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Delpierre. Paris. Jeudi 01/10/2009. Découvre le Blog de Lisbeth.
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Delpierre. Paris. Jeudi 01/10/2009.
Ils avaient enfin fini par revenir à Paris. Les doutes que le fameux « GF9 »avait sur eux, semblaient s’être définitivement levés. Normalement, et d’après Stéphane Pullman, ils ne devaient plus rencontrer de problème. Un dernier détail les taraudait, Maggy et Gérard se demandaient « juste »… dans quel sens orienter leur enquête.
Arrivés la veille, ils s’étaient installés dans l’appartement parisien de Gérard. C’était un petit loft de quatre vingt deux mètres carrés, situé Rue d’Alésia, dans le quatorzième arrondissement à deux pas des avenues du Maine et Jean Moulin. Gérard aimait ce quartier. Il ne pouvait se décider à vivre ailleurs, lorsqu’il était sur Paris.
Il adorait tout particulièrement se promener au Muséum national d’histoire naturelle, plus communément appelé le Jardin des Plantes. C’est dans cet endroit, tout près de la Sorbonne où, jeune étudiant, il venait réfléchir et travailler. Dans la journée, il avait le choix entre le jardin du Muséum, ou le jardin du Luxembourg.
Et le soir, ses pas le dirigeaient plutôt du côté des bars du quatorzième. Le coin y était plus vivant et nettement plus convivial. Non qu’il s’abonna à la vie légère, mais le quartier attirait encore à l’époque pas mal d’artistes. Les soirées y étaient sympathiques.
Ils s’assirent sur un banc pour profiter des derniers rayons du soleil. Tout à coup, Maggy rompant leur silence, prit la parole et lui glissa d’un air taquin :
-- Savais-tu que nous avions avec nous un passager clandestin, dans l’avion qui nous a ramenés à Paris ?
Soudain inquiet, Gérard redressa vivement la tête.
-- On aurait été suivis ? C’est maintenant que tu me dis ça !
-- Oui. Et depuis plus d’un mois, il ne nous a pas quittés.
-- Comment ? Un mois ! Ton père nous a pourtant assuré que nous étions totalement tranquilles depuis notre retour d’Amérique du sud !
-- Tu sais, avec tout le respect que je lui dois, mon père, ne sait pas tout. Nos charmants « Baby-sitters », n’étaient d’ailleurs pas au courant non plus. Pendant que nous parlons d’eux, j’en profite pour te dire que nous serons obligés d’en changer.
-- Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Mais de qui parles-tu ? Bon dieu, accouche !
-- Tu tombes pile, justement ! C’est bien ce qui m’attend. Mais pour cela mon chéri, je crains qu’il nous faille attendre encore au moins huit mois comme tout le monde… si tout va bien… Oui. Tu as bien compris.
Delpierre la regardait bouche bée sans pouvoir dire un mot. Maggy le laissa digérer la nouvelle. En lui prenant la main avec amour, elle lui dit :
-- Qu’est-ce qu’on fait ? On y va ? Ou tu as l’intention de prendre racine ? Ici, dans le parc, c’est peut-être l’endroit idéal pour devenir plante… Mais un arbre avec un pardessus… tu risques de faire tâche dans le décor champêtre.
Gérard finit par se laisser entraîner sans dire un mot. Il suivait Maggy d’un air sombre. Celle-ci sautait, joyeuse comme une petite fille.
-- Tu sais mon chéri… en y réfléchissant bien… ce qui nous arrive n’est pas à proprement parler un exploit. Il paraîtrait même que cet événement touche des milliers, voir des millions de couples chaque jour.
Gérard avait complètement reprit ses esprits. Ce n’était pas tellement le fait d’apprendre qui allait être père, qui l’avait laissé déconcerté de la sorte… Il savait qu’un jour ou l’autre cela devait arriver. La surprise venait plutôt de la façon dont il l’avait apprise.
Maggy avait le chic pour annoncer les choses les plus importantes sur un ton banal… du style : « Tiens il va pleuvoir ! ». Ou bien : « T’as pas cent balles !».
Pourtant c’est fois, elle l’avait sérieusement prit au dépourvu. Il pouvait dire qu’elle l’avait littéralement « scotché », sur place. Et de plus, elle avait l’air ravie de son petit effet, comme un enfant content du bon tour qu’il vient de jouer.
-- Depuis quand étais-tu au courant de l’existence de notre petit hors-la- loi ?
-- Comment peux-tu parler de notre enfant en ces termes ?
-- Jusqu'à nouvel ordre, c’est non seulement un hors-la-loi doublé d’un clandestin, mais aussi un sans-papiers… Tu connais le sort qu’on réserve, en France, aux irréguliers ?
-- Tu dénoncerais ton propre fils ? ! Heureusement qu’il n’y a pas de prime à la délation. Sans quoi, je te prendrai pour quelqu’un de vénal !
Et Maggy avec un air moqueur se tut, faussement boudeuse. Gérard lui reposa la question plus sérieusement. Il voulait savoir, avec plus de détails le moment où elle avait été sûre de sa future maternité.
-- Quand tu as été malade à New York, j’ai été prise d’un doute. Et je suis allée à l’hôpital pour consulter. Cela devait faire bien faire deux bonnes semaines. Mais si tu ne veux pas de nous… mon fils et moi, car je suis sûre que ce sera un garçon, nous resterons en France et je demanderai l’asile politique….
Gérard ne put s’empêcher de rire et de la serrer contre lui. Ils décidèrent alors de revenir à l’appartement, car en cette période, la fraîcheur tombe aussi vite que l’astre du jour. Et ils leur restaient encore une bonne demi-heure de marche à pied.
Le vendredi 9 Octobre 2009, alors qu’ils étaient à Paris depuis déjà plus d’une semaine, et bien que Gérard ait alerté toutes ses connaissances, ils n’avaient toujours aucun résultat. Impossible d’obtenir le moindre indice sérieux se rapportant à l’Afrique, au clonage, et au « GF9 ». Ils n’avaient pu obtenir le moindre indice, le moindre renseignement. Rien.
A croire qu’ils avaient fait fausse route, et que toutes ces découvertes n’avaient jamais existé. Quatre mois déjà qu’ils enquêtaient sur cette affaire de construction Gabonaise. Il fallait croire que tous ces milliards investis en Afrique, ainsi que les tonnes de matériels acheminés au Gabon, passaient finalement complètement inaperçus.
Gérard décida de sortir les grands moyens.
-- Il nous reste peut-être une solution. Si nous voulons nous dépêtrer de ce bourbier, je pense qu’en s’adressant à Alexandre Clément, nous aurions une chance ! Ce n’est peut-être pas quelqu’un de très influent, mais c’est un personnage qui connaît beaucoup de monde et surtout beaucoup de choses. Et quand il ne connaît pas… il cherche et trouve.
-- Que fait-il dans la vie… mis à part le fait qu’il trouve ce qu’il cherche ?
C’est un indic professionnel ?
-- Il est « technico –consultant », à Roubaix, dans une société de conseils en projets. Il est même co-gérant de sa boîte. Ce qui l’amène à rencontrer une foule de gens, et ainsi de savoir « tout sur tout et sur tous ». Ce n’est pas à proprement parler mon indic, mais ses conseils sont toujours judicieux et plein de bon sens !
-- Ces consultations, il les fait payer cher ?
-- Nos rapports ne sont pas des rapports d’argent mais de franche camaraderie. C’est pourquoi, j’évite de le solliciter trop souvent. Il m’avait donné un bon coup de main lorsque j’étais jeune journaliste. Et c’est aussi grâce à lui si je travaille à « l’AFP ».
Sur ces bonnes paroles, Gérard empoigna son portable et appela Alexandre.
C’est vers huit heures, le lendemain matin que le couple partit rejoindre leur informateur. Il faisait un peu frais dans le nord en ce début d’octobre, Maggy et Gérard roulaient calmement sur la nationale. Ils prévoyaient d’arriver en fin de matinée chez Alexandre, juste à temps pour l’apéro. Ils avaient tout leur temps.
Leur hôte les attendait à l’heure dite et leurs retrouvailles furent plaisantes.
Alexandre était impatient de connaître enfin Maggy.
-- Alors voilà, la future maman ? Dis-moi Gérard, tu t’es complètement trompé en me parlant d’elle ? Elle est beaucoup plus belle que ce que tu m’as dit hier soir !
Ils déjeunèrent rapidement car Maggy et Gérard avaient prévus de continuer leur voyage sur le Luxembourg en longeant la frontière, mais sans entrer en Belgique. A la fin du repas, ils en arrivèrent au vif du sujet.
Alexandre les écoutait avec un grand intérêt. Il leur confia que cette histoire d’Afrique ressemblait étrangement à un journal tenu dans un Blog, sur le net. Il avait eu l’occasion de le consulter, sur les conseils d’un élu du gouvernement actuel.
-- Attends une seconde, je vais te retrouver l’adresse.
Lorsque Frank revint assez vite, une feuille papier à la main, il trouva le couple bien silencieux. Gérard regardait Maggy avec surprise. Etaient-ils enfin arrivés sur une piste ? Leur émotion était presque tangible.
-- Voilà l’intitulé des fameuses informations trouvées sur « Canalblog ». J’y vais de temps à autre. Ce « Blog » n’est pas mis à jour régulièrement. Il est écrit, comme le serait un journal intime. Mais j’ignore qui en est l’auteur. Nos élus, semblent l’apprécier aussi d’ailleurs.
D’après ce que tu viens de me dire, ils sembleraient même s’en inspirer ?
Mais comme certains de ces politiques sont encore en poste, tu comprendras ma discrétion sur la révélation de leurs identités. Je tiens, non seulement à mon job, mais aussi et SURTOUT, à ma tranquillité.
Gérard passa le papier à Maggy.
-- « L’Enfant-qui-venait-du-futur » ? Ce n’est pas inintéressant, ajouta Alexandre. Vous verrez par vous-même. Je crois que cela va répondre à vos interrogations.
Vers quinze heures, ils se quittèrent en se promettant de se revoir plus souvent. Gérard avait hâte de rentrer chez lui pour se précipiter sur Internet. Il se demandait ce qu’avait voulu dire son ami, en parlant de réponse à leurs interrogations.
En arrivant à l’appartement et pendant que Maggy préparait un thé pour deux, Gérard se plongea sur son portable. C’est alors qu’il entama, ex abrupto, la lecture de la plus fantastique histoire de tous les temps.
Et comble de surprise, c’était un récit dans lequel ils se retrouvaient, à la fois partie prenante et en même temps, lecteurs de leur propre aventure.