Lisbeth. Jeudi 29/09/2011. Pourquoi les migraines ?
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Il fait une chaleur épouvantable ! Je crois rêver… Il fait plus chaud qu’au mois d’Août.
J’en ai marre de bosser. C’est décidé, je vais traîner un peu. J’en profite pour repenser à Thomas. De temps en temps, je repense à ces moments calmes, raisonnables, joyeux pourtant, passés sur cette planète de fiction futuriste sur laquelle mes éducateurs du lendemain, m’enseignaient la tolérance de la communication ouverte et efficace.
J’avais peut-être une autre enveloppe charnelle à ce moment là. Mais cela n’a pas d’importance. Moi je suis toujours comme la petite fille qui pose des questions sur les affirmations floues qui se veulent catégoriques et qu’on lui impose sans raison logique.
Par exemple, je me répète : « Pourquoi est-on grande à trois ans et pas à deux et demi ou quatre ? ». Je ne sais pas. Je ne le savais pas à trois ans, et ils ne veulent toujours pas me le dire. Comment pourrais-je saisir leur charabia s’ils ne me l’expliquent que par des précisions à côté de la plaque ? Après tout je n’ai toujours que trois ans. Pour cette vie ci et pour toutes les autres s’il y en a d’autres…. Je ne suis même pas une fille, ou un garçon. Je suis moi. Et c’est tout.
Je n’ai pas encore de vraie réponse au sujet de tous ces problèmes « bateaux » de notre existence. Ne parlons pas de ces complications que posent les disciplines parallèles telles que l’hypnose, la transmission de pensée ou télépathie, les sorties de corps, dématérialisations, lévitations, « poltergeists » ou projections d’objets, opérations à main nue, propositions de vagues métempsychoses, sans oublier les tunnels lumineux des vies après la mort… J’en passe un paquet.
Tant de gens plongent dans toutes ces interrogations en disant apporter des « Réponses Véridiques ». En ce qui me concerne, mon attitude ne varie toujours pas. « Ni je crois, ni je ne crois », à des mystères qui trouveront sans doute leurs explications un jour.
L’électricité n’était-elle pas considérée comme un phénomène parapsychologique en 1800 et quelque ? Ma seule barrière se situe dans ma peur de me laisser déborder par une croyance qui ne prendrait racine que dans les propositions d’individus voulant m’imposer leur diktat sans condition.
Ne vient-on pas d’apprendre qu’une Université célèbre de Los Angeles enseigne à ses étudiants la lévitation ? Cela commence par de petits bonds du postérieur, jambes repliées. Si, si.
Il paraît que le décollage imminent va suivre illico.
Je suis fascinée par tous ces volumes pleins d’histoires, moitié science fiction, moitié récits soit disant authentiques. Je ne vais pas plus loin, même si des personnes dignes de confiance me poursuivent pour que j’expérimente leurs méthodes. J’accepte d’écouter, pas de m’engager.
C’est ainsi que vers l’âge de dix huit ans, alors que j’avais quitté ma ville natale pour la capitale afin d’y gagner ma vie, je me trouvais confrontée par force, aux médecines naturelles qui, souvent, n’ont de naturel que le nom. Jusque vers mes seize ans environ, j’avais joui d’une santé parfaite. Pas un jour de lit depuis ma naissance, pas une douleur de dent, pas un gramme de fièvre. Les maladies infantiles passaient au dessus de ma tête, totalement inaperçues.
-- Tu n’as pas mal aux oreilles? Me demandait ma mère en apprenant qu’une épidémie d’oreillons ravageait l’école.
-- Pas du tout ! Répondais-je, agacée que l’on m’interrompe dans mes occupations. Je repartais jouer, en pleine forme, jusqu’à ce qu’elle m’attrape, pour appuyer derrière mon menton afin de vérifier que le gonflement qu’elle avait aperçu était bien réel.
J’étais tout de suite mise en quarantaine, après avoir sans doute contaminé toute la classe depuis plus d’une semaine.
J’ai eu une enfance si exempte de souffrance physique que l’arrivée brusque de douleurs imprévues dues à des migraines, me stupéfia. Je les pris immédiatement en grippe. Avec mon énergie habituelle, je m’attaquais au problème, refusant à l’inverse des autres membres de ma famille atteints de la même maladie, de m’avouer vaincue.
Mais personne ne peut soigner une migraine. Même ma Granie qui savait ce que ce mot voulait dire avait renoncé. Pas moi. J’avais cependant de quoi me faire une idée de la chose. Ma mère et les autres femmes de la famille, en remontant vers Eve d’un côté, et Adam de l’autre.
Mon père et ses aïeules, ma mère et les siennes, se rejoignaient en tir croisé dirigé sur ma tête. Toutes ces victimes réunies en cohabitation de grands malades épisodiques et UN seul homme (essayant de cacher cette tare, en tant que mâle), supportaient leur mal avec fatalité. Sauf moi.
Ceux qui savent ce qu’est une migraine me comprennent. Les autres ne peuvent imaginer ce que c’est que d’être en pleine forme à midi moins cinq et à midi, de tomber littéralement par terre, la moitié de la tête explosée, (d’où le nom de Mi - graine), l’œil gauche rendu en une seconde aveugle sous des coups de poignards flamboyants et l’estomac saisi par un mal de mer intense pour vingt quatre heures ou plus.
Puis brusquement, le lendemain, vers quatorze heures, alors que vous êtes dans le noir ABSOLU, depuis la veille, une poche de glace sur le front, avec des frissons nauséeux qui vous poussent à vouloir mourir très vite, TOUS les malaises se dissipent en une seconde et vous vous levez avec une furieuse envie de choucroute, de danse endiablée avec sono à donf et une soif de vivre, passionnée à l’extrême.
La renaissance est spectaculaire. D’accord. Mais le souvenir de l’enfer précédent ne s’efface pas. C’est pourquoi, après avoir découvert qu’aucun cachet, même dangereux, n’arrivait à me soulager, j’essayais les médecines parallèles, avec « Précaution ».
D’abord, il y eut les aimants. Alors là, les aimants, vous ne pouvez pas occulter leur efficacité ! Les poilus de la guerre de quatorze s’entouraient la taille de fil de fer pour faire passer leurs douleurs dues aux stations prolongées au fond des tranchées inondées ! Tout le monde en était enchanté !
Pas moi. Ni les aimants, ni la métallothérapie, ni les bagues d’un Monsieur Pochet éminemment sympathique par ailleurs… ni les boules à pointes que l’on se promène sur le front ne réussirent à me guérir.
J’essayais le « Training Visuel ». Allongé sur une chaise longue hyper confortable, on ferme les yeux. Des flashs colorés viennent frapper vos paupières pendant qu’une musique douce accompagne des paroles apaisantes diffusées dans les écouteurs. C’est super. On y resterait des heures. Malheureusement, bien que très agréable, la méthode ne fit aucun effet sur mes migraines.
Je rencontrais le « Rêve éveillé ». Le célèbre professeur qui avait mis au point cette pratique « Révolutionnaire » voulut bien voir, après recommandation, s’il pouvait me prendre comme patiente. Mais la première rencontre se passa très mal. Il me reçut avec son assistant dans son cabinet personnel. Jusque là tout allait bien. Etendue sur le divan je dus raconter, yeux fermés, ce que je voyais se dérouler derrière mes paupières. Mon imagination, toujours ravie d’être mise à contribution, s’emballa aussitôt.
-- Je suis dans un désert.
-- Bien, bien, disait le professeur, content de mon démarrage foudroyant.
-- Je marche. La nuit tombe. Je vois des ombres. J’ai froid.
Aussitôt je fus recouverte de couvertures.
-- J’entends des bruits. Derrière la dune, je vois dépasser une tête de dromadaire... ou de chameau… qui me parle. Il me propose une promenade sur son dos, à condition que je lui raconte une histoire et plus particulièrement l’histoire des trois petits cochons qu’il adore.
A ce moment là, ma couverture me fut brusquement arrachée et le professeur hurla dans mon oreille d’une voix courroucée :
-- Mais vous vous foutez de moi ! Qu’est-ce que c’est que ces conneries que vous nous dégoisez ? Dehors.
Je me souviens avoir été très choquée. Je trouvais peu professionnel, médicalement parlant, de tirer brutalement une patiente, de son rêve éveillé, au moment le plus palpitant de l’histoire. J’avais envie de savoir ce qui allait se passer ensuite avec le chameau et tout ça.
Et voilà que j’étais jetée à la rue, sans explication. Déçue, désorientée même, je me demandais ce qu’ils auraient voulu que je leur raconte exactement ? Qu’ils me le disent, ce sera plus simple. Après tout, cette histoire de chameau était passionnante. Et j’y avais cru.
C’est alors que je passais au cran supérieur en allant voir les médecins Parsant, père et fils, rendus célèbres par une méthode qui me parut sans danger, car présentée comme une sorte de décontraction relaxante. Le titre de leur livre disait explicitement que nos malaises physiques viennent des incompréhensions, rencontrées dans notre enfance.
Pour échapper à ces pièges, la mouvance très tendance d’une « vidéo-gestalt-thérapie » ou « VGT », propose de faire percevoir et décrire par l’intéressé, les messages inconscients que son corps envoie à l’entourage.
Il était bien spécifié, qu’à aucun moment, le sujet n’est hypnotisé. Au contraire, il peut à tout instant, interrompre la séance qui se passe sur un divan. Le Directeur de la cérémonie compte un, deux, trois. Confortablement couché les yeux fermés, à l’affût de tout souvenir, le patient décrit ce qu’il voit au fond de lui. Il n’a cependant qu’à lever la main pour arrêter la recherche.
Bien que n’étant pas fana à l’idée de replonger dans un passé que je jugeais fabriqué pour les besoins du présent, pour et par l’instant, je tentais l’expérience. De plus, les deux médecins étaient tout à fait sympathiques. Je commençais avec le fils.
En fin de séance, la thérapie se complète de vidéos prises en pleine action. Le patient, sorti de sa position horizontale, voit en même temps que le thérapeute son visage sur l’écran. Il découvre alors en direct, au travers de ses grimaces, l’expression des « FORCES » qui s’opposent à sa volonté de guérison. Puis on lui repasse la scène une deuxième fois en différé. Là, il découvre ces yeux exorbités, cet air hagard, qu’il avait eu au sortir de son rêve éveillé.
A la première séance, alors que je venais juste d’entrer en relaxation profonde, mais toujours consciente, je me découvris en train de ramper dans un tunnel sombre pour arriver en pleine lumière, face à un œil inhumain qui me regardait sans amour et qui me rappelait quelque chose. Je n’aimais pas ça du tout. L’illustration parfaite de tout ce que je redoutais était là : « être considérée comme une marchandise et non comme un individu ».
Toujours sous légère semi-hypnose, je décrivais en même temps la scène à Frank Parsant, y ajoutant quelques petites larmes et un grand froid dans le dos. Le thérapeute m’encourageait d’une voix traînante, avec des « oui et après ? »
Puis je levais la main pour faire cesser la séance, comme il était demandé de le faire dans les consignes de départ, dès qu’on en avait marre. Le thérapeute compta alors à rebours : « trois, deux, un ». Je soulevais enfin les paupières sur son claquement de mains.
L’image était naturellement trop significative ! Il m’expliqua que je venais de revivre ma naissance. J’étais d’autant plus prête à le croire, que derrière la tête de ce qui me semblait être la sage femme, j’avais aperçu dans un coin, un morceau sculpté de l’armoire de la chambre de ma grand –mère. C’était là que ma mère prise brusquement de douleurs, avait accouché sans crier gare et sans attendre le médecin. C’est une preuve, non ?
Je reconnus que l’expérience était troublante. Mais je gardais, comme à mon habitude, un millionième de doute. Ce qui rendait l’aventure encore plus excitante. En effet, et si c’était la naissance d’un voisin que j’avais revécu par personne interposée ? Ou la projection privée sur ma rétine d’un film déjà existant, diffusée par moyens inconnus ? Ou encore, je ne sais quoi d’autre ? Oui. Pourquoi pas ?
Venez me le dire.
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