L\\\'Enfant qui venait du futur

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Lisbeth. 23 Heures. 7 Février 2009.

Lisbeth. 23 Heures. 7 Février 2009.

 

J'avais à peine fini de taper l'histoire des luttes de Bess avec les religions et la société, que Frank est arrivé. J'étais contente de me sortir de ce passage crucial et définitif. Après cet épisode douloureux, plus jamais, je ne fus tracassée par les problèmes célestes.

Avant de me remémorer la soirée que nous venions de passer Frank et moi, je note vite, de peur de l'oublier, ce qu'il vient de m'apprendre au sujet des nouveaux projets du Ministère de l'Education au niveau de l'orthographe. Je suis baba de découvrir que les candidats au bac ne connaissent ni la grammaire, ni le calcul. Une étudiante raconte qu'au cours d'un entretien, on lui a demandé combien faisait huit fois sept et qu'elle n'a pas pu répondre sans calculette.

Je ne peux m'empêcher de parler ici, de l'éducation de ma chère Ville du Futur. Je rappelle que les enfants doivent savoir lire, écrire, comprendre huit cents mots de base d'après le  ictionnaire du Futur.

Celui-ci s'accompagne d'un manuel de calcul du même nombre de signes et d'un de grammaire de même épaisseur. Si un écolier s'intéresse à un sujet particulier, il peut étudier le dictionnaire approprié. Ce n'est qu'en classe de sixième que chacun doit choisir une matière qu'il travaillera profondément et dont il pourra changer en cours de route.

Par contre je crois que l'actualité est en train de mettre en avant toutes mes idées, considérées jusqu'à présent comme un truc aberrant. Par exemple, depuis longtemps je parle de nourrir l'être humain comme les plantes, avec le gène de la photosynthèse, grâce à la lumière. Or les débats d'hier soir sur une chaîne de télé quelconque, portaient sur le problème de la nourriture bio, ou même normale, insuffisante pour toute la planète.

On va bien être forcé un jour, d'y venir à ces fameux clonages. Je repense à Thomas et à son époque. L'avenir de l'humanité et celui de l'individu dépendent de quoi ?Nous héritons tout d'abord des gènes de nos parents. Il paraîtrait même que nous possédons le gène de la mémoire Cela veut dire que j'ai en « stock » tous les souvenirs d'Adam et d'Eve, en admettant qu'ils existent. Puis naturellement, je possède aussi, en archives, les aventures de ma mère, de mon père, de ceux de leurs parents et en remontant jusqu'au début.

Avec les gènes, nous avons ce corps que je ressens comme étant « à » moi et non MOI. Il commence son existence avec l'inné et se transforme petit à petit avec l'acquis. Certains érudits pensent que l'astrologie a son mot à dire. Bien que les astres inclinent et ne déterminent pas, ils vont modeler soit-disant, l'individu qui va se débrouiller avec.

Il y a aussi la réincarnation, si elle existe… car je n'arrive pas à me prononcer, malgré les souvenirs d'enfance de Thomas. Et la chronobiologie ? On parle (je ne suis pas très au courant) de courants de force et de faiblesse, spécifiques pour chacun. Pour finir, on peut placer en dernier : la chance. Par contre, en l'an 3000, notre espérance de vie oscille entre deux et trois cents ans. Sauf si nous recevons une tuile… je veux dire un boulon, sur la tête.

Pourquoi ne parlons-nous jamais de tout cet attirail mis à notre disposition et qui nous fabrique cette base plus ou moins mouvante ? Lorsque j'ajoute que l'individu composé de toutes ces notions, est différent à chaque instant, alors là, c'est la totale.

Je ne sais pas si je vais dire dans ce blog ce que la France est prête à faire pour le démarrage d'une Ville du Futur et de la sélection des cellules de base pour le clonage de ses habitants. Ce savoir provient des informations que Thomas est allé chercher en Archives, dès l'âge de dix ans. Je vais en parler à Frank, bien qu'il me prenne comme les autres, un peu pour une folle.

Pourtant, je devrais dire qu'il est assez téméraire, lui aussi. Soit disant rationnel, équilibré, voulant rester dans la norme et l'ordre, il me suit pourtant dans toutes mes folies. Je l'avais rencontré il y a dix ans, à mon arrivée à Paris, dans le cadre de mon nouveau travail.

Après avoir compris que la peinture en tant que métier, n'était pas faite pour moi, vu tout le cinéma que cela entraîne, avec les efforts à faire pour obtenir une « côte » assez valable, parmi les meilleurs… plus tous les chichis et le reste, je me mis à bosser dans la communication et la presse.

J'ai vite eu quelques clients. Je m'occupais de leur promotion, de leur image de marque, d'évènements divers, etc. Comme Frank faisait le même boulot, nous nous sommes mis à travailler ensemble en permanence, ou presque.

En l'année 2000, j'avais retrouvé mon Professeur de Philo –Socio – Psycho qui m'avait reçue lorsque j'étais entrée en fac à Aix-en-Provence. Comme je lui décrivais ma fameuse théorie du « non-dualisme », traité dans l'instant, il m'avait répondu à cette époque là :

-- De près ou de loin, et depuis que le monde existe, je n'ai jamais entendu pareils propos sur une « conscience de l'instant ». Je déteste cette idée, mais comme une théorie de la discontinuité est toujours enrichissante qu'une théorie de continuité, continuez. Par contre, cessez tout de suite vos études. Vous perdriez votre temps.

Comme il avait créé la première chaire de Cybernétique en France et qu'il lisait toutes les thèses qui paraissaient chaque année, j'avais cru qu'il serait bien placé pour saisir ce que je racontais. Il comprenait, mais ce qu'il n'aimait pas dans mes propos, était dû au fait, qu'avec ma méthode, il faut tout remettre en question, à chaque instant.

Il ne voulait pas imaginer que l'ensemble de son travail, pouvait un jour être mis en doute, même par lui-même. Alors à chaque instant ! J'avais beau lui expliquer qu'il pouvait douter de ses travaux à midi et décider à midi une, d'y croire de nouveau et de les reprendre.

Mais il me répondait que si la moindre hésitation le prenait, il ne pourrait plus croire en lui. Or, plus j'insistais, plus il refusait d'admettre qu'il n'y avait rien de plus beau que de mettre sa foi en question et décider l'instant suivant de la remettre en place.

On peut voir par là, se dessiner la plus belle croyance qui soit. Par contre, ses nombreux encouragements, me redonnaient confiance en moi.

Bref, la sollicitude constante de mon vieux professeur m'a poursuivie jusqu'à Paris. Lorsqu'à Jussieu, il se mit à donner, un peu par défi en quelque sorte, des cours d'histoire de la Parapsychologie, j'entraînais Frank, dans cette aventure, tous les vendredis, de vingt heures à vingt deux heures.

Nous y avons rencontré des gens invraisemblables. Je parlerai ici entre autres des fameuses « ondes telluriques ». Un dénommé Hartman avait découvert il y a pas mal d'années déjà, que la terre était quadrillée sur toute sa surface, de losanges d'ondes de deux mètres cinquante, sur deux mètres.

Tous les vingt cinq mètres, la ligne de force est un plus forte. Tous les deux cents cinquante mètres, encore plus, et la suite n'en parlons pas. Aux croisements stratégiques, cela donne : Stonhenge, les menhirs, les Pyramides, etc.

A l'intérieur du losange, c'est très bon. Les chiens se placent, de préférence à cet endroit. Par contre, les noeuds sont très nocifs. Seuls les chats les adorent. Là où s'installe un félin, mieux vaut ne pas s'y mettre. Un soir, un Monsieur Férod, qui avait un nom prédestiné, vous allez voir pourquoi, est venu faire une sorte d'expérience dans notre cours.

Après un exposé savant, il nous exhiba une sorte de pendule en fer, de forme oblongue. Une petite soudure fixait une baguette rigide sur l'ovale métallique. L'objet était sensé repérer le tracé des ondes.

Au bout d'une heure d'explications, le conférencier nous demanda, quels étaient ceux qui avaient, présentement, un goût de fer dans la bouche. Sur la trentaine d'élèves inscrits en cours « d'historique de la Parapsychologie », nous étions une vingtaine. Dont moi.

Grâce à son détecteur, Férod nous montra que ceux qui étaient « ferrés » étaient assis sur des « nœuds », préalablement décelés avant le cours. Vingt chaises avaient été installés, pile sur les croisements. Les autres sièges étaient placés à l'intérieur du quadrillage.

J'étais baba. Frank n'étant pas assis sur un noeud, n'avait aucune aigreur buccale.

Accompagné des dix privilégiés confortablement assis au centre des losanges du quadrillage Hartman, il se moquait de nous, grassement de notre crédulité. Et pourtant, je le jure, j'avais bel et bien, un goût de fer dans la bouche…

Je raconterai plus tard, les autres expériences réalisées, soit à l'Association de Parapsychologie de France, soit au Centre Oniros, Siège du Rêve Mondial. Rien à voir avec le rêve éveillé, ou le rêve contrôlé des Pearlands Père et Fils.

Quand à l'Association de Télépathie, située Montagne Sainte Geneviève, nous eûmes beau nous y accrocher pendant un mois, les exercices développés « en aveugle », n'arrivèrent pas à meconvaincre.

Seuls le récis des aventures que la CIA et le KGB ont fait vivre à des animaux innocents, dans les années 1960, m'ont vraiment interloquée. Mais il y a trop à raconter. Je préfère rester dans le présent et j'en reviens à aujourd'hui. A ce matin, plus exactement.

Une certaine Madame Leroux, chronobiologiste Psy et chercheur au CNRS, voulait me rencontrer, après avoir entendu parler de nos travaux sur « l'Instant ».

J'avais appelé Frank pour lui proposer de venir au rendez-vous.

Il s'était montré très réticent, comme d'habitude et plus encore que je l'étais moi-même. J'avais beau lui dire, que nous ne risquions pas grand-chose en nous rendant à ce rendez-vous, il m'avait répondu : « J'arrive, fais moi un bouillon de légumes et on en parlera ».

Lorsque Frank a débarqué, il avait l'air énervé comme à chaque fois qu'il se trouve dans une situation qu'il ne maîtrise pas. En sirotant mon bouillon de légumes, il m'a dit que si je voulais m'embarquer dans n'importe quelle histoire trouble, il ne me suivrait pas.

Mais je n'ai pas plus envie que lui de donner suite à des propositions qui vont me coincer de façon évidente. Une fois que j'aurai la base des recherches sur l'Instantialisme, je ne pourrais plus faire illusion et je me couvrirai de ridicule, comme d'habitude.

J'expliquais à Frank, que je voulais surtout, comprendre leurs propres théories sur la chronobiologie et où ils veulent en venir.

Finalement il se rendit à mes raisons. Justement, il n'avait rien à faire mercredi prochain. C'est parfait…

Il passera me chercher. Et nous irons écouter la conférence de Madame Leroux, au bâtiment du Monde Arabe… le Monde Arabe s'intéressant énormément, paraît-il aux moments favorables et défavorables de la chronobiologie.

Deux verres de coca plus loin, je lui racontais les dernières facéties de Gautier et de ses expériences de survie en milieu urbain. Il me décrivait les /évènements qui l'avaient amené à se pencher sur la confection de notre nouveau site et de bêtises en bêtises, nous avons passé une bonne soirée.

Voilà pourquoi je me sens maintenant en pleine forme.

Lorsque mon invité est parti, j'ai repris mon blog, pour attaquer un chapitre sur Thomas. Quelle n'est pas ma surprise de voir, qu'en un mois et demi, il y a déjà eu 6.810 visiteurs. Mais aucun commentaire… Pourquoi ?


29/04/2011
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