L\\\'Enfant qui venait du futur

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            Lorsque Lisbeth avait quitté l’île de Carpo, vers la fin du mois de juillet dernier, Maggy et Gérard Delpierre avaient décidé dès le lendemain, de retourner à Manhattan, et plus précisément à Tribeca.

            Les Fantani, gardiens de la propriété et amis intimes de Gérard, accueillirent le couple avec enthousiasme, car depuis presqu’un an, ils n’avaient pour ainsi dire aucune nouvelle d’eux, mis à part un ou deux coups de téléphone de loin en loin.

            Maintenant qu’ils avaient dénouée l’énigme de ce GF9, suivie l’élaboration de la Ville Bulle du Futur, et après avoir fait la connaissance du blog de Lisbeth, puis la connaissance de Lisbeth elle-même, il restait toutefois un point crucial à élucider.

            Qui était vraiment Lisbeth ? D’où tenait-elle ces « souvenirs » qu’elle prétendait avoir de ce mystérieux jeune Thomas, celui qui aurait vécu dans le futur, mille ans après elle ?

            Force avait été, pour Gérard d’admettre qu’elle (Lisbeth), avait eu parfaitement raison sur toute la ligne en ce qui concernait la Ville Bulle de Franceville, les clones, et l’implication des membres de ce fameux GF9. Tous ces éléments lui avaient donné satisfaction. Mais il restait le fait que rien n’était vraiment clair ! Comment faire pour infirmer ou confirmer ces dires.

            Bien sûr, maintenant qu’il connaissait bien Lisbeth, il lui faisait confiance. Mais comment des esprits cartésiens pourraient-ils admettre cette idée farfelue, qu’elle avait des renseignements directs de ce jeune ado, vieux de mille ans ?

            Certes, en tant que journalistes d’investigation, Gérard et Maggy avaient eu l’occasion d’enquêter sur toutes sortes de sujets plus saugrenus, grotesques, burlesques, insensés,  irrationnels ou plus illogiques  les uns que les autres ! Mais là, cela dépassait l’entendement.

            Le plus dur dans cette histoire, était de savoir comment commencer cette enquête sans se voir immédiatement traiter d’illuminés. C’était un coup à perdre leur crédibilité dans ce monde si fermé du journalisme.

            Ils ne pouvaient pas non plus, en parler au père de Maggy qui tout comme bon banquier, n’investissait son argent et son temps que si il était sûr que ceci lui rapporterait un quelconque bénéfice, ni à celui de Gérard, qui même lorsqu’il n’était pas « en service », représentait encore la France. Ce qui signifiait que personne à l’Elysée, ne lui pardonnerait des écarts de langage de cette sorte. 

            Bien que les deux pères adorent, chacun à sa manière, leur rejeton, ils ne pouvaient, ni l’un, ni l’autre leur venir en aide. Il faudrait faire usage de beaucoup de diplomatie, s’ils ne voulaient pas s’attirer les rires des uns et le courroux des autres.

            -- Le mieux, pour avoir les renseignements les plus sûrs, c’est d’appliquer le B.A Ba du journaliste, se dit Gérard. Pour avoir le meilleur renseignement, il vaut mieux s’adresser au bon Dieu qu’à ses saints. Et dans le cas qui nous intéresse, la solution serait d’aller voir les spécialistes des disciplines en question, c’est à dire les pros du voyage dans le temps, en passant par les férus  de la réincarnation, allant de la téléportation simple, à la téléportation temporelle !

            -- Sans oublier, pendant qu’on y est, l’Esotérisme, le voyage en Astral ou dédoublement astral, l’ascension en Agartha et d’une façon général tout ce qui touche les phénomènes de la décorporation, des E.H.C  ou O.B.C (Out-of- Body Experience), et de la psychologie ! Rajouta Maggy, dans la foulée.

Delpierre était songeur. 

            --   Je vois que ce n’est pas le travail qui va nous manquer ! Par quoi ou par qui, allons-nous commencer ? Mais surtout quel mensonge va t’on trouver pour nous renseigner discrètement, si on ne veut pas passer pour des demeurés ?

            Maggy réussit à le rassurer par ces paroles :

           -- Mais mon chéri, je trouve que c’est un très bon moment pour moi, de commencer une carrière d’écrivain. Je n’ai qu’à attaquer ce qui sera le best-seller de demain ! Alors, ni ta réputation, ni la mienne ne seront entachées par un scandale… Bien au contraire ! Toutes les portes vont s’ouvrir devant nous et les médias nous dérouleront le tapis rouge. De toute façon, il va nous falloir  réapparaître sur le plan professionnel. Car je te signale que notre année sabbatique dure depuis bientôt deux ans maintenant.

            Si nous ne bougeons pas, les mauvaises langues vont commencer à se délier et pas à notre avantage. Il y a trop de monde qui veut prendre notre place. Autant annoncer nous même notre reconversion. Au niveau financier, ni toi, ni moi, n’avons de problème, mais si nous ne prévoyons pas notre sortie, c’est notre crédibilité qui va en souffrir et alors adieu nos précieuses sources.

            -- Tu as sans doute raison … comme toujours… D’accord, allons annoncer au monde que nous prenons notre retraite, ou assimilée !

            Ils ne leur restaient plus qu’à prévenir leurs rédactions respectives de leur départ. Ils savaient qu’ils allaient assister au grand regret de certains, mais à la plus grande joie d’un grand nombre de leurs concurrents.

            Gérard avait hâte d’enquêter sur le phénomène décrit par  Lisbeth. Finalement, il devait bien y avoir une explication rationnelle ? Il se doutait bien que cette aventure allait les entraîner loin, très loin… Mais le jeu en valait la chandelle. S’ils pouvaient arriver à percer ce mystère, si mystère il y avait, ils pouvaient découvrir un des plus fabuleux secret que la nature cache en son sein… une des plus grandes bizarreries  de la création.

            Ils commencèrent tout de suite par une recherche sur le net. Non qu’ils accordent un crédit quelconque à ces infos. Mais ils espéraient bien y dénicher déjà, toute la base du vocabulaire spécifique à ces disciplines, accompagnée du nom de certaines associations, et de ceux des chercheurs célèbres, traitant ou ayant traité le sujet.

            Que ce soit Maggy ou Gérard, l’un et l’autre avaient gardé chacun un consistant carnet d’adresse. L’un et l’autre valaient leur pesant d’or.

             Certes leur renommée leur ouvrait déjà, au départ, pas mal de portes. Et avec l’appui de certains de leurs collègues, ils pouvaient espérer se voir acceptés dans n’importe quelle société.

            Après avoir glané adresses, associations et noms de scientifiques les plus réputés, ils mirent à contribution leurs amis journalistes.

            C’est Maggy qui s’y colla la première.

            -- Hello Pat, hello Darling, c’est moi, Maggy, comment vas-tu depuis le temps ?

            --  Oh merci ! C’est vrai que ton dernier reportage était un super bon papier. Et t’as vu ? J’ai respecté ton anonymat. Je t’avais bien dis qu’ils se casseraient les dents à chercher d’où pouvait bien venir la fuite !

            -- Oh, mais tu sais bien que mon père est un grand garçon. Les menaces du FBI et de la NASA réunis ne l’impressionnent pas outre mesure, mais ce n’est pas pour cela que je t’appelle, …

            Gérard et moi, nous avons décidé de commencer un roman à quatre mains, axé sur les phénomènes paranormaux. Tu m’avais bien dis qu’à une certaine époque, lorsque je me suis orienté vers le journalisme, tu avais connu en fac, une copine qui est devenue une sommité dans l’ésotérisme, non ?

            -- Oui, c’est ça. C’est le professeur Zelda Meir. Mais elle s’est mariée … à un allemand ….et comment s’appelle t’elle maintenant,… Zelda Muller !

            -- Et où peut-on la rencontrer aujourd'hui, cette madame Muller ?

            -- Je t’envoie son adresse.

           -- Et tu es sûre que je peux me recommander de toi ? Oui ? Oh, tu es un ange, ma chérie. Je t’embrasse. Bisous à Gordon et aux enfants, … Oui, c’est promis, on passera avec Gérard vous voir dès que possible !

            -- Bon. Je note : Madame Zelda Muller, 451 ter, Avenue Kleber à Paris. Nous avons notre professeur en occultisme. Elle se trouve dans la capitale française, où elle a paraît-il, ouvert un cabinet avec son mari. Lorsqu’on l’appellera, Pat m’a autorisée à utiliser son nom, pour nous ouvrir les portes de leur officine !

            -- Ok, ça c’est fait. Répondit Delpierre. Mais nous sommes au début du mois d’août et c’est les vacances en France. Je te rappelle qu’en France, au mois d’août, à part des touristes, on n’y rencontre personne. En septembre, c’est la rentrée. Il vaudrait mieux qu’on y aille pour les fêtes de fin d’année. Au moins comme ça, on fera d’une pierre deux coups !

            -- Oui, mais on prend aussi le risque de faire choux blanc. Les Muller risquent peut-être de s’absenter pour noël !

            -- Oui, c’est pas faux. Disons fin septembre alors ? Cela me parait pas mal. Nous devrions faire une liste de tous les gens qu’on devra rencontrer. On pourrait obtenir des rendez-vous groupés. Cela nous éviterait peut être des allers-retours pour rien !

            -- Bon, résumons. En ce qui concerne les questions ésotériques, nous avons éventuellement quelqu’un. Mais au sujet de la parapsychologie, qui pourrait-on voir ?

            En désespoir de cause, Gérard se décida.

            -- Je ne connais personne directement ! Mais par contre, je peux peut être appelé quelqu’un qui pourrait sans doute nous aider ! Hervé, tu sais ? Tu te souviens de mon ami Hervé ?

            -- Hervé l’archiviste de l’A.F.P ? C’est de lui que tu veux parler ?

            -- Tout juste, dit Gérard en prenant le téléphone. En quelques secondes, il avait son interlocuteur. Hervé c’est toi ? Salut vieux, c’est Delpierre. J’ai un service à te demander !

            -- Oui. Tu as appris ça ? Et bien oui, mon vieux, je passe la main. Mais ne crois pas que je vais t’oublier pour autant ! Tu seras toujours mon indic perso … Dis-moi, je suis à la recherche d’une sommité en parapsychologie et d’un spécialiste en voyage temporel. Tu peux me dénicher ça vite fait ?

            -- C’est parfait. Je te remercie. Et pour te le prouver c’est promis, on passera te voir avec Maggy, avant Noël !

            Gérard se sentait soulagé. Il prit Maggy dans ses bras pour faire le point de la façon la plus confortable possible.

            -- Bon ! Pour le  parapsychologue et l’expert en voyage temporel, Hervé s’en occupe.

            D’ici une semaine maxi, on aura nos renseignements. Que-ce qui nous manque ?

            -- Un spécialiste de la métempsycose, répondit Maggy. Pour tout le reste, si nos contacts ne sont pas assez compétents pour nous renseigner efficacement, ils devraient pouvoir nous rencarder sur des confrères à eux. Même si très souvent ils se déchirent par jalousie pure, ils se connaissent aussi tous très bien entre eux !

            -- D’après le web, un des meilleurs spécialiste serait ce franco-canadien, Ion Steven, professeur en psychanalyse. Il résiderait actuellement aux Etats-Unis à l’université de Virginie. Prends contact avec lui, chérie. Statistiquement, tu as plus de chance que moi de lui arracher un rendez-vous. Il doit être plus sensible aux charmes d’une femme plutôt qu’aux miens !

            -- Tu devrais plutôt passer par TELNA pour appeler la France et contacter le cabinet Muller pour une rencontre. Ce genre d’officine doit assurer la garde durant les congés. Si on disait… fin septembre ? Cela nous laisserait le temps de nous organiser !

            -- Pourquoi passer par TELNA pour avoir la France ?

            -- Vois-tu chérie, j’ai un compte chez eux. Pour l’international, les cent premières minutes sont gratuites, et de plus, tout le personnel parle français. C’est mon père qui m’a refilé le tuyau !

            Docile et confiante, Maggy appelant la compagnie pour se mettre en rapport avec Paris, ne se rendait pas compte dans quelle aventure imprévisible, Gérard et elle, s’embarquaient.