. En réalité, le projet prévoit, en un premier temps, la sauvegarde de dix mille personnes sélectionnées pour être dirigées vers une étoile viable.

2) Une rampe de lancement de cent kilomètres de long, est construite près de QUITO en Equateur. Elle est orientée face à l'océan pacifique. La date de début de construction est prévue pour 2015.

3) Les avantages du choix de cet emplacement sont multiples.

Premièrement, pour obtenir un gain de vélocité maximum, la base de lancement est placée sur l'équateur. En effet, cet endroit se trouve juste là, où la rotation de la Terre est à son plus haut point. D'autre part, le coût de la main-d'œuvre y est très bas. Dernier atout, il n'y a quasiment pas de problème de réglementation avec les autorités. Un peu d'argent, plus une promesse d'aide pour résoudre les problèmes frontaliers avec le voisin Péruvien, suffisent.

4) La préparation du montage de la Fusée se fait en orbite, dans l'espace, à l'endroit précis appelé le Point Lagrange (L1). La « Satellisation », faite à ce point, est située à un million et demi de kilomètres, au point « d'équigravité » Terre/Soleil. Il est choisi pour une raison très simple : Il n'est pas encore encombré de satellites ou de débris.

5) Pour atteindre ce point « L1 », situé en orbite, le voyage dure quinze jours.

6) Le montage en kit des cent soixante quatorze éléments, se fait donc dans l'espace… et en orbite, au point « L1 ». La taille des éléments est de cinquante mètres de long, sur vingt mètres de large.

7) La fréquence d'un lancement par jour, comporte outre le matériel de montage de la fusée définitive, le nombre fixe de cinquante personnes composant le commandement. Les lancements, s'étalant sur une durée de six mois, draineront les allers-retours, d'environ dix mille personnes.

8) La propulsion est électromagnétique. Le moteur est remplacé par le corps de l'élément qui, au lieu de tourner, se trouve catapulté en ligne droite sur la rampe de lancement.

9) Une équipe de cinquante personnes, se retrouve ainsi en permanence dans l'espace, sur le site « L1 ». Le groupe vit trois mois dans les dix premiers éléments qui servent de lieu de vie. Par la suite, ces éléments vitaux, sont assemblés au reste du vaisseau.

Les membres du personnel qui ne sont pas cryostaser décollent de Cap Kennedy, de façon classique, et ils sont remplacés au bout de trois mois. Ces derniers sont eux-mêmes remplacés en fin de mission par cinquante nouvelles personnes. Il faut rajouter à ce nombre : « l'équipage, les scientifiques, les médecins, et les techniciens couvrant toutes les disciplines ».

10) Le lancement des premiers éléments, est fixé à la date de Mars 2026. Les dix mille personnes prévues pour le voyage sont alors hibernées. La mise au point d'une hibernation sans danger est prévue pour 2020.

L'envoi de deux cents personnes, se fait au moment du départ des premiers éléments. Les gigantesques moteurs à plasma de quinze mètres, sont assemblés et couplés en orbite.

Une rampe de neuf moteurs, à laquelle s'ajoutent deux autres rampes de huit moteurs, est positionnée. Placées les unes au dessus des autres, elles permettent, après une accélération de un pour cent par jour, d'atteindre la vitesse de la lumière en quatre mois environ. Un seul mois suffit pour assurer la décélération.

Les vingt cinq blocs propulseurs forment une figure de cent quatre vingt mètres de large sur soixante mètres de hauteur et cinquante mètres de longueur.

Les « soutes passagers » sont assemblées cinq par cinq, formant la figure de base carrée, d'un cube de cent mètres que multiplie cent mètres, sur cinquante mètres de long.

La dimension du vaisseau, une fois tous les éléments assemblés, est de cinq cents mètres de long.

La durée du voyage au seuil luminique (99,999999999 % de la lumière), va durer quatre ans, quatre mois, d'après les calculs Einsteiniens.

Pour le public, le but de l'expédition est la planète Mars. Mais le choix réel est l'étoile « Rigel Kantaurus A », du type « G2V », située à 4, 365 AL. Elle est donc en tous points semblables au soleil. Dans son voisinage immédiat, à un mois lumière, se trouve l'étoile « Rigel Kantaurus B ». Non loin d'elle, se place Proxima et sa ceinture de protoplanète localisée.

La chance de croiser une planète « terra morphe », ressemblant à la Terre, est grande. Sinon le voyage se poursuivra jusqu'à « 55 CNC », à quelques « 43 AL » de Proxima. Ce système comporte au minimum cinq planètes déjà découvertes dans les années 2000. Et il n'est pas exclu d'en rencontrer beaucoup plus.

La date du départ final, du point de montage en orbite, est fixée à environ trois mois après les derniers lancements, venus de la Terre. En 2027, les essais faits sur les propulseurs, les vérifications des différents ordinateurs de vol et du matériel embarqué seront devenus opérationnels.

Le voyage final, quittant alors définitivement le système solaire, s'effectue en vol linéaire piloté par ordinateur. Le réveil du personnel navigant hiberné, équipage et médecins compris, ainsi que celui des ingénieurs se fait automatiquement, dès l'instant où les ordinateurs de bord ont localisé une planète accueillante.

Sinon le voyage se poursuit. Le reste des passagers sera réveillé « progressivement », au moment de l'arrivée sur une planète favorable, et ceci en fonction du débarquement et des structures… préalablement aménagées sur le sol de cette nouvelle Planète nourricière. A la réception d'une réponse favorable de la planète choisie, l'ordinateur réveille le staff de la fusée.

Thomas n'en croit ni ses yeux, ni ses oreilles ! Il n'était jamais allé consulter les archives de ces années-là. Alors, d'après ce qu'il croyait comprendre, pendant que le groupe « latino – africain – européen », construisait la Ville Bulle, les USA envoyaient une fusée dans le cosmos, au risque de la perdre dans le désert infini des étoiles.

Ainsi, après le constat d'échec retentissant du G20, durant lequel tous les participants avaient admis que le sauvetage de la Planète était impossible, chaque groupe avait choisi une manière différente de préserver une partie de l'Humanité.

Et d'après ce que constatait Thomas, les deux méthodes avaient marché !

-- Vite, réveille Lister, crie Milo tout à coup… J'ai un message. Mais déjà Léa s'était précipitée.

Le texte qui défilait sur l'écran, accompagné du son de la voix du Commandant Senders, était le même que celui de la veille, délivré à minuit. On sentait que le contact était plus mécanique que charnel.

Pendant trois minutes, et en se répétant quatre fois, les paroles résonnèrent dans la cabine de contrôle de la Ville Bulle.

-- Où sont-ils ? Murmura Léa.

-- Ils nous rejoignent, répondit Lister. Leur trajectoire les dirige vers nous, à une incroyable vitesse. J'espère qu'ils ne vont pas nous percuter la Terre !

-- Tu penses qu'ils ont de gentilles intentions ? Insista Léa.

-- Je l'espère. Mais ce que je redoute, c'est qu'ils soient à des milliers d'années lumière…et c'est le cas de le dire… de notre façon de vivre et surtout de notre façon de penser.

-- Ils vont nous apporter de la violence ? Demande encore Léa. Elle semble la seule à être vraiment effrayée.

-- N'aie pas peur. La Ville a des défenses incroyables. Je ne pensais pas que nous aurions un jour, à nous en servir. Ce ne sont pas des armes de destruction que nous possédons ici, mais des moyens lénifiants... un peu comme des ondes calmantes. Je pense qu'il faut tout de même que je prévienne la Cité.

Je vais pourtant attendre encore un peu, pour ne pas affoler les foules. Et puis, rien ne dit que cette fusée va finir par nous rejoindre. Allez-vous coucher sur les lits de repos des cabines. Charly et moi, nous allons reprendre le quart.

Je suis quand même curieux de voir comment tout cela va tourner. Des « Terriens » revenus de l'espace… Ils vont être surpris de voir notre nouvelle façon de respecter la nature, qui exige de vivre en Bulle stérile, afin de nous couper totalement d'elle, par protection mutuelle. Les quelques peuplades de nomades, que nous voyons passer au loin dans la savane, sont aux antipodes de notre concept, comme du leur.

Les trois pré – ados, trop excités pour dormir, parlèrent encore pendant plus d'une heure, se répondant d'un lit de camp à l'autre. Et puis, finalement, le sommeil les prit. Jusqu'à midi, ils ne pensèrent plus à rien, rêvant seulement à cet infini cosmique, brillant au dessus de leurs têtes.

Quand ils se réveillèrent, les choses n'avaient pas changé. Le fameux Commandant Senders, crachait régulièrement son message de trois minutes, en quatre langues, de façon syncopée. Mais il ne semblait pas encore prêt à débarquer sur Terre.

Lister, leur conseilla de reprendre leurs activités normales. Il avait prévenu l'ensemble de la Ville des évènements en cours, mais d'une façon si rassurante, que personne n'avait semblé y prêter une véritable attention.

C'est ainsi que la vie continua normalement, encore quelques temps, dans la Ville Bulle. Le bonheur d'une vie harmonieuse, avec son ambiance chaleureuse et équilibrée, les entourait comme par le passé, jour après jour. Il n'y avait plus qu'à attendre la suite des évènements.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


06/05/2011
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