Bess. Le Siffleur.
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Ce matin-là, comme il faisait beau comme un mois de Mai, Antoine dit lou Souléou, à cause de ses cheveux rouges-dorés et de sa belle prestance, décida de se faire un tour dans les garrigues du Faron côté Est – Est – Nord. Il voulait profiter de son Dimanche de congé pour s’exercer en vue du « Concours Rossignol » de la semaine prochaine.
Il faut dire que le Toine, il était parmi les candidats les meilleurs en vue pour la victoire. Son coup de sifflet était réputé jusque delà les Martigues. Lorsqu’il commençait à lâcher ses triolets, toute la colline se taisait pour écouter son chant plus doux que celui du rossignol, plus pur que la blancheur de la colombe, plus tendre que le bruissement des feuilles d’Automne caressées par la brise du soir.
Mais lorsque venait le moment des fanfares, le grand Toine, dit « Souléou » n’avait pas de rival. On entendait le stride des trompettes se bousculant entre elles, couvrant le hennissement des chevaux dans la cavalcade de leurs sabots. Té, le concert valait mieux que la présentation de tout l’orchestre symphonique du Grand Opéra de Toulon, envahi par la troupe de Monsieur Ligné !
Or donc, vers les dix heures, celui que l’on appelait le Siffleur pour ses fameuses qualités musicales, se dirigea vers la combe de l’Aigle, là où la vallée s’élargit entre la pente nord de la Montagnette et le rebord sud des collines du Draget, là où ce que personne ne passe, parce que c’est de trop désert. Il se préparait à se faire une fameuse répétition pour le célèbre concours du soir en huit.
Mais ne voilà-t-y pas, qu’en arrivant dans le fourré du milieu de la pente, il entend un cri étouffé de fillette, et qu’est-ce qu’il esbigne ? Une nistoune toute jeunette pressée par deux malfrats qui en voulaient à son honneur, à sa petite sacoche et peut-être à sa vie. Le Toine, il n’avait qu’un bond de quelques mètres à débouler pour être sur eux. Mais ils avaient des couteaux et ils avaient l’air de ne pas se laisser faire par un seul zoïzo, fut-il gaillard.
Tout de suite Antoine sait comment agir, et vite. Il lance un coup de sifflet strident, celui qui se pousse avé les dents de la mâchoire du bas, mises en avant, et que l’on qualifie du nom de « Mééfie ». Bref, la menace se fait brutale.
Les deux bandits surpris, se retournent sans lâcher leur proie, prêts à défendre leur butin contre ce gêneur isolé. Mais Antoine avait calculé son coup. C’est à cet endroit que le cri des alouettes se propulse sur la pointe du rocher placé à 800 mètres en face.
Aussitôt l’écho s’en empare et le renvoie sur la gauche, au sommet des Malaguières, pour que son copain, l’écho de la grotte du Brumeau, le fasse éclater par tous les recoins. On aurait dit que vingt gaillards répondaient de toutes parts, pour se donner le signal de l’attaque.
Là, les deux achachis, ahuris, dépoudreauzieutés, laisse tomber la Ninette et se carapatent où qu’ils peuvent, en se déchirant les nippes sur les caillouxes. Antoine n’a plus qu’à récupérer la petite victime sanglotante, pour la ramener au Mas de Besagne, sautant de pierre en pierre, et en la balançant dans ses bras comme un bébé qui ne sait plus marcher.
L’histoire a fait le tour des villages, traversant les quartiers d’Aubagne, de Toulon, jusqu’à ceux d’Ollioules. Mais bien qu’il ne veuille pas se l’avouer, Antoine a été touché par cette victoire, beaucoup plusse que par le Prix du « Concours Rossignol » qu’il gagna d’ailleurs de haute main devant la foule z’éblouie.
La conclusion du conte rapporte que les deux malandrins étaient ce soir là dans la foule des spectateurs et que des tribunes, Antoine les a reconnus. Mais il ne les a pas dénoncé, leur laissant une chance de se repentir, mieux et plus que dans la prison de truands que le juge leur aurait offerte.
Lorsque Granie nous racontait l’histoire du Siffleur, dès la fin du conte, une fourre
de spectateurs, des nistouns petits et grands jusque dans les papys, se mettait tout de suite en compétition jusque -z-à point d’heure. C’est pour cette raison que le sujet en question n’était mis en route que les soirs de pleine lune, afin que les fanas de la « maîtrise » de l’écho ne se perdent pas dans les trous de la colline, en voulant chercher les meilleurs rebonds.
Lorsque dès le lendemain, j’ai raconté la belle légende du Siffleur à Frank, Flora, Henri et tous les copains qui nous avaient rejoints au bord du canal de l’Ourcq, les réactions diverses et tendancieuses m’ont attristée. La critique principale portait sur la conduite de cette pauvre fille du Faron. Qu’était-elle donc venue faire seule dans ce coin désert ? Chercher les emmerdes et pire ? Etait-elle si naïve que ça ? Si pure ? Ne cherchait-elle pas à provoquer le destin ? Et les garçons ? Deux d’un coup ! Quelle perversité ?
Pas une fois, la présomption d’innocence de la victime ne fut mise en avant. On aurait cru qu’une femme coupable de provocation ou chargée de réputation douteuse, méritait bien d’être violée. On ne pensait même pas qu’elle aurait pu ne pas l’être. Dans de tels cas douteux, il était évident qu’elle était consentante et qu’elle l’avait bien cherché. Le Toine, finalement était venu trop tôt.
Tout ce ramdam contradictoire, je ne vise personne, visez mon regard… C’était horrible, en fin de compte…..
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