L\\\'Enfant qui venait du futur

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Les Delpierre Mardi. Paris. Avenue Kleber. Cabinet Muller.

 

 

 

 

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Madame Zelda Meir/Muller  était une personne charmante et très ouverte. Trop contente d’avoir des nouvelles de son ex-camarade de fac, elle ouvrit grandes les portes de son cabinet à Gérard et Maggy Delpierre. Enfin, il serait plus juste de dire de son appartement car, terriblement bousculée, elle ne pouvait les recevoir comme des clients normaux dans la journée. Le rendez-vous fut donc fixé au mardi soir. C’est vers 21 heures, que le couple de reporters arriva au domicile des Muller.

 

Zelda Meir, parapsychologue de profession, était aussi physicienne de formation, tout comme son mari le professeur Hans Muller. Ainsi, après avoir épuisé tous les sujets de conversation touchant Pat, son compagnon Gordon, et leurs deux enfants, la discussion arriva finalement à s’axer sur le chapitre de la parapsychologie.

 

-- Ainsi, d’après Pat, demanda Zelda, et bien que vous ne soyez pas parapsychologues  vous-mêmes, vous vous lancez à votre tour dans la littérature touchant la proprioception ? Je vais être franche. Je doute que vous soyez pris au sérieux par les gens de la profession. L’exercice est déjà périlleux pour mon mari et moi. Et pourtant nous avons une bonne réputation. Les livres que nous avons fait paraître sur le sujet, n’ont pas totalement convaincu nos lecteurs. Heureusement que j’occupe une Chaire à la Fac de Jussieu et que nous ne comptons pas la dessus pour vivre !

 

Gérard avait proposé à Maggy, de parler en premier. Après tout, les deux femmes avaient une amie commune. Cela ne pouvait que faciliter les échanges. Tout de suite Maggy protesta.

 

-- Détrompez-vous, chère Zelda. Nous avons lu vos livres, et nous les avons trouvés fort intéressants. Hélas, nous n’avons pas tout saisi. C’est pourquoi nous vous avons cherché à vous rencontrer. Vous savez que depuis quelque temps, il y existe un grand intérêt pour ce genre de littérature. L’approche de l’ère du verseau, sans doute !

 

Zelda eut un bref regard en direction de son mari, et un large sourire illumina les visages des deux professeurs. Hans prit la parole avec chaleur.

 

--  Merci pour vos compliments. Mais si vous aviez bien suivis nos discours, vous vous seriez aperçus que la venue de l’ère du verseau, ne nous préoccupe pas outre mesure. D’ailleurs, nous n’en faisons nullement  allusion dans nos ouvrages.

--  C’est exact, approuva Gérard. Pourtant pas mal de vos confrères ont enfourché ce dada. Ce qui, faute de donner de la crédibilité à leurs livres, a décuplé les tirages. Mais pourquoi n’en parlez-  vous pas ? Vous n’adhérez donc pas à ces hypothèses ? 

 

Zelda reprit la parole.

 

-- Nous… essayons de nous démarquer de nos collègues. Tout au moins de ceux qui, afin de compenser leur manque  de compétence, et pour augmenter leurs chances de tirage, surfent sur la vague de l’obscurantisme. Nous préférons, quitte à  être moins lus, être un peu plus crédibles.

 

--  Vous avez raison, approuva astucieusement Gérard. Nous vous comprenons d’autant mieux, que c’est justement pour votre sérieux, que nous voulions vous consulter. Comme vous le savez, nous avons rencontré quelques uns de vos confrères parmi les meilleurs qui nous ont éclairés sur certaines disciplines axées sur l’ésotérisme. D’après eux, vous seriez les plus aptes à nous expliquer certains points qui restent encore assez obscurs pour nous. Pour tout dire, nous aimerions connaître votre opinion sur la théorie thérapeutique élaborée par un certain Robert Desoille, sur ce que vous appelez le « Rêve Eveillé » qui serait une forme d’hypnose, n’est-ce pas ?

--  En effet, le « Rêve Eveillé » est notre principale activité. D’ailleurs, le cabinet que nous avons ouvert mon mari et moi, est basé sur cette discipline. Cependant, la technique du  « Rêve Eveillé » est loin d’être de l’hypnose.

--  Pourtant, insiste Gérard, si Desoille, dans les années 1930 a été le précurseur de cette thérapie, cette méthode a beaucoup progressé depuis, et il faut ajouter désormais, au moins deux variantes à ce procédé.

--  Bien sûr. D’abord, la méthode Desoille nommée aussi « Rêve Eveillé Dirigé », fut  enseignée au GIREP, le Groupe International du « Rêve Eveillé » en Psychanalyse. Il a été fondé par les élèves de Desoille. Puis, « l’Analyse Intégrative Rêve Eveillé, A.I.R.E » fut fondée en 2002 par Jean Marc Henriot qui met au point le « Rêve - Eveillé Restaurateur ». Et enfin, « l’Ecole du Rêve Eveillé Libre - EREL », créée en 2007 par Georges Romey parachève la doctrine du « Rêve- Eveillé Libre » de 1980.

 

Pour résumer, car cela serait trop long à tout vous expliquer en détail, lors d’un « Rêve Eveillé Dirigé », le patient est installé au mieux dans une position de relaxation totale, lui permettant d’atteindre un état de conscience intermédiaire, entre la conscience logique et le sommeil. Dès cet instant, le sujet est invité par le thérapeute, à expliquer le plus spontanément possible ce qui lui passe par l’esprit dans l’instant présent, et en donnant le maximum de détail sur la ou les images qui lui viennent, sur la forme, la couleur ou encore l’odeur. Bref, toutes les précisions possibles pouvant identifier ces visions, sont les bienvenues.

 

Le patient est alors prié par le patricien, de décrire le scénario que ces représentations lui inspirent, sans avoir jamais recours à la suggestion ni à aucune autre forme d’hypnotisme. Le sujet atteint alors ce que nous appelons un état naturel de conscience modifié.

 

C’est là qu’interviennent des divergences dans les différentes thérapies, du « Rêve Eveillé » mis au point par Desoille. Si le sujet n’arrive pas de lui-même à cet état de conscience modifié, le thérapeute peut aider, guider le patient à se mettre dans cet état, en lui fournissant des matériaux de base, d’où l’appellation de « dirigée ». Puis il guide le rêve du patient en lui suggérant une série d’images positives ou négatives.

 

Théoriquement, le praticien n’interprète pas ces premières impressions du patient, puisqu’elles lui ont été suggérées. Il doit attendre que le sujet réagisse de lui-même et enchaîne sur des visions qui lui sont propres. Cependant, l’influence première peut fausser le bon déroulement de l’expérience.

 

C’est donc pour ces raisons et afin d’éviter des phénomènes de pollution d’image, que quelques années plus tard, en 2002, Jean Marc Henriot crée sa propre école dans laquelle il enseigne le fameux « Rêve - Eveillé - Restaurateur ». Dès les premières représentations qui viennent à l’esprit de l’intéressé, le thérapeute lui demande d’associer ses visions à son vécu actuel, de trouver des liens pouvant relier ces images à son histoire personnelle et actuelle.

 

--  C’est cette thérapie que vous privilégiez ? Se permit d’interrompre Maggy.

--  Non. Plutôt la troisième école, celle fondée en 2007. Nous avons, Hans et moi, adhéré à cette façon de raisonner qui est le « Rêve Eveillé Libre ». Nous avons été séduit par l’efficacité de cette méthode. Elle repose sur la façon d’aborder la résolution des tensions nerveuses, des états dépressifs et des troubles psychosomatiques qui envahissent quotidiennement la vie des malades.

 

Durant le rêve, le sujet ressent des états émotionnels d’intensité variable en rapport avec les images qu’il visionne. Il est alors sous le signe du perçu, du ressentiment et il les retransmet au thérapeute.

                                                                                                                                           

Le « Rêve Eveillé Libre » donne un accès direct à la conscience profonde du patient, sans intervention du thérapeute, évitant ainsi les erreurs qui peuvent être créées avec les autres procédés. Nous obtenons donc une grande efficacité en procédant ainsi, et les chances de réussites sont plus élevées. Ce qui explique la réputation de notre cabinet !

 

Maggy se décida à intervenir de nouveau.  

 

--  En y réfléchissant bien, votre thérapie ressemble beaucoup à de l’hypnose ?

 

Hans Muller, vint au secours de sa femme en répondant un peu sèchement.

 

--  Oui et non. Les deux méthodes se valent d’ailleurs. Ma femme et moi, avons travaillé pendant des années sur l’hypnose. Mais nous avons une prédilection pour le « Rêve Eveillé Libre », car il est moins traumatisant. Comme le patient domine la situation en état conscient, il  se sent plus en confiance. Plus de conscience offre plus de sécurité, et la sécurité le rendant plus détendu, il se prête plus volontiers à l’expérience.

 

Par contre, avec l’hypnose, le patient est parfois si crispé qu’il est dans l’incapacité d’être hypnotisé. Cinquante pour cent des échecs de l’hypnose proviennent de l’appréhension du sujet. Alors que cette tension n’existe plus dans le « Rêve Eveillé Libre ».    

 

Zelda Muller reprit la parole.

 

--  Il faut cependant reconnaître que l’hypnose à des effets beaucoup plus rapides. En une ou deux séances, on obtient des résultats positifs. Alors qu’avec le « Rêve Eveillé », plusieurs séances sont parfois nécessaires.

 

Mais ce dernier a un grand avantage. Dès l’instant où la thérapie agit, les résultats sont bien meilleurs que ceux obtenus par l’hypnose. La séance de « Rêve Eveillé » révèle, la cause, l’origine du blocage ou de l’appréhension du problème. En même temps, la méthode sert de « THERAPIE »  Au contraire avec l’hypnotisme, une fois la cause trouvée, il va falloir adopter une thérapie.

 

--  Comment cela ? S’étonne Maggy.

-- Lors d’une séance de « Rêve Eveillé Libre », le sujet est son propre thérapeute. Il reste éveillé. Et comme il est conscient, il comprend très vite l’origine de ses difficultés. Il peut alors, apporter lui-même une solution à son problème. Sous hypnose, le patient n’est pas conscient. C’est le thérapeute qui sert d’intermédiaire entre lui et son problème. .

--  Que pensez-vous des théories du professeur Steven de l’I.M.I ? Pour lui, l’esprit serait une entité à part entière douées de vie propre, survivant à travers les entités du monde physique.  C’est-à-dire à travers nous ? Interroge Maggy.

--  C’est ce que  je  crois. J’adhère complètement à ces préceptes concernant l’origine de l’esprit. Je dirai même plus. Le « Rêve Eveillé Libre », mieux que l’hypnose, permet de  communiquer avec ces entités.

 

Après plusieurs séances, il se crée une osmose parfaite entre le patient et une quelconque entité. La mise en relation se fait de plus en plus aisément entre les deux, sans forcing, sans réticence. Une synergie librement consentie s’installe en quelque sorte, entre une entité psychique et une entité physique.

 

Maggy profita de cette explication pour interroger les Muller sur leur façon de voir, au sujet de  l’aventure vécue par leur amie Lisbeth. Le couple l’écouta sans l’interrompre une seule fois tout au long de ses explications. Puis Zelda proposa à Hans de répondre au sujet du problème présenté.

                                                                                                                                         

--  Il est certain que dans cette situation,  le « Rêve Eveillé Libre » ne soulèvera aucun  traumatisme dans ce couple entité/personne physique, en ce qui concerne le passé. Car en effet,  si j’ai bien compris il n’y en a pas. S’il devait y en avoir un, il se situerait plutôt dans le présent du fait de la personnalité du nouveau couple, vivant en symbiose avec les souvenirs de cette entité du passé. Suis-je clair ?

--  Oui, parfaitement. Si ce n’est que dans ce cas précis, le passé est un futur. Mais à par ce détail, vous nous avez  parfaitement récapitulé toute l’histoire.

--  Ce qu’il resterait à définir, sont les raisons qui ont fait que les souvenirs du couple situé dans le futur, se soient retrouvés mêlés étroitement avec celui du couple du présent. Car apparemment, l’esprit qui habitait le corps physique de cet enfant du futur, n’a pas suivi. Seuls les souvenirs ont été transférés, pas l’entité elle-même, à la manière d’une vidéo. Imaginons une scène  venant s’imprimer sur une autre séquence vidéo, comme en quelque sorte, un mixage des deux bandes.

--  Vous supposez donc professeur, que l’entité du futur se trouve toujours en couple dans cet ado de l’avenir ?

--  Oui. Tout laisse supposer que seuls les souvenirs ont transités, pas l’entité elle-même. Une thérapie comme le « Rêve Eveillé » ou « l’hypnose » ne serait pas en mesure de révéler la cause de ce transfert. D’après ce que vous nous avez dit, les souvenirs actuels concernant le passé de cette entité, sont clairs et nets. Donc aucune séance de « Rêve Eveillé » ou de régression sous « hypnose » ne pourra révéler quoi que ce soit de nouveau !

 

Maggy et Gérard restèrent silencieux. Apparemment leur recherche n’avait pas progressé.  Certes, ils possédaient maintenant assez d’informations sur tous ces phénomènes parapsychiques pour écrire leur ouvrage. Mais au sujet du transfert, ils n’avaient pas avancé d’un iota.

 

Voyant l’amertume de leurs hôtes, Zelda reprit.

 

--  Ne soyez pas déçus. Il vous reste une dernière possibilité. Si notre vision de voir les choses vis-à-vis de ces entités est la bonne, si vraiment elles existent, sous la forme de psycho - molécules sans masse, comme le prétend le professeur Steven, et qu’elles se déplacent un peu à la manière des neutrinos, il est possible aussi, que ces psycho-molécules soient l’équivalant de nos photons. Ils rempliraient le même rôle qu’eux. En réalité, ce ne serait pas les souvenirs eux-mêmes qui se déplaceraient, mais des  reproductions de ces souvenirs…. comme des photos ou plutôt des vidéos qui transmettraient la représentation de ces souvenirs. Aussi je vous conseille de vous rapprocher d’un physicien qui s’intéresserait à ce genre d’idées. Il serait plus en mesure de vous expliquer les raisons de ce transfert de souvenir.  

--  Merci beaucoup pour votre compréhension. Nous savions hélas, lorsque nous avons débuté notre enquête, que ce ne serait pas simple. Au moins, grâce à vous, nous revenons avec une foule d’informations qui nous serons utiles pour notre reportage. A ce sujet, pouvons avoir votre accord pour vous citer dans la préface ?

--  Absolument. N’hésitez pas à nous contacter de nouveau pour quoique ce soit. Les amis de notre amie Pat sont aussi nos amis. Nous vous souhaitons du succès pour votre enquête et pour votre livre.

 

Maggy et Gérard prirent congé des deux sympathiques chercheurs. Une fois assis dans le taxi qui les ramenait, ils se regardèrent avec découragement. Maggy, voulant réagir, prit avec un grand sourire, prit la main de son mari. Il faisait beau. Paris scintillait.  Ils avaient la vie devant eux, finalement.

 


01/12/2011
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