L\\\'Enfant qui venait du futur

Déc 2008, 11 h du matin. NADS (suite)

Pourtant, elle tourne et elle a tourné, cette monnaie parallèle. Combien de fois, quand, où ? Pourquoi ne nous révolterions-nous pas, nous le Peuple, contre ce mépris de notre travail, des ressources de nos campagnes, de nos cerveaux ? Ce ne sont pas les billets de banque qui nous nourrissent, mais des pommes de terre.  Je reprends mes notes :

 

            .1) En 1789, les Assignats de la révolution française permettent à la nation de survivre. Ce ne fut rien d'autre que d'authentiques billets monétaires, auxquels on attribua comme couverture les anciens biens du clergé confisqués au profit de la nation. Toujours en France, même cause, même sauvetage, mêmes effets en 1751 / 1848 / 1864.

                                                                                                                                                           

            .2) 1932 : Expérience vécue par Worgl, une petite ville du Tyrol Autrichien. A ce moment    là, la grande dépression économique touche de plein fouet l'Europe avec son cortège de détresse. Worgl n'échappe pas à la règle. Soixante pour cent de ses habitants sont des chômeurs. Les impôts ne sont plus payés depuis longtemps. Les rues sont laissées à l'abandon : trottoirs défoncés, lampadaires cassés, canalisations d'eau éclatées. Tout est dans un état lamentable. Il fallait donc supprimer le chômage ou mourir. Le Maire, Monsieur Untergunberg décide alors de réagir énergiquement. Le livre de Gesell « L'Ordre Economique Naturel » le frappe particulièrement. Il contacte son auteur.

                                                                                                                                                            

            Celui-ci lui explique d'une façon lapidaire qu'il ne peut y avoir d'activité sans profit, ni      de profit sans échange et pas d'échange sans circulation constante de la monnaie. Ainsi donc, plus l'argent tourne, plus la prospérité s'accroît. Malheureusement, en temps de crise, les gens ont tendance à vouloir thésauriser. C'est à dire immobiliser les billets de banque et les entasser sous   les matelas. Cette façon de faire provoque un ralentissement des échanges, une baisse de la consommation qui entraîne la fermeture des commerces et des usines. Résultat : misère et famine…

Pour retrouver le plein emploi et un pouvoir d'achat maximum, il faut simplement pénaliser l'immobilisation des numéraires.

 

            La crise économique et monétaire mondiale ou presque, accule le Maire de Worgl. Elle le pousse à tenter l'expérience. Avec l'accord de  la Banque Communale, il émet des billets à timbres de 1 et de 10 schillings, portant douze cases qui figurent les mois de l'année. Le dernier jour de chaque mois, le document doit être affranchi par son possesseur, d'un timbre de 1% de sa valeur. Il n'est utilisable d'un mois sur l'autre, qu'à cette condition. Ce timbre impose ainsi une taxe obligatoire à l'inertie.

 

            Il n'y a donc aucun intérêt à thésauriser une fortune qui se détruit à vue d'œil. Au contraire, il faut s'en débarrasser rapidement pour ne pas payer ladite imposition.  A Worgl,  cette façon de faire, allait instaurer une vitesse de circulation maximum des ressources. On vit même un billet passer quarante fois de main en fin de mois. En effet le Maire, engagea grâce à cet argent, sa multitude de chômeurs pour l'entretien de la ville. Les employés de la Mairie et lui-même, furent payés avec ces billets. D'abord réticents, les commerçants et les industriels acceptèrent petit à    petit ces effets. Cette décision amena une véritable reprise économique qui permit aux habitants     de restaurer les infrastructures et même de payer des retards d'impôts de plus de deux ans.

 

En une petite année, la ville installe sept kilomètres de route. Les rues se mettent à ressembler à des autostrades. On construit une piscine, une piste de ski. Le système de canalisation est développé. La forêt est reboisée. Un pont en projet depuis 1925 et qui n'avait pu se réaliser faute de moyen, malgré l'abondance d'alors, rejoint la ville voisine. Il existe toujours avec une plaque indiquant : « Cet ouvrage a été fait avec de la monnaie de singe ». 

                                                                                                                                                            

            Contrairement à ce que l'on pourrait croire l'inflation, c'est à dire l'émission anarchique des bons-valeur entraînant une hausse des prix ne se fit pas sentir. En effet, un schilling émis en chèque fondant avait son équivalent en argent légal, déposé en couverture à la Banque. Comme chaque feuille à timbre circulait à la place du schilling, il n'y avait pas de double emploi, donc pas d'augmentation artificielle du nombre des unités monétaires.

                                                                                                         

                                      

Malgré cela, l'Etat Autrichien et plus précisément la Banque de Vienne déposa une plainte contre la commune. Motif : « Atteinte à son privilège d'émission de billets de banque ». Le Maire et ses Elus contre attaquèrent en se basant non sur les résultas acquis par le système, mais bien sur les moyens employés. Worgl fut contrainte par l'Etat de cesser d'émettre ses billet de travail, au bout de quinze mois seulement d'expérience. Très rapidement, la Ville connue dans le monde entier pour cette innovation retomba dans le marasme.

 

                                                                                                             

 La même histoire se reproduisit en 1956 à Lignières en Berry. Au bout de trois ans      de prospérité,  grâce à la mise en route par l'initiative de deux commerçants,  de  «  Billets          à Ordre »,  la Banque de France, soutenue par de Gaule qui sortit de son képi une loi que personne n'a pu retrouver, porta plainte. Aussitôt, la petite ville retomba dans la misère.

 

 

    L'aventure avortée de Worgl fut pourtant un détonateur formidable pour des régions confrontées à la misère. En 1933, plusieurs localités américaines décidèrent de goûter à la même friandise. l'Europe avec Nice, Marans, Monaco et tout particulièrement l'Allemagne qui se remettait difficilement de sa défaite de 14/18, reprirent en autarcie leur économie. Hitler connaissait bien les méthodes de Gesell, ancien ministre des Finances. Il bloqua les frontières, gardant le mark officiel pour ses devises. Mais à l'intérieur, il engagea ses 80% de chômeurs dans les chemises brunes, les usines d'armement, les conquêtes territoriales.

 

 

            Cette invention de la « Monnaie Franche sans intérêt et avec taxe à l'inertie », tira donc      de la misère, en quelques mois, lors des grandes crises mondiales, une trentaine de villages, villes et nations. Les expériences plus récentes d'Ithaca aux U.S.A. rencontrèrent les mêmes flagrants succès et la même discrétion de la part des médias qui, d'après Théophraste Renaudot, soutiennent inconsciemment les pratiques incohérentes des financiers orthodoxes.

 

Les remarquables prévisions géopolitiques de Gesell donnent une idée de la hauteur et de la pénétration de ses vues. Je recopie sur le blog, le texte qu'il écrivit en 1918 à la fin de la guerre de 14 :

 

.--  En dépit de la promesse solennelle des peuples, de proscrire la guerre pour toujours,     en dépit du cri de millions de gens : « Plus jamais ça ! », et à l'encontre de tous ces espoirs pour    un plus bel avenir, je dois dire ceci :

 

 « Si on maintient ce système monétaire, alors, j'ose affirmer dès aujourd'hui qu'il ne faudra pas 25 ans pour se retrouver confrontés à une « nouvelle guerre encore plus terrible ». J'entrevois clairement l'évolution. La technologie « ACTUELLE » (c'est à dire l'industrialisation) poussera l'économie rapidement vers des sommets. La formation de capital avancera vite en dépit des grandes pertes nées à la guerre et il fera tendre l'intérêt vers une baisse, du fait de son offre excédentaire.

                                                                                                                                                

La monnaie sera « THESAURISEE ». L'espace économique se rétrécira et des armées de chômeurs seront à la rue. Sur les frontières on lira : « Interdit au demandeur d'emploi. Seuls les paresseux avec un porte monnaie plein seront les bienvenus ». Comme jadis, on tentera de conquérir des pays et on devra fabriquer pour cela des canons et entretenir des soldats. On aura alors à nouveau, grâce à l'armée, du travail pour les chômeurs. Dans les masses mécontentes s'éveilleront des courants sauvages et révolutionnaires et la plante toxique du NATIONALISME repoussera. Aucun pays ne comprendra plus l'autre et la fin ne pourra qu'être à nouveau la guerre. PARTOUT. .

                                                                                                                                                

Cela se passait en 1818. Je rappelle qu'il était germano-belge, Ministre des Finances,   en Allemagne et donc très proche de la misère des vaincus. Il prédisait les dures catastrophes financières futures et il proposait en défense, la création d'une monnaie parallèle fondante, capable de combattre la misère inéluctable. Le système repose sur l'argent devenu fécondant par une taxe à l'inertie, respectant la terre tout en relançant la consommation du minimum et non du superflu.

 

                 Henri Ford senior prononça à cette époque : « Les jeunes qui pourront résoudre la question monétaire feront plus pour le monde que tous les soldats de l'histoire réunis. Le peuple doit être aidé dans sa compréhension « naturelle » de la monnaie. On DOIT lui dire ce qu'elle est, ce qui la constitue et quelles sont les principales perversions qui mettent nations et peuples sous le contrôle de multinationales qui ne sont qu'une infime fraction de la population. Si les citoyens comprenaient notre système bancaire et monétaire, il y aurait une vraie révolution avant demain matin ».

 

Balivernes répond le lambda de service. On ne peut se passer des banques ! Si c'était possible cela se saurait. Il y aurait des exemple, des preuves… Et bien des preuves, je viens d'en citer un paquet. On peut rajouter :

 

1939. Dollar grossissant aux USA.

1976. Fabrication désespérée du Green Dollar à Vancouver au Canada.

1983. Les lets de Madame Tatcher relancent l'économie en peu de temps.

1984. Démarrage du Sel français qui fonctionne toujours, mais avec une comptabilité

           sans billet, ce qui freine une prospérité générale.

1999. Mise en route par notre Michel, des Nads de nada qui veut dire « rien » en espagnol. Nous avons pratiqué cette monnaie, de diverses manières jusqu'en 2003 : en privé, avec ou sans dévaluation, soutenus pas une revue, des écoles privées. Je possède encore un paquet de Nads et propose de relancer une aventure que je connais bien. Mais je précise que je ne ferai jamais, sous aucun prétexte, le banquier. Pourtant cela ne risque rien. Que du boulot de comptabilité, mais c'est ce que j'ai en horreur.

 

En définitive, pourquoi avons-nous peur de cette grande crise actuelle ? Nous pensons que la situation nous échappe. Prenons-la à bras le corps, en nous basant, si possible sur l'économie bouddhiste : « Ce n'est pas la richesse qui fait obstacle à la libération, mais l'attachement à la richesse. Ce n'est pas non plus le plaisir que procurent les choses agréables qui est condamnable, mais le désir ardent de les obtenir ».

 

L'économiste actuel éprouve beaucoup de difficultés à comprendre cela. Habitué à évaluer le « niveau de vie » d'après le montant de la consommation annuelle, il postule qu'un homme qui consomme DAVANTAGE « vit mieux » que celui qui consomme moins. Le bouddhiste trouve cette idée irrationnelle, puisque pour lui, la consommation n'est qu'un moyen du bien-être. Le but est donc d'obtenir le MAXIMUM de confort, avec le MINIMUM de consommation.

                                                                                                                                                

L'idée bouddhiste trouve anti-économique de faire des robes compliquées avec beaucoup    de travail de broderies sur une grande quantité d'étoffe, quand on peut obtenir un bel effet, en se drapant habilement dans un tissu moiré non coupé, sans surcharge. L'économie moderne considère au contraire la consommation comme la SEULE fin et le seul but de toute activité économique, les facteurs de production –terre, travail, capital, en en étant les moyens. Dépendre d'importations de l'étranger, devoir produire pour l'exportation représente le summum du non-économique, avec des trajets, des transports, des taxes, inutiles la plupart du temps. .

 

Pour une première conclusion, je relève en vrac les contradictions ou hérésies les plus intéressantes :

.--  Le danger de la thésaurisation.

.--  La toute puissance des Banques Privées sur l'Etat, du fait de leur droit de battre et 

contrôler la monnaie.

.--  Le jeu d'écriture des devises.

.--  La monnaie de crédit. Le Directeur du Service Juridique de la Banque de France

a démontré dans son magazine mensuel N°84 de Décembre 1992, que la monnaie

bancaire n'a pas d'existence légale. Il n'y aurait donc pas besoin de voter une loi

pour interdire le fonctionnement de l' »Intérêt illégal et appelé criminel, selon

Boisguilbert, secrétaire de Louis XIV en 1770.

 

            Depuis une dizaine d'année j'ai enregistré ces données illogiques, avec plus ou moins   de compréhension et de difficultés. J'appelle donc, les lecteurs plus compétents à venir fournir   ici, des explications enfin claires. La poursuite de ce sujet pourrait - elle mener à une nouvelle expérience de monnaie franche non thésaurisée, grâce à un timbre - taxe à l'inertie. Pourrions-nous relancer une économie fragilisée par les Surprimes ? Je rêve ?

 

Mais il est minuit moins le quart et avant d'aller me coucher, j'ai envie de faire parler Tomas, ce petit garçon qui fut « moi », dans sa vie confortable et sans notion d'argent de la Ville Bulle du Futur des années 3012. 

 

Cela excite mon imagination et me fait peur à la fois. Je ferme les yeux. Je me revois dans ce corps d'adolescent si touchant dans sa fragilité confiante. Je le vois clairement dans ma mémoire.  Je me souviens enfin que c'est moi. Moi, Elisabeth Aragan.



24/12/2008
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