L\\\'Enfant qui venait du futur

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Lisbeth. Lundi 27/06/2011 21 heures. Les Hyper Intelligences.

 

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Après le dîner, nous sommes tous, d’un commun accord, retournés dans le jardin, pour écouter Delpierre et c’est devant un auditoire attentif, qu’il a développé sa thèse sur les Hyper Cerveaux.

 

 

--  Avant de rentrer dans le détail, je voudrais juste résumer l’ensemble de notre situation actuelle. Nous avons trois problèmes à résoudre. D’abord, nous avons à gérer la menace qui vise l’IAP de Lisbeth, mise magistralement en marche par Emilie. Ensuite, les Banques font des vagues et un désastre n’est pas à négliger.

 

 

Et enfin, n’arrivant pas à convaincre la population basique de renoncer à la violence présente dans tous les instants de la vie des individus et des Etats, le Journal Euromarkt dans lequel travaille Lisbeth, lance un concours visant à récompenser le projet le plus motivant, présentant un Monde du Futur harmonieux et équilibré.

 

 

Le Groupe « Futurable3000 », place ici la barre très haute. Les Membres du Jury composé  de Personnalités positives et visiblement équilibrées, elles-mêmes, enverront le meilleur récit, aux Dirigeants de ce monde, pour leur demander de  le mettre en œuvre immédiatement. Voilà donc, notre challenge : Comment arriver à résoudre ces trois points ?

 

 

Or, la solution se trouve dans nos mains. C’est tout bête. L’idée, suggérée par Mimi, qui est l’IAP d’Emilie, est de mettre au travail les cerveaux les plus intelligents de la Planète, les supers QI, les détenteurs de savoirs et de connaissances, les surdoués, les génies…

 

 

--  Il y e a beaucoup, heureusement, coupa Fred.

 

 

--  Oui. Mais nous ne pouvons faire appel qu’à une petite  quantité de ces êtres supérieurs. Les autres, loin de pouvoir nous aider, risquent au contraire, de nous nuire.

 

 

Voyant que l’assemblée restait dubitative, l’orateur ouvrit son petit carnet et précisa :

 

 

--  Je suis obligé de vous faire un petit cours, basé sur les travaux de Rémy Chauvin, sur ces êtres spéciaux, appelés les Surdoués. Dans son ouvrage, il classe les Intelligences Supérieures, en trois parties. Il spécifie qu’au départ, rien ne distingue un enfant ordinaire d’un autre, car l’intellect enfantin semble vraiment beaucoup plus souple et puissant que celui de l’adulte. Il est peut-être aussi, tout à fait autre.

 

 

Très rapidement, dans leurs berceaux, les bébés reconstruisent l’univers. Ils réinventent le langage. Puis, l’enfant soumis au dressage des adultes va, en général, soit s’y conformer, soit se révolter. Mais dans les deux cas, il reste dans le même monde. C’est donc, au sortir du berceau que l’on va se rendre compte des différences entre les intelligences

 

 

Certains jeunes individus, montrent très vite, un QI très élevé. D’autres sont brillants,  très intéressants bien que leur Quotient Intellectuel soit assez quelconque. Ces considérations compliquent alors, énormément la classification.

 

                                                                                                                                                        

Rémy Chauvin, s’est penché sur le problème. Je cite la préface de son livre : « En face des Doués, remarquables dans un ou plusieurs domaines, deux types de Surdoués existent. D’une part, les « grosses têtes », brillants sujets qui réussissent partout, parviennent à     des situations enviables. D’autre part, radicalement différents, les « créatifs ». Souvent mauvais élèves, considérés comme des fantaisistes, au QI insaisissable, ces derniers sont des novateurs,   des originaux. Ils changent le monde.

 

 

Fermons la parenthèse et entrons dans le vif du sujet. Chauvin le décrit tout à fait. Je vais répéter ici, ses propres mots :  ‘’ Les Surdoués Créatifs, sont de loin, les plus déconcertants. Ils sont irritants pour les adultes, parents,  professeurs, éducateurs. Leur insatiable curiosité, leurs « pourquoi » à répétition, leur fantaisie débridée, leur manie de tout vouloir savoir sur un sujet qui tout à coup les intéresse au point de les rendre imbattables sur la question, s’accordent avec leur aspect juvénile, qu’ils gardent jusqu’à la fin, et la « fougue » qu’ils apportent à des jeux débiles.

 

 

La curiosité des « Créatifs » est multiforme et ils ne comprennent pas, en classe, pourquoi on les éloignerait de ce qui les passionne, sous prétexte que ce n’est pas au programme. Par contre, ils ne comprennent pas non plus pourquoi, il leur faudrait accepter une routine, une discipline, ou pire encore : des ordres qu’ils n’arrivent pas à saisir ! Ils ne sont pas sensibles aux arguments rationnels. Ils ne comprennent que la logique.

 

 

Un Surdoué normal, peut accomplir en seulement un an, trois années scolaires. Il peut être fort en  math, ou en littérature et médiocre partout ailleurs. Il ne sera pas doué en tout. Par contre   le « Créatif » possède un type d’intelligence original, non conformiste, moqueur, facétieux, gamin, gavroche. En un mot, sa définition est claire, c’est un Ovni. 

 

 

Le « Créatif » représente alors, sans doute, le type de tempérament et d’intelligence le plus utile à la Société. Et en même temps, c’est celui contre lequel tout le monde se ligue, car il « dérange ».

 

 

On peut facilement reconnaître le « Doué » en tout et en toutes circonstances, plus ou  moins doué pour les Sciences, en mécanique, pour les Arts, les Lettres, ou fort en botanique.    Mais le « Créatif », particulièrement inventif, frondeur, indiscipliné et chahuteur, est original     tout au long de sa vie. A l’école ce sont eux qui apprennent le plus vite et le plus aisément. Ils utilisent le bon sens. Ils retiennent facilement. Ils s’intéressent à des choses que les autres     enfants ne voient pas. Ils sont vifs, alertes, observateurs et réagissent à la vitesse de la lumière.

 

 

Ils survolent les pages d’un livre en le lisant en diagonale. Par contre, ils peuvent paraître complètement stupides, devant une explication qui semble claire à tout le monde, même à un pauvre demeuré, tout simplement, parce qu’elle se situe sur un plan général. Ils sont incapables de comprendre ce qui est flou. Ces situations les énervent. Ils peuvent crier d’angoisse ou de colère, avec une sensibilité exacerbée, et pourtant ils jouissent généralement, d’une excellente santé.

 

           

Ils n’ont pas le sens de la propriété, ni celui de l’argent. Ils ne connaissent donc pas la jalousie. Leurs sensations émotionnelles, restent pour toujours très infantiles. Ils seront pourtant et tout au long de leur vie, des inspirateurs de jeux, des chefs de bande ingénieux et entraînants. Ils ont un certain avantage.

 

                                                                                                                                                        

Comme ils font en quelques minutes et facilement, ce que le commun des mortels réalise avec peine en plusieurs heures, ils ont  beaucoup de temps devant eux, beaucoup plus      que leurs congénères.

                                                                                                                                                          

Du coup, ils utilisent ce temps libre, pour faire toute une série d’activités annexes qui, justement consistent, à entrer en rapport avec les autres pour chercher à les entraîner dans des actions originales, dont personne et même pas eux, ne peut soupçonner l’existence.

 

 

Cette percée dans un monde imaginaire tient au fait que ces sortes d’individus souffrent terriblement de ce monde actuel, confus, bruyant, cruel et vulgaire, avec lequel ils arrivent difficilement à communiquer.

 

 

La réussite dans les études n’est pas très brillante. Le trait caractéristique du « Créatif »,   est souvent la sensation d’être incompris. Il souffre de se sentir différent des autres. Cette manie   de vouloir se renseigner sans cesse sur la moindre nouveauté, cette volonté de se diriger soi-même envers et contre tous, son insuccès dans les univers conformistes, le forcent à compenser par une vive imagination, une flexibilité mentale et une intuition toujours en éveil.

 

 

Comme il n’y a pas de corrélation entre les tests de Quotient Intellectuel et ceux de créativité, on en arrive à penser que les deux types de tests ne mesurent pas la même chose. Certains QI élevés restent tout à fait stériles et incapables du moindre travail original. La plus grande différence souligne que le créatif place le sens de l’humour, en tête des qualités qu’il voudrait posséder. Face aux problèmes, ce sera l’attitude du joueur qu’il choisira. Cela peut aller jusqu’au canular.

 

 

Il a surtout besoin d’autonomie. Il fait preuve de persévérance face aux obstacles. Mais  leur plus grande qualité est la mémoire et surtout la façon de s’en servir pour y avoir accès. Cela fait ressembler le fonctionnement de leur cerveau, au classement informatique de la création des informations, réalisé par les IAP de Lisbeth mis en forme par Emilie.

 

 

--  Voilà la plus belle description de ton caractère, ma petite Bessie !  S’écrie Fred. Tu es comme ça depuis ta naissance…

 

 

Je me sentais gênée. Je me bloque si souvent lorsque je veux résoudre un problème. Il est vrai que je suis tellement têtue que je m’accroche. Mais je mets parfois des heures, des jours, des années pour arriver à la solution. Je suis tellement lente et bête, que tout le monde s’en rend compte. C’est ce que j’expliquais à Fred, mais il insistait.

 

 

--  N’oublie pas que tu as commencé à marcher à neuf mois. Tu avais dit « papa » à six mois, et tu as fait ta première phrase complète, avec un article, un verbe, un sujet et un adjectif, à dix mois. C’était, je m’en souviens : « Le petit chat est joli ».

 

 

Après tu inventais des jeux, des histoires. Tu nous faisais jouer des pièces de théâtre pour Noël. Tu fabriquais des cabanes dans les arbres, avec des ascenseurs à poulie. Tu écrivais des poésies à trois ans.

 

 

--  Je sais. Grand-papa m’en a gardé une. Elle est nulle.

 

 

--  Et puis, à dix ans, tu avais lu toute la bibliothèque du grenier. Et même TOUT Sade.

                                                                                                                                                        

--  Je ne vois pas où est la prouesse. En plus, c’était tellement rasoir, toutes ces dames stupides, avec des mecs dans des positions ridicules.

 

 

--  Oui, mais à quatorze ans, tu aurais pu avoir le Prix Goncourt ! Si tu avais voulu. Tu      te souviens de Timothy ? Et de cette aventure avec Gallimard ? 

 

 

Fred me faisait replonger presque vingt ans en arrière. Je me revois encore dans cette grande Bastide, sauvegarde de mon enfance…. à cette époque fatidique, qui voyait se terminer  tous ces jeux d’enfants. Mes petits camarades étaient en train de me délaisser pour des amies plus plantureuses. Mes jeux devenaient bien pâles, face à ces nouvelles distractions qui se présentaient   à eux : être amoureux, tripoter des seins naissants, des bouches inconnues, faire des bisous « avec la langue »…

 

 

J’avais essayé de leur proposer de découvrir avec eux, ces nouveautés relativement sans grand intérêt pour moi, sauf si l’on se penchait sur l’étude des réactions de chacun, après chaque proposition minime, chaque essai bref, instant après instant.

 

 

--  Je te touche l’oreille avec mon doigt. Qu’est-ce que ça te fait ? Et avec ma langue ?

 

 

Cela m’aurait intéressée de voir jusqu’où l’on peut aller dans l’inspection et l’introspection. Le cheminement trottinant m’aurait peut-être amenée à cet orgasme familier, que je pouvais déclencher si facilement, à tout moment, rien qu’en le décidant ?

 

 

Mais mon meilleur copain, le plus fidèle, le plus enthousiaste pour toutes mes folies, coincé un soir par moi sur le divan du grenier, après avoir failli craquer devant mon enthousiasme, s’était dégagé au moment où nos deux bouches allaient se rencontrer.

 

 

Je n’étais qu’une petite fille plate, sans forme, sans épanouissement, sans féminité, disons le franchement. Le refus m’avait déçue, mais pas trop. Ce nouveau jeu, le flirt, demandait la coopération du partenaire et surtout sa patience pour répondre à mes questions interminables sur les sensations suscitées par ce challenge : « Avoir le courage de trouver des réponses intéressantes à mes « pourquoi » incessants.

 

 

A cette époque là, je me suis retrouvée seule, avec pour derniers copains de jeu, Mi-Jo, Candice et Colette. Trois filles de mon âge, aussi peu avantagées que moi sur le plan femme et pour tout dire, retardées par la timidité pour les deux premières et par une allure de garçon manqué, pour la dernière.

 

 

J’attaquais l’adolescence, dans la catégorie « Stand by ». C’est alors que Timothy fit son entrée dans ma vie, en tant que compagnon littéraire. Je n’en avais encore jamais rencontré. Cela manquait à ma panoplie. Ce fut un coup de foudre intellectuel, intense, mais court. C’est drôle, mais je m’en souviens encore.

 

 

 

 

 

 


27/06/2011
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