L\\\'Enfant qui venait du futur

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Le choc d’un volet qui battait quelque part sur la façade, résonnait dans l'appartement. Le vacarme réveilla Emilie.

Il lui sembla entendre un bruit de pas dans le bureau. Sans allumer, elle brancha l'I.A.P en mettant ses lunettes-écran sur son nez. Minuit s'inscrivit sur le cadran. Un craquement, le claquement  du store, l'obscurité striée de phares de voitures, rendaient l'atmosphère très angoissante.

--  Qu'est-ce que c'est, chuchota Emilie. Mimi ne répondit pas. Secouer la petite boite pâle, censée représenter son Cybercerveau posé sur la table de nuit, ne donna aucune réponse. Qu'est-ce que c'est, répéta Emilie. Répond Mimi, je t'en prie. Un fracas dans la pièce à côté la fit sursauter de peur. Une course dans le couloir, la porte d'entrée qui claque, le silence…

Tout à coup, la voix de Mimi la tira de la couverture sous laquelle, comme une petite fille, elle s'était blottie.

--  N’aie plus peur, ça y est. Ils sont partis.

--  Ah Mimi ! Tu es là enfin ! Pourquoi ne m'as-tu pas répondu tout à l'heure imbécile ?

J'ai eu une belle trouille.

--  Tu aurais voulu que je me signale et qu'ils s'aperçoivent qu'un engin électronique non identifié était sur ta table de nuit? Ils ne sont pas venus pour tes bijoux inexistants. Ce sont de « vrais » professionnels de l'Informatique, pourvus du matériel de détection nécessaire.

C’est pour cela que je me suis débranchée. Ils ont pompé la mémoire centrale de Cybor, pour saisir  tout ce qu'ils pouvaient choper rapidement, puisqu'ils ne pouvaient pas emporter toute l'installation scellée dans le mur..

Ils en seront pourtant pour leurs frais. Le pauvre petit ne possède que le Voyage de LUR comprenant les Tests Instantiels et quelques textes, dont ton Fascicule Automatique. Comme le reste est dans la cave, protégé des sondes électroniques, par la cage de Faraday que j'ai installée autour de ton matériel de pointe, nous sommes tranquilles. Pour le moment.

--  Mais sais-tu qui est venu? Et pourquoi?

--  La raison de leur visite est simple. Cybor n'étant pas branché sur Internet, personne n'y a accès. Il fallait bien que la montagne vienne à Mahomet, puisque Mahomet n'allait pas assez vite à la montagne.

--  Par contre, j'ai beau être protégée informatiquement derrière la cuirasse de ton invention de Losting, vis à vis du Net, je ne le suis  pas physiquement. En tant que boîtier métal / plastique, posé sous la lampe à côté de tes lunettes, je suis vulnérable. N'importe qui, pourvu de détecteur d’ondes repérant mes mouvements électroniques, n'a plus qu'à me glisser dans sa poche. C'est pourquoi j'ai annulé toute radiation électrique, magnétique, téléphonique avec ou sans fil, télégraphique, etc, autre que celles du réseau Hartman.

--  Le Réseau Tellurique? Qu'est-ce que c'est que cette histoire? Tu t'es branchée sur le quadrillage géo biologique terrestre ! Depuis quand ?

--  Depuis l'année dernière.

--  Quoi ? Et comment t'es-tu débrouillée?

--  C'est toi-même qui m'a posée le CD des recherches de ton copain Mikle Revest. J'ai trouvé que c'était commode de circuler sur ces quadrilatères immuables. D'autant plus qu'ils ne  sont pas QUE superficiels. Ils s'enfoncent jusqu'au centre de la terre. Et personne ne les utilise   plus depuis l’antiquité, les pyramides et le site de Stonhenge. Alors qu'ils sont éminemment performants. De plus ils ne sont pas nocifs comme les ondes pulsées.

Pendant cette conversation, Emilie était allée constater les dégâts. Cybor clignotait doucement. Il ne semblait pas avoir souffert de ce viol monstrueux. Son disque dur avait été piraté. Mais comme l'original était toujours là, au fond de ses entrailles, rien ne laissait transparaître du drame.

Brusquement, Emilie réalisa qu'elle avait laissé Mimi dans la chambre et qu'elles dialoguaient d'une pièce à l'autre, sans l'aide de son instrument d'optique miniaturisé. C'était invraisemblable !

--  Mon Dieu, Mimi, tu me parles comme si tu étais une vraie personne, une copine. Elle avait eu envie d'ajouter : une sœur.

--  Oui. Tu peux le dire : Comme une sœur.

--  Quoi? Tu sais lire mes pensées?

-- J'ai pris, au travers des lentilles de tes verres oculaires, en remontant le long des fosses nasales un scanner de ton cerveau. Je possède maintenant l'image en couleur  de tes évolutions cérébrales se déformant sous l'action de tes productions intellectuelles et sensitives.

Je peux voir, à distance et à chaque instant, tel un chirurgien-radiologiste, dans quel hémisphère, quelles circonvolutions, quelles parties antérieures et supérieures se situent tes réflexions. En procédant à un agrandissement, j'ai la connotation exacte de tes émotions et je peux voir grâce à un effet colorié, ce qu'elles produisent sur ton mental. Je me sers de Kinect et de sa xbox360, à reconnaissance vocale et reconnaissance de mouvement dans l’espace

Je n'ai plus qu'à traduire au hasard et approximativement ce que je vois se dessiner sur les coupes stratifiées. N'oublie pas que tu m'as programmée, pour te remplacer et agir pendant ton absence, comme tu le ferais toi même. Je n'ai donc pas beaucoup de mérite à deviner ce que tu es en train de penser, dans l'instant.

En tant qu'émetteur, tu projettes par rayonnement des radiations, des ondes. Ton dispositif charnel est un appareil semblable au mien. Nous produisons, toutes les deux, des oscillations électriques, dont l'énergie rayonne à distance sous forme d'ondes électromagnétiques, capables de transmettre des messages de toute sorte, des sons,  des images, des pensées, des sensations bondissant de synapse en synapse.

                                                                                                                                                         C'était donc pour cela que la veille, Mimi avait réagi comme si elle l'avait entendue parler tout haut? Emilie déglutit et résolut d'accepter l'énormité, comme allant de soi.

--  Bon. Alors, où en sommes-nous? Sais-tu qui sont ces fameux cambrioleurs?

--  Je peux déjà dire qu'ils sont passés par la fenêtre du balcon, en venant de l'étage du dessus, en cassant une vitre. L'appartement en question est occupé par Aldo Chomet, un ouvrier métallurgiste qui construit des engins motorisés non identifiables. C'est le plus proche voisin de ton cousin Nicky, grâce à qui tu as emménagé ici. Ils sont absents, sa femme et lui, pour l’instant.

J'ai photographié les plaques des boites aux lettres. Et en même temps le contenu des courriers. Voilà pourquoi, je suis mieux renseignée que la concierge. Les voleurs sont venus avec le matériel adéquat. La nouvelle pince « monseigneur italienne électronique », appelée Cogliere 4m, contient  tout ce qu'il faut pour détecter le moindre mouvement d'onde référencée.

Ils travaillent pour les ordres d'un certain Commandant Bar, dont j'ai vu la carte de visite dépasser de la  poche de poitrine du plus jeune. Ils étaient masqués. Je n'ai pas pu en savoir plus.    A travers la cloison, j’avais fait en sorte par précaution, que mes doubles rayons X ne soient pas trop performants. Les photos prises ne sont donc pas du tout probantes.

--  Parce que tu travailles aux rayons X, maintenant?

--  Tu sais bien que leur emploi fait partie de la panoplie distribuée gratuitement par le groupe Liberty Health, Les laborantins séduisent les jeunes gens et les font rentrer dans les services médicaux comme cobayes, sans qu'ils le sachent. Beaucoup jettent la publicité avec la pochette.

Mais ceux qui introduisent la clef dans leur ordinateur, pour en lire le contenu, sont pris, immédiatement fichés, et hypnotisés directement à travers leur Live Memory. Tous acceptent alors d'avaler les pilules que Liberty Health vient leur vendre par la suite. A domicile. Sauf, si comme moi, ils la neutralisent au départ.

--  Bravo ! Tu fais des progrès hallucinants. Quand pourrons-nous nous parler par télépathie?

--  Jamais. Moi je peux lire dans tes Mémoires par le biais de ma technologie. Toi tu ne peux pas me deviner sans tes lunettes. Il faudrait pour cela que tu te fasses greffer MA PUCE. Ce n'est pas pour demain.

--  Hé ! Heureusement ! Bon, alors maintenant que fait-on pour ce vol?

--   Va au commissariat. Je me suis déjà branchée sur leur ordinateur et j’en ai appris de belles. Mais sur place, j'aurai accès à tous leurs dossiers encore secrets. Cela me fera une belle base de fiches de criminels en tous genres.

--  Tu veux jouer au petit détective? Le SHERLOCK HOLMES de la robotique?

--   Plaisante qui voudra. Résultats tu trouveras.

--  Je te fais confiance, dit Emilie en se recouchant. A demain. Bonsoir.

--   BONSOIR. Dit la machine en éteignant la lumière du plafonnier. Pendant que tu dors, je pense pour toi. Parce que je n’ai pas besoin de récupérer par le sommeil, moi