L\\\'Enfant qui venait du futur

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Lisbeth. Mercredi 16 Mai. La lettre de Frank.

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Lisbeth. Mercredi 16 Mai. La lettre de Frank.

 

 

           Je viens de tomber sur le petit mot que Frank m’a glissé dans la main en partant. Je n’y pensais plus. Il faut dire que le départ avait été mouvementé. Le Commandant lui ayant dit sa hâte de retourner sur l’Ile de Carpo. Il avait accepté de s’envoler dans son hélico.
C’est tout juste s’il m’avait dit au revoir.

 

           En me glissant maladroitement sur le pas de la porte, cette feuille de papier dans les doigts, il avait ri et je comprends seulement aujourd’hui, pourquoi. La lettre était un mot d’amour humoristique, comme il m’en avait déjà écrit, autant pour se moquer de lui, de ses origines de noblesse, de mon blog, que de moi, me surnommant comme d’habitude la postière du Village de Pilpil, petite bourgade située à l’Est de la Bastide, de l’autre côté de la vallée.

 

           A l’époque, une foule de petits copains débarquait de Pilpil tous les jours, pour nous rejoindre sur la face sud du Faron. Au nom de leur village, nous ajoutions par moquerie « Les Courgettes », à cause de la culture intensive qu’ils faisaient de ces cucurbitacées. Les gamins qui venaient tous les jours rejoindre notre bande de joyeux lurons, étaient tous des garçons. Dans le groupe que j’entraînais sur la colline, j’étais en effet la seule fille.

 

           Mais j’en reviens à cette fameuse épître dont l’en-tête annonçait la couleur.

 

LETTRE  D’AMOUR

 

           Adressée  à la postière du Village de Pilpil les Courgettes, par Frank Gontran, fils du Comte de Chambière. 

 

           --   Belle Scléranthe, Petit Namour, mon Ramour, Babour, Nounours, Cher Tamour, Tendre Hibiscus Laqué, Fleur de pommier sauvage, Ma Loviniou, dès mon retour encore lointain, je te guetterai derrière le Presbytère de la Tour Blanche, dans une folle attente, et je frémirai tel l’escargot frileux, prêt à siroter l’eau de ta baignoire prochainement savoureuse.

 

           Retrouve moi donc sur ton cher Faron. L’hélico de Bar sera à ta merci.

 

           Ah ma douce Fleur de Pommier sauvage, je savoure déjà le pli fabuleux de ton Genoux affolant. Viens seule. Je serai là pour deux. Nous écouterons, oreille contre terre, les sinistres piétinements, pour voir si le pas du vampire sort du cimetière placé derrière la Caserne des Pompiers de l’Avenue Sainte Anne.

 

           Je t’aimerai alors fantastiquement de façon respectueuse, ma Tétarde d’Amour, mon Nénuphar à poils ras, ma Zounounours, mon Indispensable, ma Tarteminou, mon Chacal Bleu, ma Vallée des Merveilles, ma petite Belette, mon Lardon aux œufs frais recouvert de son raffolant chapeau de beurre. Oh, oui.

                                                                                                                                                               

           Alors, je pourrai enfin t’offrir, cette femelle du cheval, façonnée de métal argenté rehaussé de rubis, que l’on appelle la Chevalière. Mais n’aie pas peur, Scarabée Girl, Babouche des Etoiles, Sensitive Tuyauterie de mon cœur…. Percé de tes fléchettes, je serai ton Bison Cendré couché par le respect, dans l’attente d’un nouveau contact. Et nous nous donnerons du « Vous », sans relents nauséeux.

                                                                                                                                                               

           Le coucou fera peut-être entendre ses quatre notes. Et la lune se mirera dans tes prunelles de fleur azurée… Ah ! Que j’attends avec impatience, de voir arriver ce fameux soir derrière ce Presbytère de la Tour  Blanche qui se penchera pour voir nos deux mandibules se brancher cosmiquement, pour une communion communicative, emplie de feuillages dorés.

 

           Je te le redis : Je suis ton pistil pour toujours… et mousse à tes pieds, je serai.  

 

           Signé : Camomille Poil O’Vert, simulé Gontran de Rien de plus que ce que voudra la Merveilleuse Comète Spiralante, que la mère de cette merveille des Mille et Mille Diamants, fit naître dans ce Monde arriéré, que les pauvres nains que nous sommes, n’arrivent pas à diriger. 

 

           La, dessus, un gribouillage informe simulait une signature. Derrière la lettre, une petite fleur violette parfumée avec frénésie, tomba. Je retrouvais bien là, une des folies créatrices de Frank, toujours prêt à me faire rire, comme d’habitude, même dans les instants de travail les plus sérieux.

 

           Et tout à coup, je me rendis compte que sa présence chahuteuse me manquait. Ce n’était pas le moment. Cette menace que me prédisait de nouveau Emilie, ne me disait rien qui vaille. 

           C’est alors que mon téléphone sonna.

 

 


16/05/2012
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