L\\\'Enfant qui venait du futur

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Emilie. Vendredi 10/06/2011 Information en duo.         

Emilie posa sa main sur son ventre. Il était doux et tiède.

Elle eut la sensation bienheureuse de toucher la peau d'un enfant. Un frisson de plaisir qui n'avait rien de sexuel l'envahit. Elle sourit, caressa ses hanches avec son majeur. Puis insensiblement,  elle le descendit contre les cuisses et le glissa vers la chaleur moite du clitoris, au milieu de la toison frisée.

Emilie se demanda si elle avait envie de transformer ce contact en caresse érotique. Au bord de ce frisson bien connu, qui se présentait prêt à mordre ses reins et à couvrir ses seins de chair de poule, elle stoppa la Proposition d'Information avec une hésitation. Elle connaissait bien ce plaisir si parfait que de surcroît, elle pouvait pratiquer à la demande. Mais elle ne le réalisait pas souvent. En plus ce matin, elle n'avait pas le temps d'y consacrer une seule petite minute.

Elle mit ses lunettes-écran sur son nez et se brancha machinalement sur son Cybercerveau.

Elle n'avait pas besoin de le consulter vraiment. Son corps fonctionnait tellement en accord avec son esprit, qu'il ne lui était pas nécessaire de réfléchir. Elle voyait se dessiner simultanément le désir et son renoncement. Il lui suffisait de couper la connotation sexuelle et de décider qu'un doigt entre les cuisses était une simple « Information neutre », pas plus troublante qu'une visite chez sa gynécologue. Aussitôt sa tête resterait froide, et sa respiration continuerait à être calme.

Il lui suffisait d'aller chercher dans ses Mémoires des Eléments dépourvus de sens génital, pour créer des Informations autres. Elle s'apercevrait alors que sa main répandait dans tout son corps, une sensation de bonheur calme et doux, un jeu sans érotisme. Il lui était si facile de reconnaître le moment exact où son cerveau choisirait dans son stock de Fiches, les parties amenées à la Proposition d'Information de l'Instant, en vue de comparaison, qu'elle était même capable d'en visionner son Circuit.

--  Chacun peut en faire tout autant, pensa Emilie.

N’importe quelle personne qui, apte comme elle, à trier, choisir, stopper, diriger le flux de ses « Données », pouvait créer à sa guise, son moment présent. Si ce n'était pas le cas, l'individu aurait à chaque contact d'une peau contre une autre, une giclée d'adrénaline, ou une stimulation hormonale. Ainsi les soit - disant pervers, ne sont que des impuissants ne pouvant maîtriser leurs pulsions. 

Mais si, depuis sa naissance, un être normal accepte de s'auto – programmer, il saura quand couper court, ou au contraire favoriser ses propositions d'envie.  Sans quoi on aurait un orgasme chaque fois que l'on glisse une pièce dans la main d'un clodo, que l'on serre la main du voisin, ou que l'on caresse un chien, un enfant, un malade, un arbre. Elle en avait fait l'expérience.

En vérité, tout est sexuel et rien n'est sexuel. Chaque information est libre d'être n'importe quoi. Chaque Information, quelle qu'elle soit, n'est au départ qu'une « Proposition neutre ». Ce n'est pas l'émetteur, mais le receveur qui décide de la créer positive ou négative, banale ou éblouissante, porno ou pudique, pour et par l'Instant.

Malheureusement les gens font ça au petit bonheur la chance. Une petite poussé d'hormones sexuelles ? Hop! Et le particulier tire sur tout ce qui bouge. Avec la vieillesse on peut croire que c'est fini? Pas du tout. Les créations d'Informations, se passe dans la tête. On se laisse manipuler par n'importe quoi, réactions biochimiques, ou mentales. Alors que c'est à l'individu de prendre l'attelage en main. Mais s'il s'en charge lucidement,  que deviendra la sexualité reconnue désormais fictive?

Emilie s'étira langoureusement entre les draps. Elle sentit un frissonnement glisser le long de ses bras. A son insu, ses pensées étaient allées chercher une image érotique, classée Fiche Morte dans ses Mémoires. L'auto - manipulation s'était faite par surprise, en négation de la manipulation. Elle n'avait fait pourtant que songer à la manipulation maîtrisée et à rien d'autre.

Elle hésita. Elle pouvait encore concevoir une Information sexuelle, en acceptant de greffer une image crue sur la sage Offre d'Information d'aller travailler. Sur deux temps, évidemment. Elle soupira. Finalement c’était compliqué tout ça. 

La sonnerie de son réveil cybernétique, la tire de son hésitation par une « Proposition d'Information » imprévue. Vite elle va chercher la dernière image enregistrée, la première Fiche présente, celle qui parlait de lui donner un frémissement dans le dos, une crispation des fesses,

la poitrine qui se soulève, la main qui touche cette moiteur parfumée devenue perle de rosée, la caresse qui entre dans la douceur de la petite caverne, entre les lèvres roses serrées.

La bouche d'Emilie s'entrouvre. Une image de jardin, de fille dévêtue que l'on tripote ici, et là. La surprise, le contact qui n’est vraiment accepté et qui double la violence de la caresse d'une façon faussement masochiste, le soleil dévoilant encore plus cruellement la nudité imprévue.

Alors arrive le déferlement de la  Substance chimique « SPECIFIQUE », élaborée par un groupe de cellules ou un Organe, et qui exerce une action « SPECIFIQUE », sur un autre tissu ou un autre Organe, généralement sécrétée par des « Organes » de structure glandulaire et transportées par le sang.

Les hormones sexuelles mâles ou femelles, se poursuivent en stimuli, bondissants de synapses en synapses le long de l' épiderme, sous les bras, entre les cuisses, dans le dos, sur la nuque, entre les genoux, à l'intérieur du gouffre étroit, au fond, toujours plus profondément.

L'image, les images, toutes les Créations anciennes déboulent en cascade « d'Eléments » stockés, devenus vrais par cette Création présente réalisée avec les « Informations » répétées, de contact érotique. Emilie gémit sous la rapidité violente de l'orgasme torrentiel.

La machine Cybernétique d'Emilie cliqueta.

Elle se rendit compte qu'elle, (c'est à dire l'autre : Mimi), l'avait enregistrée dans ses ébats.

Sans le savoir, elle avait parlé tout haut. Heureusement faute du mot de passe de sécurité, personne ne pouvait avoir accès à ses fichiers. C'était indispensable, car depuis plusieurs mois, elle avait emmagasiné tellement de choses intimes dans sa Mémoire, que maintenant les mécanismes connaissaient parfaitement le fonctionnement des « Processus » de ses raisonnements.

L'intrus qui arriverait à déverrouiller son coffre-fort électronique privé, serait alors          (capable de la manipuler à son Insu. D'autant plus qu'elle ne se méfierait pas. Là, résidait le danger de son invention. Que des esprits mal intentionnés se saisissent de son cerveau, ou de celui de toute personne innocente, par le biais de toutes les copies personnalisées contenues dans l’IA/P du propriétaire, et la liberté de chacun serait en danger. On ne pourrait plus se garder maître de sa destinée. Que quelqu’un lui vole « Mimi », et les périls les plus redoutables s'abattraient sur elle. Non seulement ses données se trouveraient trafiquées à tout jamais, mais l'espion pourrait savoir comment elle « AGIT », comment elle a « AGI », et comment elle « VA » agir, par le biais de sa propre INTELLIGENCE ARTIFICIELLE. Il y aurait pire encore. Le plus pervers des effets viendrait de la connaissance de toute la « Logique Universelle de Rigueur ».

Les Gérants de l'exploitation de l'homme par l'homme, apprendraient vite à se servir de cet outil parfait qui donne drastiquement, tel un laser, les moyens d'utiliser cette lucidité terrible, permettant de voir à longue distance, comment gérer les êtres, les structures, les sociétés, et le mode d'emploi pour les asservir.

Emilie trembla. Mais en réfléchissant, elle conclut que le cauchemar n'aurait pas de prise sur elle. Elle avait trop l'habitude de raisonner en logique « Lurienne » de base depuis sa naissance. Elle devait pouvoir deviner le moindre essai de main mise sur ses réactions, même au travers de sa Machine. Par contre, la pieuvre sociale qui chercherait à coincer tous les rouages des holdings, pour une domination de plus en plus parfaite, était une menace pour l'humanité.

Elle repensa à la visite de la veille. Le danger se rapprochait d'elle dangereusement. Son père lui avait carrément demandé de la mettre, par le biais de Ferré, en rapport avec les Directeurs de la Paléosoft. Son but était de contrecarrer le consortium Génium en train d'engloutir sa propre filiale financière. Le problème était de taille. Il la mettait tout de suite en porte à faux. Que savait son père? Qui étaient ses associés? Quels étaient leurs adversaires ? Que voulaient-ils? Et surtout pourquoi elle, Emilie se trouvait tout à coup au milieu de toute cette histoire?

Elle ne voulait pas miser sur la simple idée que son père la sachant en rapport avec la Paléosoft pour le développement de son invention, ne lui demandait là qu'un banal service. Sans qu'il ne s'en doute, d'autres intentions pouvaient y trouver des intérêts plus pernicieux. Le problème était de savoir ce qu'il en était. La tache était vraiment très compliquée. Il fallait surtout s'y attaquer  tout de suite.

--  Ici Mimi, dit aimablement la Cybermachine. Bien dormi? « A réveil excitant, journée de travail bandant ». Dit le proverbe.

Tout d'abord, Emilie ne répondit pas. Son IA/P commençait à prendre des directives inusitées et à utiliser un humour très personnel, bien que ressemblant encore assez au sien. Normal pourtant, puisqu'elle l'avait programmée pour agir en son absence comme elle le ferait elle-même. Elles devenaient toutes deux, plus proches que des sœurs jumelles

-- Qui dit : Vivre en parallèle, dit aussi voler de ses propres ailes. Parodia Emilie tout haut.

--  Heureuse de te l'entendre dire. Je profite de cette approbation pour te préciser que j'ai fait une synthèse des propositions que tu as prononcées à voix basse tout à l'heure, en ce qui concerne le plan de défense de nos deux cerveaux, le tien et le mien. D'abord la réponse à cette question posée à propos de tous les Personnages célèbres disséminés dans le monde : 

QUI  EST  QUI ?