Delpierre. Venise. Lundi 15 Juin 2009.
Delpierre. Venise. Lundi 15 Juin 2009.
Arrivés à Venise dans la matinée, Gérard et Maggy en ont profité pour visiter la Cité des Doges, flânant et déambulant entre les canaux, comme de simples touristes. Ils n’espéraient pas de nouvelle de Pat avant le soir. Ce n’est qu’en fin de journée, juste un peu avant vingt trois heures trente, qu’elle se manifesta, au sujet du choix de l’Equateur, comme éventuel lieu de décollage. Et en effet ! Ce qu’elle leur annonça, leur fit l’effet d’une bombe ! Il s’agissait bien d’un emplacement de lancement en direction du Pacifique, pour une mise en orbite, sur un endroit « TRES » spécial, nommé « L 1 », ou : Point de Lagrange numéro 1. Sur les 5 points Lagrange existants, ce point se trouve situé à une altitude d’un million et demi de kilomètres, « L 1 » se trouve être le point d’équigravité « Terre/Soleil ». Après avoir échappé de justesse, à un cours de « géométrie spatiale », ou « géométrie dans l’espace », ils apprirent de Pat, qu’effectivement la NASA avait bien négocié un accord avec les équatoriens, pour y aménager ce « pas de tir », destiné à acheminer des envois au point « L1 ». L’emplacement prévu se trouvait très exactement, à quelques kilomètres de Quito, la Capitale, en direction de l’Océan. Il s’agissait là d’un type nouveau de lancement. Avec une rampe de cinquante kilomètres de long, s’éloignant en direction de la côte, la Fusée survolerait alors le Pacifique. Le décollage serait d’un type très révolutionnaire. Il n’y aurait pas de propulseur. Seuls, quatre moteurs directionnels permettraient l’approche finale. L’impulsion de décollage serait magnétique. Tous les cinquante mètres, un aimant très puissant, accélérant la fusée, en la repoussant sur la rampe, la catapulterait, chaque fois un peu plus vite, comme le font à Genève, les particules dans l’accélérateur du CERN. Les explications de Pat étaient abondantes. L’essentiel ayant été dit, Maggy lui coupa finalement la parole, afin d’éviter d’y passer la nuit. Quoique le public américain ne soit pas encore au courant, il ressortait de cette information que la base avait une existence légale. Cette technique, bien que la mise en place soit assez onéreuse, se voyait très vite rentabilisée, par le gain fait sur le lanceur. La maintenance en était simplifiée, ce qui baissait nettement le coup de revient. Autre avantage : le choix du pays. Outre son emplacement privilégié, la main d’œuvre équatorienne était plus que bon marché, le Gouvernement n’étant pas trop regardant en ce qui concerne les conditions socioprofessionnelles… L’accès maritime aurait déjà été aménagé… L’aéroport se trouvait à deux pas… Tous les ingrédients étaient donc réunis pour des « tirs » très économiques. Un seul point d’interrogation : Pourquoi réaliser ce projet relativement coûteux, en pleine crise économique ? Cela semblait vraiment incohérent. D’après les infos de Pat, la NASA n’en serait même plus le maître d’œuvre ! Seule une division, nouvellement créée serait déléguée par elle, sur place, au titre de « consultant permanent ». Mais alors, pourquoi former une nouvelle cellule, si le site de Cap Kennedy était appelé à disparaître ? Les infos du père de Maggy, n’étaient guère plus explicites. Les tuyaux obtenus par ses amis politiques étaient plus sombres que de l’encre de chine. Depuis le début de l’année, les conservateurs se trouvaient plus ou moins écartés, et loin des arcanes du pouvoir. On pouvait imaginer que ce fameux projet de protection du réchauffement planétaire était en réalité un leurre. Une étude aurait été proposée au Gouvernement Bush fils pour envoyer des fusées containers remplies de milliers de filtres solaires et expédiées au point « L 1 ». Ces filtres, positionnés en orbite géostationnaire, alignés sur l’axe de la terre, devaient permettre de « défléchir » une partie du rayonnement solaire… Mais le projet aurait été détourné. Le Gouvernement ne pouvait plus prendre en charge « seul », les frais d’une telle entreprise. Il aurait donc choisi de négocier un cofinancement, avec une société de fonds privés. Une entente d’économie mixte aurait alors été créée. Depuis lors, ayant perdu le contrôle de cette Société, l’Etat limiterait son action à une contribution financière, par le biais de prélèvement fiscal. C’était donc ce qu’il tentait de faire passer en force, au Congrès. Cependant, le but du projet ne serait plus tout à fait, la mise en place de ces filtres solaires. Comme la construction de la base se poursuivait, les hypothèses allaient bon train, et rien de bien tangible n’en sortait. Maggy et Gérard se promirent d’aller faire un tour en Equateur, pour tenter d’en savoir plus sur ce sujet brumeux. Mais avant, ils décidèrent de se rendre en Norvège, histoire de savoir si, les dirigeants du silo nordique de graines, savaient qu’ils avaient fait des émules. Ils firent une courte halte à Paris, pour permettre à Gérard de s’outiller auprès de ses employeurs, et de s’armer de tout le nécessaire du parfait caméraman. Maggy, pendant ce temps fit quelques emplettes, sur un terrain qu’elle connaissait bien. Elle avait tellement l’habitude d’y faire ses achats de garde robe, se déplaçant un peu comme chez elle, d’une boutique chic à l’autre, que les vendeuses la reconnaissaient au premier coup d’œil. Après s’être renseignés sur la météo d’Oslo, qui annonçait une température de moins 13°, Gérard passa chez lui pour prendre des vêtements appropriés. Ils avaient décidé, d’un commun accord, en s’embarquant pour la Norvège, de jouer la comédie du reportage, et ainsi de justifier l’emprunt du matériel… Façon honnête en somme d’en faire bénéficier l’AFP. Et le mercredi, ils s’envolaient pour Oslo, par le premier avion.
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