L\\\'Enfant qui venait du futur

Bess et ses amis de la Forêt du Faron.

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Bess et ses amis de la Forêt du Faron.

 

          Tous les animaux du Faron étaient les grands amis de la petite Bess d’autrefois. Avec eux, elle pouvait combattre les cruels « Puants » qui voulaient mettre leur griffe sur la belle Montagne, source de vie, de bonheur et de fêtes. En effet, personne ne peut rivaliser avé l’astuce de ces bestiaux capables de piéger les mauvaises engeances.

 

          Il suffirait que Bess leur demande de chasser de la Colline magique, tous ces horribles Personnages, voulant mettre la terre entière à feu et à sac, pour que toute la gent animale se mobilise et les expulsent, sans qu’ils puissent se défendre.

 

          Ce Bestiaire a pour arme redoutable, toutes les finesses qui peuvent se concevoir au pays des fées. Ce qui fait qu’on ne peut jamais les attraper. Ils les utilisent déjà pour ridiculiser le chasseur, qui est toujours un estrangersse d’ailleurs, jamais un Faronais. Ils peuvent donc et à plus forte raison, pour s’en servir pour éjecter les indésirables.

 

          Rien que d’écouter Granie, contant les facéties de ces bêtes, on comprend que leur savoir faire est illimité. On a par exemple dans la panoplie, le Hérisson et sa dame la Hérissonne. Y sont si tant pareils comme des jumeaux, que le chasseur qui les pourchasse, se croit bourrer et pense qu’il voit double. Alors là, y se couche, avé le fusil à côté de lui, pour se faire la siestoune, en attendant de se dessoûler. Quand y se réveille, le jour est tombé et il a plus qu’à rentrer chez lui, sans avoir tué de bêtes faronnaises. Comme d’habitude.

 

          Il y a aussi dans le programme, Grandes Dents Carrées, dit Jeannot le lapin aux longues oreilles, capable de rendre un clerc de notaire aussi fada que le rusé Renard qu’il a roulé dans la farine, le jour qu’il l’a ridiculisé en le faisant tomber dans la bassine pleine de glue. Depuis, le pôvre fada court toujours les sentiers, la queue entre les jambes, avé sur le bout de la truffe, le morceau de gamelle qu’il se trimballe pour l’éternité.

 

          On ne peut pas les citer tous… Tous ces futés, si esstraordinaires que les légendes les glorifient pour l’éternité. Il y a le Chevreau Doré, la Lièvre du Faron, le Scargot, dit l’Escargot géant d’au moins deux mètres, et le Sphinx bien sûr. Sans oublier les trois cents soixante cinq diaboliques  oiseaux faronnais, un pour chaque jour de l’année.

                                                                                                                                               

          En n’en citant que les meilleurs, on a aussi le Monte Chien que, quand tu le vises, y s’accroche aux oreilles de ton épagneul favori qui hurle, et part en courant en remuant la tête.    Alors tu peux pas tirer, sans risquer d’abattre le Kiki, en même temps que l’oiseau maudit.

 

          Tu as aussi le Futifu ou Mange Menu. Alors ça, c’est une bête si menue menue  parce qu’elle mange rien, que seul le déplacement d’air de la balle du fusil, l’envoie au diable tellement il est léger comme une pampille. Ah, je vais te parler aussi du Vire Peire. Là c’est un oiseau que dès qu’y voit le chasseur, y se met à tourner à toute vitesse autours d’une pierre. Si par malheur tu tires sur lui, tu te reçois la  caillasse en éclat, jusque dans les lunettes !

 

          Et la Poule du Diable, dite la Poupoule ? Elle ne sort que le jour de la Toussaint pour insulter tous les être malfaisants qui cherche à tuer avé le fusil, tout ce qui bouge. Alors elle les insulte avé tous les gros mots que Satan lui a appris :

 

          --  Cagole, Estragasse, Couille Sèche, Pute Borgne, et bien d’autres qu’on peut pas répéter ici… Et elle le fait avé tant de violence, que té, y te prend les trois sueurs et que t’as plus qu’aller rentrer te coucher… 

 

          Vé, pendant qu’on y est, parlons donc aussi de Lou Tchatchou. Celui qu’on appelle le Beau Parleur… té, celui qui a la tchatche… Alors là, c’est une bête qu’y faut l’éviter à tout prix. Comme dit Granie lorsqu’elle cite le dicton provençal, « Bouan avocat ? Marri vesin ». En bon français, « Bon avocat, mauvais voisin », et que si tu as la malchance de le rencontrer, cet oiseau de malheur, ta journée de chasseur, celle du lendemain, et celles d’après, sont foutues ad libitum.

                                                                                                                                                           

          C’est une horrible bestiole habillée de noir comme un prédicateur. Il se précipite de lui-même sur le chasseur dès qu’il en voit un, pour lui faire la conversation morale. Il va le raisonner en parfait patois, qu’il se permet même de traduire en vrai français, ou encore en Provençal, cette langue si parfaite, interdite par le Roi de France quand il a épousée Marguerite de Provence. Et c’est alors que Lou Tchatchou déploie sa verve :

 

          --  C’est MAL de tuer les oiseaux inoffensifs pour le plaisir ! ! Si c’est par famine, alors OK, C’est légitime survie. Mais alors pour s’amuser ! Malheureux ! Tu devrais avoir honte de faire ça ! Tu mérites l’enfer. Tu devrais avoir des cauchemars toutes les nuits ! Je te maudis, toi, ta famille, tes amis et tous les tiens jusqu’à la treizième génération ! Que tous les êtres vivants de cette forêt te maudissent avec moi ! Pense donc à ta cruauté immonde… Pense à notre souffrance, à la douleur des oisillons orphelins, à la détresse des veuves…

 

          Dis vite arrière à Satan, pendant qu’il en est encore temps  ! !

 

          A la fin, le malheureux tout estranciné, vaincu par la plaidoirie, tombe le fusil et songe à rentrer dans les ordres. Je ne conseille à personne, disait Granie de croiser ce volatile, ni non plus sa cousine la Chiqueuse, dite Chica ou Grive des Vignes. Elle est encore pire, pour le tympan que Lou Tchatchou.

 

          Le nom de cette oiselle vient de « Chica », qui veut dire piailler. Elle bavarde si vite, plus vite, beaucoup plus vite que les vieilles bigotes de Monsieur le Curé, dès qu’elles ont une médisance sous la langue. Le temps que le chasseur met à chercher à piger ce qu’elle raconte… chlafff… elle est déjà repartie. C’est pourquoi personne y peut jamais faire le gros racontar qu’il l’a tirée avé la carabine. Y a pas de preuve !

                                                                                                                                                            

          Et dans le même ordre d’idée, on trouve leur cousin, qu’on appelle Lou Stride Tympan.

 

          Ah çà c’est le plus dangereux… C’est un oiseau qui te vrille tant l’oreille avé son sifflet, que la membrane te saute illico ! Et sans l’oreille interne, comment le viser. Y faut attendre que l’O.R.L.    y te la reconstruise à force de traitement non remboursé par la Sécurité Sociale.

 

          En attendant, il reste plus qu’à l’Achachi, c’est à dire le chasseur, cet assassin de tous les  gibiers à plumes, à poils, et même à coquilles, comme le Scargot ou la Crevette de rocher frétillant dans l’eau de pluie que le Faron a reçu exprès pour elle dans une anfractuosité de la roche, entre deux herbes sèches…. Y reste donc plus à ces immondes Achachis, qu’à renoncer fissa à toute chasse ou même promenade sur cette colline, si tant pleine de bestiaux méritant de faire partie de l’intelligentsia mondiale.

 

          En attendant de raconter les exploits du Hibou Vert, du Gala Pastré, du Moineau Moqueur, ou du Faux Demi Pintadon, rappelons nous que toutes les soirées que Granie organise pour parler de la vie méridionale passée, se terminent toujours par des chansons, et surtout par l’hymne national de notre beau midi, aux paroles transcendantes :

 

          --  Ciel, ciel, conserve nous, Ollioules, Toulon, la Seyne et la Valette… Ciel, ciel, conserve nous, ce beau pays où poussent les caillouxes, ce beau pays que nous aimons tant tous…

 

          Les couplets précisent bien les consignes à suivre pour que le ciel écoute tout à fait, et n’oublie rien ! C’est à dire :

 

          --  S’il faut, Mon Dieu, pour que la France vive, brûler Paris… bien nous le brûlerons. S’il faut détruire la Corse et la Bretagne, et bien Mon Dieu, nous vous les détruirons… Mais Ciel, Ciel, conserve nous, Ollioules, Toulon, la Seyne et la Valette… Ciel, ciel conserve nous, ce beau pays où poussent les caillouxes, ce beau pays que nous aimons tant tous.

 

          Et cela peut aller jusqu’à l’Europe, l’Asie, l’Afrique, l’Amérique… s’il faut les supprimer ? Et bien nous les supprimerons…

 

          Mais Ciel, ciel…. Et on comprend bien cette prière faite pour notre paysse moco, si tant aimé dans sa préciositude.

 



10/05/2012
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